Dans un rapport classé confidentiel et adressé au Conseil de sécurité ce lundi 18 avril, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a une nouvelle fois réagi à la décision du Maroc qui a expulsé la plupart des experts civils expatriés de la mission de l’ONU au Sahara Occidental (Minurso) et fait fermer un bureau de liaison militaire empêchant la mission de fonctionner. Cette décision avait été prise en représailles contre la déclaration faite par Ban Ki-moon lors d’un voyage dans la région, début mars, qui a fait état de l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc, des propos qui avaient fortement irrité le Makhzen. Dans son rapport au Conseil de sécurité, dont Algeriepatriotique a pu obtenir une copie, Ban Ki-moon s’est dit «très profondément préoccupé» par l’environnement de sécurité dans la zone de fonctionnement de la Minurso, qui est susceptible de continuer à se détériorer et va encore aggraver les limitations existantes imposées aux activités de surveillance de la Mission. Il attire l’attention sur le risque d’une rupture de la trêve et la reprise des hostilités avec une escalade vers une guerre à grande échelle qui vont croître de manière significative dans le cas où la Minurso est forcée de quitter ou se trouver dans l’impossibilité d’exécuter le mandat que le Conseil de sécurité lui a confié. Il estime que les expulsions décidées par Rabat pourraient être exploitées par des éléments radicaux et terroristes et ainsi menacer la stabilité de la région. Il souligne que «l’expulsion de la plupart des composantes civiles internationale de la Minurso a essentiellement donné lieu à la modification de facto du mandat de la Mission». Ban Ki-moon insiste sur le fait que les composantes militaires et civiles de la Mission sont complémentaires. Les militaires, précise-t-il, créent une situation favorable sur le terrain pour permettre au processus politique d’aller de l’avant, et tous comptent sur le soutien civil à la fonction, selon les besoins. Il met en garde le Maroc qu’«au-delà des conséquences opérationnelles aiguës créées par cette situation, l’incapacité continue de la Mission d’exécuter ses tâches prescrites est en elle-même pas viable et entraînerait, à court et à moyen terme, des conséquences importantes pour la stabilité de la région ainsi que pour la crédibilité des opérations de maintien de la paix du Conseil de sécurité et des Nations unies et les missions politiques à l’échelle mondiale». Le secrétaire général de l’ONU demande au Conseil de sécurité de rétablir et soutenir le rôle de la Minurso et faire respecter les normes de maintien de la paix pour éviter de créer un précédent préjudiciable aux opérations de maintien de la paix menées par l’ONU à travers le monde. Sans une composante civile internationale appropriée et entièrement dotée en personnel, écrit-il, la Mission ne peut remplir ses fonctions et ne pourra répondre aux attentes du Conseil de sécurité. Pour Ban Ki-moon, il n’y a toujours pas de véritables négociations et l’état définitif du Sahara Occidental reste à déterminer. Il estime que le temps est venu d’engager des négociations sérieuses, sans conditions préalables et de bonne foi, pour aller vers une solution politique qui doit inclure la résolution du différend sur le statut du Sahara Occidental. Le rapport transmis lundi au Conseil de sécurité sera examiné le 27 avril.