L’assassin de Samuel Paty portait, lui aussi, l’étiquette du Maroc

Acculé par la force des événements, le gouvernement marocain, via son ambassade à Paris, s’est empressé de démentir “catégoriquement toute relation avec Abdelhakim Sefrioui”, figure de l’islam radical en France. La réaction de Rabat vise à dissimuler une réalité que les autorités françaises tentent d’occulter : “Le Maroc tente d’être derrière chaque imam, chaque mosquée et chaque communauté”, selon les mots du journaliste espagnol Ignacio Cembrero. Dans ce but, « il utilise ses agents pour surveiller, influencer et contrôler les communautés musulmanes », précise l’ancien correpondant à Rabat du journal El País et grand connaisseur du Maroc et du Maghreb.

Selon le CNI, le service de renseignement espagnol, le Maroc a développé « une stratégie de grande ampleur » en Espagne. «Conçu et développé par le régime, son objectif est d’étendre son influence et d’accroître son contrôle sur les colonies marocaines sous le prétexte de la religion».

Dans un rapport confidentiel envoyé en 2009 par son directeur aux ministres de l’intérieur, des affaires étrangères et de la défense, le CNI indique que les « objectifs prioritaires” de Rabat sont “le contrôle de sa communauté pour détecter les mouvements opposés au régime et empêcher l’émergence de courants islamistes en dehors du régime dominant » au Maroc.

Cembrero sougline qu’il le fait « à travers son ambassade et ses consulats (…), le personnel associé et la Fondation Hassan II » présidée par la Princesse Lalla Meryem, sœur du roi Mohamed VI, et dont le budget n’est pas soumis au contrôle du Parlement marocain”.

Dans un article paru sur le site Demain Online en 2014, le journaliste marocain Ali Benacher rappelle que “l’Islam en France, qui n’est pas monolithique, est divisé en plusieurs chapelles. Parmi les organisations marocaines qui dépendent de Rabat, d’autres organisations algériennes qui ne se déplacent qu’avec l’autorisation d’Alger, et d’autres sous le contrôle d’autres États musulmans comme la Turquie et l’Arabie saoudite”. “Mais c’est le Maroc, à travers la DGED (Direction générale des études et de la documentation, les services secrets étrangers du royaume), et avec la complicité des ministres de l’Intérieur français successifs, qui prend le dessus”, souligne-t-il, au même temps qu’il indique que “les pressions des services secrets marocains sur les proches des représentants de l’Islam en France (ou ailleurs) vivant au Maroc peuvent être si fortes que peu, voire très peu, leur résistent”.

Ces informations sont corroborées par la dernière déclaration du président Emmanuel Macron sur le dénommé “séparatisme religieux”. D’après La Dépêche, Macron veut « libérer l’islam de France des influences étrangères ». Pour cela, le président compte renforcer le contrôle sur les financements des cultes et mettre fin à la tradition d’importer des imames de pays étrangers. Parmi ces pays, le Maroc dont le nom est cité dans tous les attentats terroristes commis en Europe depuis 2004, y compris l’assassinat du professeur Samuel Paty. Selon la presse, les enquêteurs sont arrivés à la conclusion que des vidéos ont poussé le meurtrier à passer à l’acte. Derrière ces vidéos se trouve Abdelhakim Sefrioui, un islamiste connu pour ses relations avec les autorités marocaines.

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