Hier matin, les militants du Polisario et les cadres de la Rasd, toujours assidus et nombreux dans la salle de conférences de l’université M’hamed-Bougara de Boumerdès, abordaient le cinquième jour de leur université d’été qu’organisent les deux instances politiques citées plus haut.
Les participants ont suivi, dans la matinée, deux conférences. La première a été animée par le professeur Makhlouf Sahel, chercheur, politologue, juriste et enseignant à l’université d’Alger 3. Elle portait sur «la sécurité régionale dans le Maghreb et ses implications sur la question du Sahara occidental».
L’intervention du professeur Sahel s’articulait sur les trois corrélations qui existent entre les impératifs nécessaires à la sécurité et la stabilité régionales et cette situation anormale que vit le peuple sahraoui. «C’est un processus de décolonisation qui dure depuis trop longtemps», dira-t-il. Dans son développement, le conférencier a abordé trois volets qu’il estime essentiels pour la région. Le premier axe portait sur l’aspect théorique de la sécurité régionale. Les différentes menaces qui pèsent sur l’espace géographique du Maghreb et les enjeux dans cette région ont été également exposés à l’assistance. La relation qui existe entre la sécurité dans la région du nord/ouest de l’Afrique et la question du Sahara occidental est, enfin, l’ultime thème abordé par le conférencier qui arrivera à la conclusion qu’il qualifie d’essentielle : «On ne peut pas parler de stabilité et de sécurité régionales sans qu’il y ait une résolution juste et durable de la question du Sahara occidentale qui est, singulièrement, une question de décolonisation qui a trop duré.» Pour lui, il est «extrêmement important pas seulement pour assurer la stabilité régionale laquelle est étroitement liée à la stabilité et la sécurité internationales. «De ce fait, je crois qu’il est nécessaire et qu’il est important que les Nations-Unies puissent assumer leurs responsabilités dans ce dossier. Le premier concerné à cet effet est le Conseil de sécurité de l’ONU qui est habilité, conformément aux dispositions de la Charte des Nations-Unies, à sauvegarder et assurer la paix et la sécurité à travers le monde. Partant de ce fait, il est impératif que le Conseil de sécurité ne se contente plus de gérer cette question mais plutôt d’agir dans le sens de proposer une solution et de résoudre durablement le problème, et ce, en accord avec les résolutions et les dispositions prises par cet organisme et celles qu’édicte le Droit international.»
A la fin de sa conférence, nous avons abordé le professeur pour le questionner sur le contenu de son exposé et la qualité des débats. «J’ai noté un intérêt significatif par rapport à ce qui a été soulevé dans la conférence. Je n’ai pas noté de l’inquiétude parmi mon auditoire, j’ai par contre relevé plutôt de la sérénité dans les interventions», nous a affirmé le professeur. Et de témoigner sur l’abnégation des participants autour de leur cause, dévouement qui se découvre à travers la participation aux débats et la qualité des questions. «Depuis 5 ans que j’anime des conférences lors des universités d’été du Polisario, j’ai remarqué la présence constante des participants aux conférences qui montrent un intérêt accru à toutes les thématiques diverses et variées développées.» Revenant sur le contenu de sa conférence, le professeur nous a avoué qu’elle a suscité un intérêt particulier du fait qu’elle a associé la problématique de la sécurité régionale à celle de la décolonisation. Nous l’avons prié d’énumérer les menaces qui pèsent justement sur l’ouest du Maghreb. S’il persiste, le conflit au Sahara occidental est un éventuel gisement d’instabilité et d’insécurité. Il y a d’abord cette menace qui perdure depuis 40 ans et qu’il est urgent de résoudre pas seulement pour la perturbation qu’elle engendre aux pays de la région mais pour toute la composante de la communauté internationale, à leur tête le Conseil de sécurité qui doit, à mon sens prendre ses responsabilités pour agir dans le sens de toutes les résolutions et les décisions qui sont issues des organes onusiens. Je pense que tant que la question sahraouie perdure, la crédibilité sera entachée.»
Par la suite, le professeur Sahel identifie avec précision trois menaces principales que pourrait faire naître ce conflit. «J’ai dit dans ma conférence que tant que cette situation de colonisation existe, la menace pèsera sur la région. La menace du terrorisme pèse sur l’espace géopolitique maghrébin. Il y a, en outre, et c’est une évidence, le risque d’interconnexion du terrorisme avec le grand banditisme et le crime organisé. Avec leurs diverses facettes transnationales, le terrorisme et la grande criminalité, une fois interconnectés seront plus complexes donc plus difficiles à combattre. Ils constituent une menace grandissante sur la stabilité et la sécurité de la région. N’omettons pas de rappeler que l’immigration clandestine est aussi une autre menace réelle.»
Le professeur clôtura notre bref entretien sur une note optimiste en affirmant que l’Histoire est juste avec les causes justes comme elle le sera avec celle des Sahraouis. Le second conférencier à intervenir est Slimane Chenine, directeur du journal Erray, qui a animé une conférence intitulée «La communication et les aspects du discours politique». Selon lui, les communicants sahraouis doivent utiliser des symboles simples pour relater leurs faits et gestes à des gens simples. Il explique la portée de ce message. «Avec des thèmes comme la vie difficile d’un orphelin ou les problèmes que rencontre une mère de famille dans un camp de réfugiés, on touche mieux la sensibilité de l’opinion publique. C’est meilleur que le discours d’un dirigeant politique. Par ailleurs, les jeunes Sahraouis doivent redoubler d’efforts pour lever l’amalgame entretenu par le Maroc disant que le conflit sur le Sahara occidental est entre l’Algérie et le Maroc.»
Abachi L.
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