Site icon Maroc confidentiel

Nouveaux codes

Moncef Wafi Publié dans Le Quotidien d’Oran le 23 – 05 – 2017
Jean-Pierre Raffarin, de passage à Alger pour faire la promotion du candidat du parti Les Républicains pour la 9e circonscription des Français de l’étranger, a beau rassurer sur l’excellence des relations entre Paris etAlger, mais le doute s’est déjà installé sur les véritables intentions de Macron concernant sa vision de ces mêmes relations. 
Les quelques jours qui ont suivi son investiture ont suffi à relativiser la déclaration de Lamamra sur le nouvel «ami» de l’Algérie à l’Elysée. Le traitement de la candidature de Leïla Aïchi, sénatrice de Paris, membre du Modem, aux législatives dans la 9e circonscription des Français établis à l’étranger, a donné un aperçu sur l’avenir des relations bilatérales, ou du moins du point de vue du nouveau président français.
Macron, s’il ne s’est pas rallié aux desiderata marocains sur le Sahara occidental, il a écarté une quelconque intention de revisiter la position française concernant ce dossier. Les derniers propos du locataire de l’Elysée depuis le Mali sur le rôle de l’Algérie et la lutte contre le terrorisme au Sahel invitent aussi à la réflexion sur le partenariat entre les deux capitales version Macron. Ce dernier avait assuré qu’il ferait preuve d’une «exigence renforcée» concernant l’application de l’accord d’Alger sur la paix au Mali, mettant en avant la présence militaire française dans la région. «Moi, j’ai nos hommes qui sont là, j’en ai la responsabilité, j’en réponds devant les Français et leurs familles», déclarera-t-il sentencieusement.
Si les observateurs y ont vu une allusion directe à l’implication algérienne dans le conflit malien, Raffarin, lui, croit savoir qu’il n’y a pas «une quelconque attitude de distance». Cependant, tout porte à croire qu’une nouvelle ère s’ouvre dans les relations entre Alger et Paris du fait même de la reconfiguration du mode de gouvernance en France.
Avec un président qui n’est pas issu des partis politiques traditionnels, et de ce fait ne fonctionne pas avec les mêmes vieux réflexes, Alger doit s’adapter à ces changements et réactualiser ses données en injectant du sang plus frais dans ses veines relationnelles.
En effet, difficile de ne pas parler de conflits générationnels dans le couple algéro-français quand la différence d’âge, et donc de perception de la politique et de ses exigences actuelles, est flagrante. Avec l’arrivée de Macron et de son équipe hétéroclite au pouvoir, les codes vont forcément changer et l’Algérie devra s’y accommoder au risque de se retrouver vraiment isolée.
Quitter la version mobile