De Gdeym Izik à Sidi Bouzid : la victoire du peuple sahraoui est inéluctable

Le 8 novembre 2010, le gouvernement marocain donna l’ordre à ses forces de sécurité de démanteler le camp de Gdeym Izik, installé quatre semaines auparavant à 15 km d’El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental pour protester contre la déterioration de leur niveau de vie.

L’assaut contre ce camp marqua une nouvelle étape dans les politiques des USA et de l’UE envers le Maroc. Etant donné que le conflit du Sahara Occidental se place au premier rang des priorités marocaines, l’opinion internationale est devenue plus que jamais avec Rabat. Par conséquent, toute une série de facteurs sont devenus la base sur laquelle les nouvelles règles d’engagement politique sont amorcées.

Jusqu’à l’agression de Gdeym Izik, les soulèvements dans les territoires occupés étaient considérés comme une affaire interne du Maroc. En maintenant un contrôle stricte sur les habitants de la région, Rabat réussissait à contrôler la diffusion médiatique qui pouvait éventuellement endommager l’image du Maroc. Similaire à l’occupation israélienne de la Cisjordanie palestinienne, le gouvernement marocain contrôle entièrement l’accès au Sahara Occidental en empêchant l’accès des journalistes et des représentants d’organisations internationales au territoire.

Les affrontements de la population aux forces de sécurité entamés au Camp de Gdeym Izik, se sont avérés un tournant dans l’histoire du conflit entre les sahraouis et le Maroc. Ce qui était une manifestation pacifique contre le chômage et les lacunes des services sociaux est devenu un affrontement à grande échelle entre les forces de sécurité marocaines et les campistes de Gdeym Izik, aboutissant à la mort de 10 policiers marocains, selon des sources officielles marocaines, et de deux sahraouis, en plus de l’arrestation de plus de 163 sahraouis.

Les sahraouis jouissent du plein soutien de l’Algérie et de sa défense du principe d’autodétermination. La société espagnole aussi apporte une grande aide à leur cause. Par contre, les relations avec les USA et l’UE sont encore en essai, parce que le Maroc, comme d’autres régimes autoritaires, ont utilisé la “guerre contre le terrorisme” comme excuse pour attirer le soutien politique et financier de l’Occident sur le dos du peuple sahraoui.

Depuis son lancement, la guerre contre le terrorisme a remplacé la question des droits de l’homme en importance. Et cela, à son tour, a permis le Maroc de crier à une éventuelle montée de la menace islamiste dans le désert du Sahara. Rabat s’est aussi présenté comme un associé clef dans la guerre contre le terrorisme dans la région, lui permettant de renforcer ses relations avec les USA et l’UE. Ainsi, l’Occident a essayé relativement d’imposer le plan d’autonomie marocain pour le Sahara Occidental, et accepta que Rabat serre l’étau sur le territoire sahraoui. Mais après Gdeym Izik, des voix lourdes dans le monde ont condamné cet acte et ont fait allusion à sa répercussion sur les relations avec Rabat tant au niveau politique qu’économique.

Ces voix ont été jointes par des personnalités importantes dans le monde du politique et des affaires qui, à cause du faible progrès des droits de l’homme au Maroc, en plus de la corruption effrénée, ils trouvent de plus en plus difficile l’engagement avec ce pays. Dans un câble récent de WikiLeaks, un homme d’affaires avait constaté que: “Les pratiques de corruption existaient durant le règne de Hassan II. Elles se sont institutionnalisées avec le roi Mohammed VI.”  D’autres âbles donnent l’image d’une pratique répandue dans le royaume, qui concerne les civils comme les militaires, ignore les classes sociales et touche jusqu’au palais royal. Plus grave encore, celui-ci est directement impliqué dans le trafic de drogue.

Très peu de temps après les incidents de Gdeym Izik et les affrontements à El Aaiun, la commissaire européenne pour la Pêche, Maria Damanaki, demanda au gouvernement du Maroc des preuves que les sahraouis profitaient de l’argent accordé au Maroc en vertu de l’accord de pêche qui expire le 27 février 2011. Etant donné que les preuves présentées par les autorités marocaines ne sont pas convaincantes, la commissaire européenne envisage d’autres options telles que la limitation de l’accord aux eaux territoriales marocaines reconnues par la communauté internationale.

L’écrasement du Camp de Gdeym Izik suivi du refus marocain d’une enquête internationale ont porté une atteinte grave à la fausse image que le Maroc avait forgé grâce au soutien du gouvernement et des médias français.

A cela vient s’ajouter un nouveau facteur d’une importance extrême : la révolution tunisienne qui a bouleversé l’image des sociétés arabes et des dictatures soutenues par l’Occident. Une révolution qui a fini avec le mythe du rempart contre le terrorisme et a rapproché l’Occident des peuples en détriment des régimes.

Tous ces évènements arrivent à un moment crucial dans les négociations décisives prévues pour le mois de mars prochain où le Maroc est condamné à faire un tournant spectaculaire au risque de perdre plus que des accords et des concessions économiques.

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