La pandémie de coronavirus peut provoquer une dépression mondiale

Nous avons besoin de mesures renforçant la demande pour la contrer

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Par Moon of Alabama – Le 16 mars 2020

Le post de la semaine dernière sur Boeing se terminait par ces lignes :

La pandémie, et la dépression mondiale qu’elle va provoquer, vont faire en sorte que Boeing devra demander un gigantesque renflouement gouvernemental ou faire faillite.

La plupart des vols étant cloués au sol en raison de la pandémie, Boeing envisage maintenant de réduire sa production et de licencier des travailleurs.
Dans la phrase citée, j’ai utilisé avec précaution les mots « la dépression mondiale qu’elle va provoquer ». Je pense en effet qu’un ralentissement durable et à long terme de l’activité économique dans de nombreux pays sera l’une des conséquences de cette pandémie.

Le secteur du transport aérien n’est qu’un des nombreux secteurs qui seront durement touchés. Environ 70 % du PIB américain est généré par l’industrie des services. Les voyages, les divertissements, les salles de sport, les restaurants et les bars, les hôtels, l’éducation seront tous très durement touchés par les fermetures à venir. Les États-Unis, comme l’Allemagne aujourd’hui, vont bientôt fermer les églises, les maisons closes et autres lieux de divertissement. Seuls quelques secteurs de services, comme les soins de santé, les jeux en ligne et la vente d’armes, continueront à prospérer.

La pandémie constituera un danger majeur pendant probablement deux ou trois ans, au cours desquels elle fera le tour du monde en plusieurs grandes vagues. Chaque vague nécessitera un nouvel arrêt. La mise au point d’un vaccin contre le virus du SRAS-CoV-2 prendra probablement plus d’un an, mais pourrait prendre beaucoup plus de temps. Nous aurons peut-être plus de chance avec un nouveau médicament capable de réduire les symptômes de la maladie Covis-19 que le virus provoque.

Les restrictions imposées à des pans entiers du secteur des services risquent donc de durer beaucoup plus longtemps que les uns ou deux mois prévus actuellement. Une fois les restrictions terminées, de nombreuses personnes auront changé leurs habitudes. L’industrie du voyage ne reviendra pas à la normale avant longtemps. L’industrie des croisières mourra probablement. C’est une question personnelle pour moi, car l’endroit où j’ai appris à travailler le métal en dépend.

Il y aura aussi beaucoup de licenciements provoqués par cette crise, ce qui garantit que la demande va encore baisser drastiquement.

Dimanche, la Fed a réduit ses taux d’intérêt à zéro. C’était un coup d’épée dans l’eau. Aujourd’hui, les marchés boursiers ont encore chuté de 10 %. Le brut est maintenant en dessous de 30 dollars le baril et pourrait bien descendre à 20 dollars. L’initiative de la Fed a probablement été demandée par Trump qui, la semaine dernière, a fait remarquer qu’il avait le pouvoir de virer le président de la Fed, Powell. La Fed devrait veiller à ce que les marchés du crédit restent liquides car de nombreuses entreprises auront besoin de ressources supplémentaires. Un resserrement du crédit en ce moment augmenterait les dégâts généraux. Mais Trump et la Fed devraient arrêter de pousser des mesures du côté de l’offre comme les réductions de taux d’intérêt et les allègements fiscaux. Il n’y a pas de manque d’investissement ou d’offre mais un manque de demande et cela va durer au moins pour le reste de l’année.

La semaine dernière, la Chambre a adopté un projet de loi prévoyant une aide d’urgence. C’était en grande partie un trompe-l’œil. La présidente du Parlement, Nancy Pelosi, l’a vendu comme une couverture alors que ce n’en est pas vraiment une :

La législation garantit un congé d’urgence payé avec deux semaines de congé maladie payé et jusqu’à trois mois de congé familial et médical payé, selon Mme Pelosi. Elle renforce également l’assurance chômage. La législation augmente également les fonds fédéraux pour Medicaid, et renforce le financement des programmes d’aide alimentaire.
Ce sont des mensonges et même les rédacteurs néolibéraux du New York Times les ont dénoncés :

Vendredi soir, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a célébré la loi sur les coronavirus qui a été adoptée samedi et qui prévoit un congé maladie payé pour les travailleurs américains touchés par la pandémie.

Elle a négligé de mentionner certains détails.

En fait, le projet de loi ne garantit un congé de maladie qu’à environ 20 % des travailleurs. Les grands employeurs comme McDonald’s et Amazon ne sont pas tenus d’accorder des congés maladie payés, tandis que les entreprises de moins de 50 employés peuvent demander des exemptions pour difficultés professionnelles à l’administration Trump.

“Si vous êtes malade, restez chez vous”, a déclaré le vice-président Mike Pence lors d’une conférence de presse samedi après-midi. “Vous ne manquerez pas votre chèque de paie.”

Mais ce n’est tout simplement pas vrai. Les travailleurs malades devront rester chez eux, mais la législation d’urgence ne garantit pas que la plupart d’entre eux seront payés.
Lorsque même les sénateurs républicains de droite pensent que le leader démocrate de la Chambre n’est pas assez socialiste, quelque chose a changé :

Le projet de loi sur l’aide à la Chambre ne va pas assez loin ni assez vite.

Nous allons faire tout notre possible pour que les travailleurs et les familles touchés reçoivent le plus rapidement possible de l’argent afin que nous puissions tous traverser cette pandémie ensemble.
Il y a beaucoup plus de mesures nécessaires que ce que prévoit le projet de loi de Pelosi. Le gouvernement doit couvrir tous les coûts des tests de dépistage du virus et des soins relatifs au Covid-19. Il doit accorder des congés maladie à tous ceux qui doivent rester à la maison, quel que soit leur statut professionnel. Ne pas le faire prolongera la crise, car sinon les personnes infectées qui doivent travailler par manque d’argent continueront à propager le virus.

Les États-Unis et les autres économies auront également besoin d’une incitation pour relancer la demande. Envoyez un chèque de 5 000 dollars à chaque ménage qui gagne moins de 100 000 dollars par an et incluez les sans-abris dans ce chèque. L’argent pourrait être prélevé sur le budget de la défense. Un navire de la marine militaire n’arrêtera jamais une pandémie.

Le précédent choc social et économique mondial de cette ampleur est survenu après le 11 septembre. La chute des tours a changé le monde. Elle est devenue la justification à des politiques militarisées et des budgets de la défense importants. Cette pandémie entraînera des changements d’une ampleur comparable.

Les demandes du public et les priorités politiques vont changer. La préparation et la réponse aux crises sanitaires deviendront une nouvelle question prioritaire. La globalisation va se limiter tandis que la coopération mondiale sur les questions de santé augmentera probablement.

Cette crise n’est pas la fin du monde, mais elle sera à l’origine de changements importants.

Moon of Alabama

Le Saker francophone, 18 mars 2020

Tags : coronavirus, crise financière, dépression, économie, croissance,

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