” Il en va de même pour le personnel politique, qui n’a pas été renouvelé depuis des lustres. La manière avec laquelle ses figures de proue ont été ” accueillies ” par les marcheurs est une preuve suffisante qu’il est temps pour eux tous de s’en aller, et de céder la place aux générations montantes “.
Le moins que l’on puisse dire est que la rue ne se calme pas. Les manifestations continuent d’aller crescendo, alors que celles de ce vendredi s’annoncent plus importante et plus déterminante que jamais.
L’étonnant, dans cette situation, tient du fait que le message du président sortant a été on ne peut plus clair. Il a donné suite à l’ensemble des revendications exprimées par les manifestants, et est même allé plus loin en annonçant un changement de régime radical, ainsi que le passage de l’Algérie vers une sorte de seconde république.
Le fait que la rue ne se soit pas calmée pour autant ne peut donc signifier qu’une chose. Comme suggéré dans l’édito de la veille, la population attend sans doute des ” acomptes ” concernant l’ensemble de ces promesses, des décisions fortes et spectaculaires, mettant largement en relief ce début de rupture avec une voie qui n’a pas su faire sortir l’Algérie de sa dépendance aux recettes pétrolière, ni mettre un terme à cette corruption endémique, qui a fini par gangréner l’ensemble des institutions du pays.
Il en va de même pour le personnel politique, qui n’a pas été renouvelé depuis des lustres. La manière avec laquelle ses figures de proue ont été ” accueillies ” par les marcheurs est une preuve suffisante qu’il est temps pour eux tous de s’en aller, et de céder la place aux générations montantes. Il est facile, en effet, de fustiger ce cinquième mandat, quand on en est soimême au dixième.
Le retrait de candidature du président sortant est exclu aussi bien sur le plan légal -car, tout dossier déposé, ne peut en aucune manière être retiré- que sur le plan politique. J’imagine fort bien le vide institutionnel que cela provoquerait, avec les conséquences terribles que cela induirait sur l’avenir du pays.
La revendication ainsi formulée par la rue ne peut en aucune manière être satisfaite sans que le pays ne soit gravement et durablement mis en danger.
Il faut savoir raison garder, avant que les choses ne dégénèrent et n’atteignent ce fatal point de non-retour.
Les exemples de présidents partis trop vite, contraints et forcés, sont assez près de nous pour nous échauder, et nous pousser à adopter une attitude plus responsable, et plus pondérée concernant cette question précise.
Le président sortant, s’il devait être réélu, promet une véritable révolution. Révolution qui, j’ose l’espérer et le croire, irait au pas de charge.
Voilà pourquoi je me surprends à attendre ces gages de bonne volonté, à même de clamer la rue, et d’éviter au pays de plonger dans l’abime. Il y a bel et bien urgence…
La Tribune des Lecteurs, 6 mars 2019
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