Maroc confidentiel

Le roi du Maroc parmi les fraudeurs de Swissleak

De Gad Elmaleh à Mohamed VI, les arcanes de la fraude fiscale (TdG)
«Swissleaks» A Genève, HSBC ne pratiquait pas seulement l’évasion fiscale. La banque abritait également l’argent de narcotrafiquants et de financiers du terrorisme.
Les fichiers soustraits par Hervé Falciani à HSBC (HSBA 72.8 -0.07%) Private Bank ont été passés au crible par des journalistes de plus de 40 pays. Leurs enquêtes révèlent des pratiques systématiques d’évasion fiscale. La banque genevoise a notamment abrité, jusqu’à récemment, l’argent de narcotrafiquants et de financiers du terrorisme.
Ces données subtilisées en 2008 à la filiale suisse de la banque britannique HSBC, qui contiennent des informations sur plus de 106’000 clients, avaient été obtenues par le quotidien français Le Monde. Celui-ci les avait alors partagées avec le réseau du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).
Les données, analysées par plus de 140 journalistes, portent sur la période allant de 2005 et 2007. Plus de 180 milliards auraient transité sur ces comptes à Genève, cachés entre autres derrière des structures offshore au Panama et dans les îles vierges britanniques.
140 journalistes
Une cinquantaine de médias ont pu se pencher sur les entrailles de la banque privée genevoise. En Suisse, L’Hebdo, Le Temps, Le Matin Dimanche, le Tages-Anzeiger et la SonntagsZeitung ont participé à cette opération, baptisée SwissLeaks. Leurs enquêtes ont été publiées lundi 09 février, L’Hebdo y consacrant une édition électronique spéciale.
Les fichiers consultés par les rédactions contiennent les bases de données clients (noms, dates de naissance, numéros de passeport, etc.), les notes des banquiers et les numéros IBAN des comptes, des mouvements bancaires, notamment. Selon les différents médias, il n’y a aucun doute sur leur authenticité.
Gad Elmaleh cité…
On trouve notamment dans ces fichiers des Saoudiens suspectés d’avoir financé Oussama ben Laden dans les années 2000, des barons de la drogue ainsi que des trafiquants appartenant à des réseaux de blanchiment. S’y mêlent également ventes d’armes et commerce illicite de diamants.
De nombreuses personnalités sont également impliquées. En France, Le Monde cite ainsi l’humoriste Gad Elmaleh, qui disposait, d’après le journal, d’un compte faiblement approvisionné à Genève, avec un peu plus de 80’000 euros entre 2006 et 2007. Selon les informations du journal, il aurait régularisé sa situation auprès du fisc français.
Il mentionne aussi Jacques Dessange, fondateur d’un empire de la coiffure, qui possédait un compte dans la filiale suisse de HSBC sur lequel il aurait eu jusqu’à 1,6 million d’euros entre 2006 et 2007. Lui aussi fait partie des clients qui ont depuis régularisé leur situation et s’est acquitté d’une amende, précise Le Monde.
…et le roi Mohammed VI
Parmi les noms cités dans les différents médias figurent notamment le roi du Maroc Mohammed VI ou le roi de Jordanie Abdallah II. S’y ajoutent de nombreuses personnalités de la mode telles que le mannequin Elle McPherson ou la créatrice Diane von Fürstenberg, du spectacle à l’instar de l’actrice Joan Collins et de l’acteur américain John Malkovitch, ou encore du sport comme le coureur automobile Valentino Rossi et Michael Schumacher, cité par 20minutes.fr.
Le journal Le Temps met l’accent sur les personnalités politiquement exposées, évoquant entre autres Rami Makhlouf, cousin du président syrien Bachar el-Assad. Il cite également l’ancien ministre haïtien Frantz Merceron ou encore l’ancien ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie Rachid Mohamed Rachid, qui avait été condamné à cinq ans de prison en juin 2011 pour abus de biens sociaux issus des fonds pour le développement du pays.
Au Mexique, la Libertad de Expresión Yucatán avance d’autres noms: les chanteurs David Bowie et Tina Turner, des sportifs, avec l’Espagnol Fernando Alonso (Formule 1), le footballeur uruguayen Diego Forlan et l’ancien joueur de tennis Marat Safin, ou aussi l’acteur Christian Slater.
HSBC fait son mea culpa
«HSBC Private Bank a accueilli un certain nombre de clients qui n’étaient pas entièrement en règle avec leurs obligations fiscales», admet la banque dans les colonnes du Matin Dimanche, selon une position écrite. L’établissement indique que la «culture de compliance et les standards de due diligence chez HSBC Suisse étaient nettement plus bas qu’aujourd’hui».
Hervé Falciani avait dérobé ces fichiers confidentiels pour les transmettre aux autorités fiscales françaises. L’ex-salarié de HSBC, qui a la double nationalité franco-italienne, a été inculpé en 2009 de vol de données par la justice suisse, qui a lancé un mandat d’arrêt international. Hervé Falciani a été arrêté à Barcelone en 2012. Berne attend toujours son extradition.
Quitter la version mobile