Algérie : Le tueur pervers est toujours à l’œuvre

Par Mohamed Habili

Après avoir semblé pendant deux ou trois jours s’être arrêtée et même avoir inversé son cours, l’épidémie a repris sa décrue chez nous, repassant à nouveau sous la barre des 150 nouvelles contaminations en 24 heures, avec un nombre de décès désormais inférieur à dix, le niveau autour duquel ce dernier n’a quasiment pas cessé d’osciller. Dans la région, l’Algérie est pour l’heure, avec l’Egypte, mais seulement pour le nombre des nouveaux cas (la Mauritanie mise à part, la moins touchée de tous), le pays où le reflux est le plus marqué. Elle aurait cependant tort de baisser la garde, et plus encore de proclamer la victoire sur le virus.

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Parmi nos voisins, un pays avait cru en avoir fini avec lui, qui maintenant enregistre des centaines de nouveaux cas par jour. C’est la Tunisie, qui s’était même permis de rouvrir ses frontières, économie oblige, ce qu’elle n’avait pas fait d’ailleurs sans s’être entourée d’un luxe de précautions. Le lien pourtant entre cette dernière mesure de déconfinement et la recrudescence observée actuellement n’est pas évident.

L’une des caractéristiques du Covid-19, c’est qu’il agit en traître. A travers le monde, bien des gens se sont crus en train de prendre le dessus sur lui, dont l’état de santé s’est brusquement détérioré, et qui en sont morts. Une maladie qui fait croire au malade qu’il est en train de guérir d’elle, pour dans un deuxième temps redoubler de violence à son égard et le tuer, se comporte comme un tueur pervers.

C’est parce qu’il sait cela, que le président américain, qui se dit aller mieux, mais qui précise aussitôt que cela n’est pas assez, qu’il faut attendre les prochaines heures pour savoir avec plus d’exactitude le sort qui lui est réservé. Chez nous, quand la circulation du virus allait bon train, le port du masque s’était largement répandu. Ce n’est plus du tout ce que l’on observe aujourd’hui. Avec ce virus diabolique, c’est pourtant juste le contraire qu’il faut faire : faire preuve pendant la décrue de plus de vigilance et de prudence qu’au plus haut de la vague. Ce n’est qu’à ce prix qu’on peut éviter une deuxième vague, ou ce qui ailleurs passe pour telle, car même ce point fait problème. C’est parce que les Français avaient réellement cru que les beaux jours étaient de retour que les voilà en train d’être reconfinés les uns après les autres.

Hier, c’était les Marseillais, et aujourd’hui peut-être les Parisiens, qui angoissent surtout à la perspective d’une nouvelle fermeture des bars et restaurants. Aujourd’hui, en France, telle est en effet la signification du mot reconfinement. Ce que les Parisiens voudraient, c’est à la fois garder leurs habitudes, ou plutôt les retrouver telles quelles, et qu’on leur dise que l’épidémie est néanmoins en train de se dissiper. Le genre même d’espérance que ce pervers de Covid-19 aime prendre à revers. Aussi longtemps que ni vaccin ni traitement n’auront été trouvés contre lui, il fera de nous tous ce qui lui plaira.

Aux Etats-Unis, ce qui est en cause maintenant que le locataire de la Maison-Blanche est hospitalisé, est d’une tout autre teneur. Les Américains ne sont plus en train de se demander s’il y a une fin pour le Covid-19, mais si leur président sera de force à lui résister, et si la présidentielle se tiendra dans des conditions plus ou moins acceptables. Ils se moquent bien de ce qui peut advenir des bars et restaurants, le souci majeur des Français… et des Britanniques.

Le Jour d’Algérie, 4 oct 2020

Tags : Algérie, Coronavirus, covid 19, confinement, déconfinement, 

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