Algérie: Le business de la démocratie

Face à l’offre de dialogue pour en finir avec la crise institutionnelle, force est de constater que les partis politiques ne sont pas sur la même longueur d’onde. Certains acceptent le principe et affichent une grande disponibilité à s’inscrire dans le plan présenté par Bensalah, d’autres estiment nécessaire la réunion de préalables, alors que d’autres encore rejettent totalement l’offre et y voient une manœuvre du système pour se redéployer. Cette diversité d’opinion et de positionnement pourrait être vue comme un enrichissement, sauf que l’Algérie est, présentement un pays sans président élu.

Sans revenir sur les conséquences dramatiques d’un foisonnement partisan stérile, l’on rappellera simplement que le coup de frein apporté à « l’industrie des partis » n’a pas suscité beaucoup de commentaire au sein de la société. C’était quelques personnes, sans doute intéressées, qui criaient au scandale, accusant les autorités d’atteinte aux droits politiques des Algériens. Ces milieux évoquaient avec insistance « le verrouillage politique » et dénonçaient le pouvoir en place qui, selon eux, s’appropriait la scène partisane, la dessinant à son image et excluant tout ce qui ne cadre pas avec l’idée qu’il voudrait propager au sein de la société.

Toutes les voix discordantes appartenaient à des individus en attente de création de parti politique et bloqué net par le gel décidé par l’Etat tout au long de la première décennie du troisième millénaire. S’il existe parmi ces contestataires des personnalités honnêtes et désireuses de participer au développement du pays à travers leur contribution au plan politique, il existe également dans le lot des individus, dont l’objectif est autrement plus pécuniaire. L’on a, en effet, découvert qu’une formation politique est un investissement rentable. Un congrès constitutif juridiquement et administrativement conforme ouvre la possibilité de parrainer des listes de candidature. C’est justement à ce niveau que se fait l’essentiel du business.

Le foisonnement partisan, que nous vivons ces temps-ci, a, durant des années, participé de cette logique mercantile et a eu pour principale conséquence un survoltage inutile du paysage politique national. Inutile, parce que la révolution pacifique s’est faite en dehors de cette sphère. Et aujourd’hui, chaque formation veut appliquer son propre agenda à la révolution pacifique. C’est dire que nos leaders politiques n’ont rien retenu de l’histoire récente du pays.

Par Nabil.G

Ouest Tribune, 14 jui 2019

Tags : Algérie, dialogue, armée, Gaïd Salah, transition,

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