Algérie : Ce que pensent les marcheurs des déclarations de Bédoui

Pour le 4e vendredi de suite, plusieurs centaines de milliers d’Algériens sont sortis hier à Alger, dans une marche grandiose afin de déclamer leur rupture avec le pouvoir en place. Profitant de notre présence à Alger, hier, nous nous sommes rapprochés des marcheurs pour les interroger sur la dernière sortie médiatique du nouveau Premier ministre, Noureddine Beddoui et son adjoint, Ramtane Lamamra.

Smail Lalmas, enseignant universitaire et économiste :

«Le Premier ministre n’a donné aucune réponse au peuple. Il s’est contenté de dire que la volonté du peuple prime sur tous les textes de loi, lorsqu’il a été interrogé sur l’assise juridique sur laquelle le président Bouteflika s’est appuyé pour reporter les élections. Je pense qu’il n’a pas eu de réponses concrètes. C’est une réponse irresponsable car le peuple a demandé le départ de ce pouvoir. Quand on connait les revendications de la rue, on ne peut pas inventer des réponses hasardeuses, ni de dire n’importe quoi alons que les revendications du peuple sont claires. Aussi, le chef de l’Exécutif a évité de répondre à une question concernant les contradictions relevées entre les différentes lettres du président de la République.»

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Karim S., employé au métro d’Alger :

«J’ai suivi la conférence en direct comme tout le peuple, mais le Premier ministre est passé complètement à côté de la plaque. Il sautait du coq à l’âne, il semble qu’il a raté une bonne occasion pour calmer un peu les esprits des Algériens, malheureusement en vain. D’ailleurs, la réponse du peuple aujourd’hui est claire : le départ de tout le système. Sauf que le pouvoir veut autre chose. Pour moi, Bedoui a raté sa première conférence de presse.»

Chakib B., journaliste de la Radio nationale :

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«L’augmentation du seuil de revendications par la rue, qui ne veut d’aucune prolongation, a chamboulé les cartes du pouvoir, vu que le peuple réclame le changement du système, la rupture totale avec le pouvoir en place aussi. Tandis que la liberté des Algériens est toujours ensablée. Là encore, le Premier ministre n’a pas su quoi dire. Il a tout bonnement affirmé que le peuple a été écouté et le Gouvernement songe à apporter des changements profonds dans tous les secteurs. Je pense que ce ne ne sont pas les aspirations des Algériens. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi le Premier ministre a renvoyé toutes les questions substantielles à la Conférence nationale inclusive, alors que toutes les questions étaient pertinentes.»

Ahmed Rezigue, taxieur :

«Bedoui n’a jamais été fait pour la politique. Lors de sa conférence, il n’a rien apporté, il a continué à jouer sur les cordes du système. Avec cette façon, il ne gagnera jamais la confiance du peuple, sachant que les revendications du peuple sont claires. En tous les cas, après quatre vendredi de manifestations dans tout le pays et même à l’étranger, on ne va pas s’arrêter, au contraire, on continuera à manifester pacifiquement. Ce n’est pas possible de supporter encore une année ce système, (Allah y’jib el khir).»

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Aziz F., chômeur :

«Je n’ai rien à voir avec la politique, mais depuis le 22 février dernier, je me suis adapté à la marche comme tous les Algériens.

Pour revenir sur la conférence de Bedoui, je pense qu’il a parlé de tout sauf de nos aspirations. S’il n’a pas répondu aux questions des journalistes, pourtant claires, comment il peut former son gouvernement. Pour moi, Bedoui est mort politiquement, il est grillé devant tout le peuple, personne ne va lui faire confiance, il a pris tous les chemins pour esquiver les questions des journalistes.»

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Propos recueillis par Mohamed Wali

Le Courrier d’Algérie, 16 mars 2019

Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika,

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