Hollande tenté par un autre son de cloche ?

Des lobbys français parasitent la question du Sahara occidental

Le Premier ministre français Manuel Valls n’a pas hésité à rappeler avant-hier à Alger la position inchangée de la France par rapport au dossier du Sahara occidental. 
Et il le dit devant le Premier ministre Sellal : « La France reste fidèle à ses positions et prend ses responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies », déclare-t-il. Mais ce qu’il ne dit pas surtout, c’est que la France n’appuie pas, en tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU, la résolution 1514 de l’Assemblée généraleportant sur l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui. C’est bien le véto français qui bloque les avancées sur ce dossier depuis des années. 
La France s’est penchée du côté de la thèse marocaine qui préconise un plan d’autonomie des territoires occupés, et fait le choix d’appuyer la position marocaine et le plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007. Le Président François Hollande n’adhère pas totalement à la position française sur le sujet. Mais de puissants lobbys ayant des intérêts au Maroc font pression et parasitent toute autre approche que celle défendue par le Maroc. Le Président français serait, dit-on, partagé entre une consultation des populations par voie référendaire et la fidélité aux engagements de la France, défendus par l’Elysée depuis Giscard d’Estaing en 1975, lorsqu’il a pris fait et cause pour le Maroc. « Toute amélioration durable de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf nécessite toutefois un règlement juste et durable du conflit. La France considère que le processus politique doit rester la priorité », ne cesse de dire le Président Hollande. Mais cela fait plus de vingt ans que « le processus politique est la priorité », et que la France met son veto au Conseil de sécurité de l’ONU à tout ce qui pourrait ressembler à un début de pression sur le Maroc pour qu’il accepte l’application du droit international, à savoir la mise en œuvre d’un référendum d’autodétermination pour les Sahraouis. Pourtant la Cour internationale de justice avait relevé dans ses attendus le 16 octobre 1975 sur le Sahara occidental que les éléments et renseignements portés à sa connaissance « n’établissent l’existence d’aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental d’une part, le royaume du Maroc ou l’ensemble mauritanien d’autre part. La Cour n’a donc pas constaté l’existence de liens juridiques de nature à modifier l’application de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale des Nations unies quant à la décolonisation du Sahara occidental et en particulier l’application du principe d’autodétermination grâce à l’expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire ». Le Maroc réussit à faire croire depuis quelques années que le référendum d’autodétermination « n’est pas possible » pour des raisons techniques de recensement du corps électoral. Or, un membre de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) l’américaine Kathleen Thomas, chargée des questions juridiques, déclare avoir contribué, en 1995, aux négociations sur les critères d’éligibilité, agréés par les parties au conflit, au référendum d’autodétermination, et avoir participé, en 1999, à la publication de la liste des électeurs. 
Elle a confié qu’elle est venue témoigner devant la Commission de décolonisation de l‘ONU « dans le souci de dissiper le mythe selon lequel le référendum ne pouvait pas avoir lieu en 2000 pour des raisons pratiques ». Elle confirme pourtant que la seule raison pour laquelle ce référendum n’a pas eu lieu, « c’est la décision du Maroc de se retirer du processus, parce qu’il a craint que les électeurs sahraouis se prononcent pour l’autodétermination ». Ainsi l’argument utilisé constamment par le Maroc tombe en désuétude. Et malgré cela, la France et d’autres pays comme l’Espagne continuent à soutenir la position marocaine en dépit de la résolution onusienne.
Dans le même temps, les autorités algériennes ont changé depuis de méthode en rendant plus visible la position algérienne. Que ce soit Lamamra avec Jean Marc Ayrault ou Sellal avec Manuel Valls, les deux responsables ont évoqué la question du Sahara occidental devant leurs homologues français, ce qu’ils ne faisaient pas auparavant. Sellal a parlé d’un débat « franc et fort » sur la question du Sahara occidental, principal point de discorde ces derniers jours entre les deux gouvernements. Est-ce le début d’un tournant sur cette question ? Les responsables politiques, en France, ont les moyens, et la responsabilité, de contraindre le Maroc à accepter l’organisation d’un référendum d’autodétermination, seule réponse juste à la question sahraouie.
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