Algérie – Touche pas à ma rémunération !

Il ne se passe pas un jour, sans que des échos, nous parvenant de l’hémicycle Zighout Youcef, ne nous confirment pas de façon criarde la mauvaise réputation, qui colle désormais à l’Assemblée populaire nationale. C’est à croire que toutes les tares ont été réunies par cette assemblée, montée de toutes pièces durant le règne de la Issaba. Une assemblée éclaboussée par les scandales en tous genres, dont certains membres ont une bien curieuse conception de la mission qu’ils sont supposés mener et de l’éthique que leur impose leur statut. Mais de quoi s’agit-il au juste ?

Selon le journal El Hayat, ce sont 31 députés, issus du FFS, MSP, MPA, FLN et RND, qui continuent à percevoir leurs salaires, alors qu’ils ne se présentent plus aux travaux de l’APN. Un comportement intolérable de ceux, qui sont présumés illustrer la droiture. Une attitude de profiteurs irresponsables de la part de députés censés donner l’exemple, qui nous confirme de manière incontestable, que les couleurs partisanes au sein de cette assemblée sont factices et ne veulent absolument rien dire.

Qu’ils soient démocrates, islamistes ou nationalistes, ce ne sont en vérité qu’une contrefaçon ridicule et absurde des véritables démarcations politiques et idéologiques, basées sur des convictions ancrées. Pour moins que ça, de simples agents et fonctionnaires ont été sanctionnés par des retenues sur salaires, si ce n’est pas le licenciement tout court ! Il est tout simplement déplorable, pour ne pas utiliser un autre terme, de savoir que des représentants du peuple s’autorisent à profiter de l’argent du peuple, sans aucune contrepartie.

En toute impunité, ils continuent à puiser dans les caisses de l’Etat, sans se poser de questions et sans se demander si l’argent qu’ils sont en train de percevoir est mérité. Rien à dire. L’esprit rentier est dépassé, et de loin. Car, aujourd’hui, il est carrément question d’esprit prébendier dans toute son acceptation.

Au moment où le pays risque la faillite, des députés persistent à empocher de confortables rémunérations, tout en vaquant à leurs affaires personnelles, loin du lieu de leur travail. Les faits sont là. Ils traduisent parfaitement les vices d’une catégorie de députés, dont la gloutonnerie se passe de tout commentaire.

Des députés, qui ont fini par trainer dans la boue toute une institution, sans se soucier du reste. Pourvu que les virements soient effectués régulièrement à leurs comptes bancaires. C’est l’essentiel.

Pour les considérations d’ordre moral, ça ne leur pose aucun problème de conscience. A propos, ont-ils une conscience ? Si certains l’ont égarée le jour où ils avaient monnayé leurs sièges, d’autres l’ont perdue en s’habituant aux privilèges que leur offre le statut de député. La vie est agréable à Sidi Yahia !

Mohamed M. 

L’Est Républicain, 5 oct 2020

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