«Nous devons admettre que nous avons laissé tomber le peuple sahraoui»
L’ambassadeur d’Afrique du Sud aux Nations-Unies, qui a assuré la présidence du Conseil de sécurité durant le mois de novembre, a estimé que la communauté internationale a trahi les aspirations du peuple sahraoui en se montrant incapable d’organiser un référendum d’autodétermination.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – C’est un constat tragique, mais réel, qu’a dressé Jerry Matjila, l’ambassadeur d’Afrique du Sud représentant permanent à l’ONU lors d’une conférence de presse animée le 1er décembre à New York.
Le diplomate, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité, a appelé la communauté internationale à reconnaître son échec au Sahara Occidental. Pour lui, le non-respect des promesses au peuple sahraoui de parvenir à un accord définitif par la tenue d’un référendum sur l’autodétermination est une forme de trahison. «Je pense que nous devons admettre que nous avons tous laissé tomber le peuple du Sahara Occidental et que nous avons repoussé de plus en plus l’autodétermination», a dit Jerry Matjila. L’ambassadeur sud-africain a rappelé à la presse que la communauté internationale «a été témoin au cours des trois dernières semaines d’une situation très difficile autour de la région de Guerguerat». «Nous avons vu des tensions monter entre le Front Polisario et le Maroc autour du passage dans cette zone », rappelant qu’à la suite de cette nouvelle violation marocaine du cessez-le-feu, «le Front Polisario a déclaré la fin du cessez-le-feu et la reprise de la lutte armée de libération». L’incapacité, depuis une année, de parvenir à la nomination d’un nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental est un des facteurs qui a gelé l’avancée dans la gestion de ce dossier. Pour l’heure, António Guterres n’a toujours pas réussi à trouver la personne qu’il faut pour assurer cette mission.
Opportunité
«Devrions-nous examiner un autre mécanisme alternatif ? Nous ne le savons pas. Mais le secrétaire général continuera ses efforts pour tenter de nommer un envoyé et j’espère que les parties cesseront les combats et que l’ONU tiendra alors sa promesse non tenue aux Sahraouis pour la tenue d’un référendum», a ajouté le diplomate sud-africain, dont le pays reconnaît officiellement la République arabe sahraouie démocratique. Pour l’ambassadeur Jerry Matjila, la crise actuelle pourrait être une «opportunité» pour aller vers une solution définitive au dossier sahraoui. «L’Afrique du Sud espère que les parties saisiront cette opportunité pour aller vers une désescalade et retourner à un cessez-le-feu. Le Conseil de sécurité de l’ONU peut saisir l’occasion et avancer vers le référendum sur le Sahara Occidental», a-t-il insisté.
Sur le terrain militaire, l’armée sahraouie poursuit ses opérations contre les positions marocaines. Dans un communiqué rendu public jeudi, le ministère sahraoui de la Défense nationale a indiqué que les pilonnages ont ciblé les secteurs de Baghari, El Farsia, Aousserd et El Mahbes.
T. H..
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