Algérie – Sale temps pour Mouâd Bouchareb : Indésirable

En prononçant son fameux « ceux qui pensent qu’il n’y aura pas de cinquième mandat rêvent », Mouâd Bouchareb, était à mille lieues de soupçonner que ce malheureux propos allait se retourner, moins de deux mois après contre lui. Cela pour devenir une accusation, voire une marque d’infamie contre lui.

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Il est vrai que dans l’euphorie du moment, dédiée au cinquième mandat de « Fakhamtouhou » , il était difficile d’imaginer le renversement de la situation que nous vivons depuis le 22 février.

Mouâd Bouchareb, arrivé à la tête du FLN, suite à un putsch contre le président légitime Said Bouhadja, était présenté comme l’avenir chanteur du FLN, le porte flambeau de la nouvelle génération qui marque la rupture avec la gérontocratie du parti incarnée par Djamel Ould Abbès.

Hier à l’APN, où il a tenté de reprendre la main, après avoir été dégagé du FLN par la nouvelle direction, Mouâd Bouchareb a vécu sans doute une des pires humiliations dans son parcours politique de jeune premier.

Voulant mettre à profit la commémoration des événements du 8 mai 45, en organisant une cérémonie à laquelle tous les députés étaient conviés, le président de l’APN n’a pas eu beaucoup de monde pour écouter son laïus. Pas de députés de l’opposition, dont une partie avait déjà démissionné. Ni aussi ceux du FLN et du RND qui avaient soutenu sa candidature au perchoir.

C’est connu, au FLN les hommes n’ont pas de convictions mais des postures, en fonction des conjonctures. Symbole de l’ancien pouvoir comme Bensalah, Bedoui, Bélaiz, Mouâd Bouchareb est un personnage politique devenu infréquentable traversant un moment difficile.

La question est de savoir s’il est capable de faire le dos rond en espérant un retournement de situation. Pas si sûr, car il pourrait être sacrifié sur l’autel de l’expiation des pêchés commis par Saïd Bouteflika, son mentor.

Du FLN, où il était appelé à diriger une instance de coordination avec son ami Mustapha Rehiel, il vient d’être éjecté sans autres formes de procès par Mohamed Djamai, élu nouveau secrétaire général du FLN. « Dégagé » du FLN, Mouâd Boucherb risque de l’être de la présidence de l’APN.

Chaque vendredi, les manifestants réclament sa tête, comme tous les autres « B » du système. Saïd Bouhadja, évincé de son poste de président de l’APN, veut profiter de l’affaiblissement de Mouâd Bouchareb pour récupérer son « bien ».

Depuis quelques jours, il multiplie les déclarations pour dire qu’il reste « le président légitime de l’APN ». Un message subliminal à destination du nouveau pouvoir pour se faire rendre son perchoir perdu. Saïd Bouhadja, qui joue à fond la carte victimaire, a déclaré qu’il déposerait prochainement deux requêtes au Conseil d’Etat et au Conseil Constitutionnel contre Mouâd Bouchareb, qu’il accuse par ailleurs de « dilapider les deniers de l’APN », avec la complicité du secrétaire général.

D’une pierre deux coups, veut faire le vieux Saïd Bouhadja qui veut solder son compte avec ces deux responsables de l’APN, c’est-à-dire le SG dont les jours semblent bien comptés.

H.Khellifi

L’Est Républicain, 10/05/2019

Tags : Algérie, transition, armée, Mouaad Bouchareb, Hirak, APN,

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