Bilan décevant de la manifestation d’Alger du 12 février 2011

Si Mourad.
Le compte rendu entendu ce matin.
Amitiés
Envoyé de mon mobile
Début du message transféré :

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Objet: Synthèse
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Bonjour,
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La manifestation d’aujourd’hui samedi 12 février a été empêchée et n’a pas eu l’impact souhaité.
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Mais elle a réalisé son objectif principal : placer l’Algérie sous le regard international comme la prochaine dictature arabe à renverser.
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Ce constat est capital !
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L’objectif a été réalisé malgré le fait que le nombre de manifestants n’a pas excédé 5000 et que la marche ait été empêchée.
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Le succès de cette manifestation ne reposait pas sur le nombre de manifestants ni même sur la réussite de la marche.
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On savait que le combat allait être inégal.
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Le régime d’Alger a mobilisé 35 000 policiers et « dopé » les forces de sécurité en augmentant les salaires de 50% en décembre.
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On savait que le nombre de personnes n’allait pas excéder 5000 et qu’il n’y allait pas avoir la réussite de la manifestation selon les « normes » tunisiennes et égyptiennes pour une raison principale : C’est une marche d’élites et non des catégories populaires.
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Les catégories populaires ne se sont pas senties concernées par cet appel à la manifestation d’abord en raison du climat de la peur et chantage qu’a exercé le pouvoir sur la population à travers les médias lourds qu’il détient majoritairement et les mosquées qui ont collaboré systématiquement ; ensuite en raison de la disqualification des partis politiques, même ceux de l’opposition que la population assimile à des structures du pouvoir
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Quant aux forces dites de la société civile, elles n’ont pas adhéré en masse en raison du même climat de peur mais aussi en raison des divisions au sein du camp des démocrates, les uns appelant à la marche, les autres incitant au boycott pour des raisons de leadership.
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Quant à la réussite de la manifestation, c’est-à-dire la réussite selon les « normes » tunisiennes et égyptiennes, elle était liée à une condition centrale qui n’a pas été réunie : elle devait mobiliser ce que l’on peut appeler les catégories de « désespérés » , les seules dont le pouvoir a peur, les seules qui peuvent aller jusqu’au bout parce qu’elles n’ont rien à perdre et opposer une violence à la hauteur de la violence de l’Etat. Ce sont ces catégories qui vivent un désespoir tel qu’il les conduit à l’immolation par le feu ou à la « harga ». Ce sont elles qui ont organisé les émeutes d’octobre 88 et celles de décembre 2010.
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Ce sont ces catégories « désespérées » (chômeurs, travailleurs précaires, citoyens sans assise sociale qui voient le temps passer…) qui ont constitué la force de frappe en Tunisie et en Egypte et qui, par la jonction avec les élites, ont fait basculer la situation.
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Ces catégories ont en quelque sorte un désespoir personnel supérieur à la peur de vivre sous une dictature à l’inverse des catégories sociales qui vivent dans des conditions acceptables et dont le chagrin de vivre sous une dictature est inférieur à la peur de perdre ses « privilèges sociaux ».
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Le régime d’Alger a bien compris la nécessité d’isoler ces catégories désespérées des élites contestataires. Depuis quelques mois, il accélère les réponses favorables de logement pour les mal -logés et parallèlement dans ses médias et dans les mosquées qu’il dirige, il diabolise les forces démocratiques en les présentant comme des classes privilégiées athées, laïques, qui ne partagent les mêmes difficultés que les classes défavorisées.
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Il faut relever à ce sujet que l’absence de ces classes populaires dans cette manifestation du 12 février confirme à elle seule que ce mouvement n’est pas dirigé par la mouvance islamiste qui d’ordinaire draine cette catégorie de manifestants.
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Dernier élément expliquant « l’échec » de la manifestation du 12 février :La maladresse politique de ses organisateurs. Contrairement à l’Egypte, où la contestation a principalement ciblé le président Moubarak et épargné l’armée ( ce qui a permis aux forces contestataires de jouer sur les rivalités internes du régime) en Algérie , la coordination pour le changement a déclaré vouloir le changement du « « système » autrement dit la caste militaire et Bouteflika réunis. Cela a eu pour conséquence de coaliser le clan des généraux et le clan présidentiel dans un même élan contre la manifestation, alors qu’il y avait des signaux qui annonçaient qu’une partie de la caste militaire ne voyait pas d’un mauvais oeil la contestation contre Bouteflika ( déclarations contradictoires des ministre de l’intérieur Ould kablia proche des militaires du vice premier ministre Zerhouni, homme de confiance de Bouteflika.)
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En d’autres termes, ces catégories de désespérés disposent de la « nuisance » décisive que craint le pouvoir.
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Elles n’ont pas été associées à cette manifestation du 12 février pour des raisons claires : elles n’ont aucune attache avec les forces démocratiques qui ne se sont pas associées à leurs émeutes « du pain » et du « logement » (Diar Schems etc)
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Donc premier résumé : la manifestation du 12 février n’allait pas déboucher sur les victoires tunisiennes et égyptiennes pour une raison principale : C’est une marche d’élites et non des catégories populaires.
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> Pourtant, par sa seule tenue, elle a réalisé l’objectif principal : l’affaiblissement du régime d’Alger, c’est-à-dire :
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a) Son alignement sur les dictatures arabes : la manifestation du 12, avec toutes ses limites, a montré un peuple mécontent, qui ressemble au peuple égyptien.
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b) L’éloignement de ses soutiens étrangers traditionnels (Europe, USA…) qui l’ont jusqu’ici beaucoup servi. Dans un contexte où les opinions publiques regagnent la suprématie, il est délicat pour les dirigeant occidentaux de continuer à soutenir un régime dont la population est mécontente.
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c) Elle a perturbé ses plans et compromis ses projets de pérennité (succession au profit du frère)
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Cela est dû essentiellement à deux facteurs :
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– L’actualité : cette manifestation du 12 février a bénéficié de la chute de Moubarak intervenue la veille ; du climat favorable et de sympathie envers les populations arabes, qui souffle en Europe depuis la révolution tunisienne.
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– Le rôle de la télévision et d’internet (réseaux sociaux) : c’est le gros privilège. Même de faible envergure, une manifestation peut avoir des dimensions gigantesques par l’effet de la TV et des réseaux sociaux. Ainsi cette manifestation du 12 février a été amplifiée pour devenir l’évènement du jour, c’est-à-dire exactement ce que redoutait le régime. Il ne peut empêcher le rapprochement Algérie-Egypte et Bouteflika-Moubarak.
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C’est une victoire énorme.
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A surveiller : les réactions occidentales.
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Leçons :
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a) Nécessité de poursuivre la contestation (le vin est tiré…)
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b) Nécessité de se rapprocher des couches populaires
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c) Nécessité d’aggraver l’isolement diplomatique du régime d’Alger
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Pour le mot de la fin, cet isolement est tout bénéfice pour Rabat.
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> On reviendra sur tout ça.
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