Quand l’affaire Panama Papers vole la vedette

L’affaire Panama Papers a sérieusement déteint sur la réunion de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), tenue hier à Alger.
M. Kebci – Alger (Le Soir) – C’est ce que la presse des deux rives a relevé, hier, considérant à l’unisson que l’affaire de la fameuse photo du président de la République publiée, la semaine dernière, par le quotidien français Le Monde, pour «illustrer» sa citation du ministre de l’Industrie et des Mines, A. Bouchouareb, dans l’affaire Panama Papers et la tension diplomatique qui s’en est suivie, ont considérablement déteint sur le contenu de ce sommet programmé depuis longtemps. 
C’est ainsi qu’El Khabar a estimé que cette affaire qui a charrié le boycottage de la majorité des médias français de la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, a ombragé le contenu de la réunion de cette 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN). Car pour le quotidien arabophone, les discussions tournaient beaucoup plus sur cette nouvelle tension médiatique et diplomatique entre les deux pays qu’autour des projets de partenariat et les accords devant être paraphés à l’occasion. 
Et de relever que d’aucuns s’interrogent si cette crise est passagère ou si les impacts de ce boycottage ne sont pas encore apparus et sont à même d’empoisonner les relations bilatérales. Surtout, note El Khabar, que Paris a «réglé son horloge sur les élections présidentielles de l’année prochaine et que, donc, «cette crise pourra constituer un handicap pour le locataire de l’Elysée, probable candidat à sa propre succession». 
El Watan s’interroge, pour sa part, si cette réaction colérique d’Alger, qui a refusé les demandes de visas à des journalistes français, pouvait être la conséquence du seul fait lié au traitement médiatique de l’affaire Bouchouareb, rattrapé par le scandale Panama Papers. Ceci non sans faire remarquer que «tout le monde sait que de nombreuses personnalités et des membres du gouvernement algérien détiennent et ont érigé, dans des circonstances douteuses, des fortunes en France sans que cela fasse scandale» et qu’il n’était pas indiqué de croire que «cette colère trouve son explication dans la position française vis-à-vis de la question sahraouie» puisque le «Maroc est pour la France ce qu’est Israël pour les Etats-Unis d’Amérique». Et à El Watan de situer les raisons «ailleurs», évoquant la «guerre de succession» à Abdelaziz Bouteflika en 2019, puisque, explique-t-on, la «France s’inquiète pour l’avenir de ses affaires».
Du côté de l’Hexagone, le Journal du Dimanche a relevé, de son côté, que les relations entre la France et l’Algérie étaient entrées dans une phase d’apaisement avec l’élection de François Hollande. Ceci avant que de nouvelles tensions n’apparaissent cette semaine, avec l’affaire des «Panama Papers» qui a, selon lui, ouvert un nouveau front. L’Algérie a décidé, en représailles au quotidien Le Monde, de refuser d’accréditer des journalistes du Monde et du Petit Journal de Canal+ à l’occasion de la visite de Manuel Valls à Alger ce week-end.
Cela dit, le Premier ministre français a affirmé privilégier la «relation stratégique» entre Paris et Alger dont «rien ne doit nous faire dévier», malgré l’affaire de ces visas refusés aux journalistes français. Valls a, par ailleurs, assuré «n’avoir jamais envisagé l’annulation de sa visite», estimant que Alger et Paris «partagent sur bien des sujets une vision commune» et que «l’amitié entre l’Algérie et la France dépasse les petits problèmes», allusion à cette histoire de visas refusés à des journalistes français devant accompagner Valls dans sa visite à Alger. 
M. K.

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