Ephémérides : Le jour où le Maroc a livré á la France les leaders du FLN

Quand les français signaient le premier acte de piratage aérien

En 1965, le Maroc a livré au Mossad les enregistrements des débats de la Ligue Arabe sur la possibilité d’une attaque contre Israël. Ce n’était pas la première trahison du roi Hassan II aux arabes. Neuf ans auparavant, il livrait à la France l’avion qui transportait les principaux leaders du FLN.

Cela est arrivé le 22 octobre 1956, à un moment où les pays maghrébins qui étaient indépendants se faisaient du souci en raison de la prolongation de la violence française contre le peuple algérien.

Ce jour-là, un avion marocain a été mis à disposition de la délegation de responsables algériens pour regagner la Tunisie en vue de participer à une réunion maghrébine à Tunis. Il y avait à bord aussi deux journalistes françaises pour couvrir l’événement. Autour de l’avion rôdaient des éléments des services secrets français venus de l’ambassade de France à Rabat.

L’équipage est français et le commandant Gaston Grellier reçoit ses instructions en vol. À bord, l’hôtesse Claudine Lambert tente de ne pas éveiller les soupçons des passagers qui sont armés, il s’agit de cinq chefs historiques du FLN, Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf. Une fois l’avion posé, les troupes françaises donnent l’assaut et interpellent Ben Bella et ses compagnons.
Aprés un retard inexplicable, l’avion fait une escale inattendue aux Iles Baléares. La décision a été prise par le pilote français engagé par l’Etat marocain en vue de réfléchir sur les ordres qu’il vient de recevoir de Paris et qui lui pressaient de changer de cap vers Alger. Il a fini par obéïr en faisant attérrir l’avion à l’aéroport d’Alger. Une fois sur terre, l’équipage complice quitta l’appareil après avoir étteint les lumières intérieures. Aussitôt, un contingent équivalent à l’effectif d’un bataillon prend l’avion royal marocain en assault.

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Dans un ton triomphaliste, les militaires français criaient : « La guerre est finie ! », « Nous avons gagné ! ». L’évidente ambiance de lynchage visant à intimider les passagers algériens a été soudainement interrompue par Aït Ahmed : « Fusillez-nous et finissons-en ! », a-t-il dit.

Plus tard dans la nuit, les ôtages sont conduits au siège de la DST à Alger où ont débuté les interrogatoires. La réaction des moudjahidines algériens était unanime : « Ce n’est pas l’arrestation de quelques dirigeants ou responsables qui mettra fin à un mouvement d’envergure issu des profondeurs du peuple ». Leurs interlocuteurs cachaient à peine leur arrogance et conviction que l’Algérie restera française jusqu’à la fin des temps.

Dans les montagnes, villes et villages, le combat faisait rage. Rien nse semble arrêter la guerre de libération malgré les tonnes de tracts déversés par l’aviation militaire proclamant une victoire présumée suite au kidnapping des dirigeants du FLN dont l’arrestation a conduit à des violentes représailles contre les ressortissants français.

En vue de les garder en vie, le gouvernement français décide de les faire transférer en France dans un avion menottés et interdits d’aller au toilettes si ce n’est accompagné d’un gendarme. Sur le sol parisien, des marchands les accueillaient dans la rue avec des slogans harneux. Ils étaient excités par les circonstances de l’opération de piratage.

L’euphorie provoquée par cet acte a vite été déchantée par les protestations des militants anti-colonialistes des partis de gauche. Protestations qui étaient accompagnées par les nombreu succès de la résistance. La réponse coloniale était la répression, la torture, la liquidation physique des militants algériens.

Entre le congrès de la Soummam en 1956 et la perspective très proche de la constitution du GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne) à Tunis, la lutte en Algérie avait beaucoup progressé malgré les massacres, les tortures, les emprisonnements en masse qui avaient marqué la criminelle répression de la Bataille d’Alger.

Dans les derniers mois de l’année 1958, De Gaulle transféra ses prisonniers dans une sorte de lieu de résidence pénitentiaire hautement surveillée pour empêcher leur lynchage. C’est à Fort Liédot, à l’autre bout de la petite Ile-d’Aix (département de Charente-Maritime) en plein océan Atlantique, qu’ils ont été conduis.

Pour Ben Bella, le fait que la présence de l’armée française dans au Maroc permettait de surveiller les faits et gestes des révolutionnaires algériens à la loupe constituait un acte de trahison de la part du roi Mohammed V. Selon Hassanine Haykel, journaliste et conseiller du président égyptien Nasser, Hassan II était derrière cette trahison

Cet acte de la piraterie aérien relève surtout de la faiblesse de la IVème République (1946-1958). En effet, dès le début de l’année 1956, les militaires français deviennent les véritables décideurs. Ce sont ces mêmes militaires qui décideront, deux ans plus tard, d’achever cette République pour en faire une autre plus dure. Il faudra alors tout le génie du général de Gaulle pour que le pouvoir revienne aux civils.

Tags : Algérie, Maroc, détournement avion FLN, piratage aérien, France, guerre de libération, colonisation, De Gaulle, OAS,

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