Plusieurs milliers de personnes ont manifesté encore à Al-Hoceima, dans le nord du Maroc, lundi soir, pour protester contre la mort tragique de Mouhcine Fikri, vendeur de poisson broyé par le mécanisme d’un camion-benne alors qu’il tentait de sauver sa marchandise saisie.
«Les protestations étaient organisées au niveau de la place Mohammed-VI», a rapporté le magazine marocain TelQuel mardi, expliquant que «la manifestation qui a débuté à 17 h par des collégiens et des lycéens a grossi au fil des heures, à la faveur de l’arrivée d’autres manifestants, essentiellement des jeunes». «Beaucoup de manifestants scandaient des slogans contre la corruption et la prévarication. Beaucoup de slogans sont en rifain. Des manifestants ont choisi aussi de défiler avec des bougies pour rendre hommage à la mémoire de Mouhcine Fikri», selon la même source. Plusieurs milliers de manifestants ont défilé également de l’avenue Abdelkrim-Khattabi, en passant par l’avenue Hassan-II, puis l’avenue Mohammed-V avant de revenir à la place Mohammed-VI, épicentre des protestations.
Des appels à une «enquête transparente»
Munis de portraits du «héros du Rif», Abdelkrim Khattabi, ils ont scandé plusieurs slogans : «Mouhcine sois tranquille, nous poursuivrons la lutte», «Marche pacifique, pas de pierre, ni d’arme blanche», et ce pour souligner le caractère pacifique de leur mouvement de protestation. Le comité d’organisation de la manifestation a appelé à une «enquête transparente» concernant l’affaire Mouhcine et aussi à ce que «tous les responsables de sa mort soient punis».
La marche s’est déroulée sans heurts, selon les médias locaux qui indiquent que les organisateurs ont appelé les manifestants à revenir le vendredi pour poursuivre le mouvement de protestation. La veille, des milliers de personnes ont participé à son enterrement, puis se sont rassemblées dans la soirée dans le centre d’Al-Hoceima, cité côtière d’environ 55 000 habitants. Des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif, mais aussi à Casablanca (ouest), Marrakech (centre-ouest) et Rabat, aux cris de «Nous sommes tous Mouhcine».
L’ONU préoccupée par la situation
Au cours de son point de presse quotidien, le porte-parole de Ban Ki-moon, Stéphane Dujarric, a indiqué que l’ONU suit la situation de près au Maroc, où une vague de contestations s’est propagée dans tout le pays après la mort tragique du vendeur de poisson. «Nous surveillons évidemment la situation», a-t-il dit. Dujarric s’est abstenu cependant d’établir des similitudes entre ce drame et l’événement rappelant le décès en 2010 de Mohamed Bouazizi, un vendeur de fruits qui s’était immolé par le feu en Tunisie, qui a été à l’origine des manifestations pro-démocratie du «printemps arabe».
Les manifestations se poursuivent dans tout le pays pour dénoncer la «hogra» et l’arbitraire à une semaine de l’ouverture à Marrakech de la Conférence sur le climat, la COP 22, et à laquelle devrait prendre part le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, mettant sous pression les autorités marocaines qui tentent d’éteindre le feu qui couve dans tout le pays.
Dujarric a rappelé à ce titre que la visite du chef de l’ONU au Maroc sera axée sur les activités de la COP 22, en indiquant que l’ONU annoncera prochainement les rencontres bilatérales entre Ban Ki-moon et les responsables marocains, prévues en marge de cette conférence.
R. I.
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