Algérie – LES PIEDS DANS LE PLAT

» Bref, Saidani, en quelque sorte, emboite le pas à deux pontes du système, Seddik Chihab et Ali Benflis en l’occurrence, pour nous révéler que l’Algérie serait dirigée par ce qu’il qualifie d’ » Etat profond « . Mais il va encore plus loin en désignant nommément Ahmed Ouyahia, cible facile en fait, car vilipendée par les manifestants, mais cible inaccessible quand même car il est surréaliste d’envisager le fait qu’Ouyahia ait été capable de tout manipuler, tout gérer, tout décider… «

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Par Mohamed Abdoun :

Décidemment, Amar Saidani ne rate pas une seule occasion pour mettre les pieds dans le plat. Cette fois-ci, lors d’une hallucinante sortie médiatique, il y est carrément allé » franco « .

Celui qui a été le premier, et le seul, à reconnaitre publiquement détenir un bien immobilier en France, sans expliquer d’où lui est venu l’argent de son achat et, surtout, comment il a pu transférer l’argent que celui lui est formellement interdit, n’est franchement pas un modèle de vertu, ni un exemple à suivre. Il n’en constitue pas moins une sorte de » curiosité » pour les médias, friands de » scoops » et de » grands déballages » en cette période trouble où tous les coups deviennent permis.

Bref, Saidani, en quelque sorte, emboite le pas à deux pontes du système, Seddik Chihab et Ali Benflis en l’occurrence, pour nous révéler que l’Algérie serait dirigée par ce qu’il qualifie d’ » Etat profond « .

Mais il va encore plus loin en désignant nommément Ahmed Ouyahia, cible facile en fait, car vilipendée par les manifestants, mais cible inaccessible quand même car il est surréaliste d’envisager le fait qu’Ouyahia ait été capable de tout manipuler, tout gérer, tout décider, sans jouir -au moins- de la complicité de beaucoup d’autres hauts responsables ou oligarques ayant leurs entrées au sein de l’ensemble des institutions du pays.

La sortie de Saidani, qui n’est donc pas innocente, semble avant tout chercher à dédouaner tous ces gens, à lever la suspicion qui pèse sur eux, pour ne la fixer que sur un Ouyahia destiné au sacrifice suprême, dans l’espoir -sans doute fou- de calmer enfin l’ardeur inextinguible des foules. Loin de s’arrêter en si » bon chemin « .

Amar Saidani se permet de spéculer sur le destin et les décisions futures que pourraient -ou devrait, à l’en croire- prendre le FLN. Et, oh surprise, il privilégie la piste de Mouloud Hamrouche pour être le candidat de ce parti lors de la prochaine élection présidentielle.

Son argument massue ? L’homme est fils de chahid. Il est, franchement, très difficile d’être aussi maladroit, obtus et ignorant des réalités et revendications du terrain. La rue rue dans les brancards. Appelle à une rupture totale avec le système. Saidani, sans vergogne, vient lui proposer, au nom d’un parti dont il ne tient plus les rênes, un homme qui aime à se définir lui-même comme étant un homme du… système, qui a toujours cherché à » réformer » ce système, mais uniquement de l’intérieur, et qui a toujours apporté un soin méticuleux à ne jamais se porter candidat contre celui du… système. Hamrouche, en un mot comme en mille, a toujours et patiemment attendu son heure, c’est-à-dire celle à laquelle le… système lui ferait enfin appel.

Ce n’est pas tout. Il est difficile pour Saidani d’être plus maladroit à l’endroit de la rue, lorsqu’il évoque le statut d’enfant de chahid de cet ancien chef de gouvernement, alors que le peuple entier désire ardemment en finir avec cette inénarrable » légitimité historique « .

Reste à espérer que Saidani, qui vient de se rappeler à nos » bons souvenirs » à travers cette sortie médiatique à tout le moins surréaliste, aura un jour à rendre compte, notamment en ce qui concerne son bien immobilier anormalement acquis en France. Il ne sera certainement pas le seul. Mais ce sera quand même un excellent début…

M.A.

Tribune des Lecteurs, 25 mars 2019

Tags: Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, transition,

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