«Sans effet juridique»
par Abla Chérif
L’Algérie n’a pas tardé à réagir aux derniers développements survenus sur le plan régional, affirmant qu’il s’agissait là de la confirmation de toutes les mises en garde lancées tout au long de ces dernières semaines.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – La réaction d’Alger était très attendue par l’opinion interne qui suit avec un intérêt très particulier l’évolution des événements suscités par l’annonce de la reconnaissance d’Israël par le Maroc, un fait qui a donc induit la reconnaissance par les États-Unis de la « souveraineté marocaine » sur les territoires du Sahara Occidental, mais également par l’étranger où est observé, différemment, le processus mis en place pour la modification des rapports de force dans la région.
Hier matin, en marge des célébrations commémorant le 60e anniversaire des événements du 11 Décembre, Abdelaziz Djerad a évoqué l’existence « d’opérations très dangereuses dans notre environnement régional, l’Algérie est elle-même ciblée » dit-il, avant d’ajouter : « A nos frontières, il y a une volonté réelle de laisser arriver l’entité sioniste (…) nous avons déjà dit que des parties étrangères s’attelaient à déstabiliser notre pays, les preuves sont aujourd’hui là, dans l’espace maghrébin et africain .»
Djerad se lance ensuite dans un discours qui se veut mobilisateur : « Nous devons régler nos problèmes internes, nous savons que les Algériens aspirent à l’unité, la stabilité et la liberté, des valeurs basées sur le respect de nos principes religieux .» Le Premier ministre n’est pas allé dans les détails, n’a pas commenté la déclaration du Président sortant américain, Donald Trump, ni évoqué à un quelconque moment la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Ses propos s’inscrivent en droite ligne du discours observé depuis un moment à différents niveaux officiels.
Le 11 novembre dernier, le ministère de la Défense avait organisé un séminaire durant lequel l’idée principale développée portait sur la nécessité de renforcer le front interne pour faire face aux dangers qui menacent l’Algérie. Quelques jours plus tard, la Télévision nationale diffusait un documentaire qui se voulait à la fois vulgarisateur des nouvelles missions attribuées à l’ANP dont les troupes sont désormais habilitées à effectuer des missions hors de son territoire mais également une démonstration de force au lendemain de la reprise des combats (à ses frontières) au Sahara Occidental.
Le message le plus clair qui ait été lancé aux Algériens est, cependant, contenu dans la dernière édition de la revue El-Djeïch. La population avait alors été appelée à « se tenir prête », dans un éditorial où le commandement de l’ANP se dit « être prêt à faire face aux menaces sécuritaires régionales et à jouer pleinement son rôle pivot pour contrer ces plans hostiles». «La détérioration de la situation régionale le long de notre bande frontalière et la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région ces derniers temps, ces menaces, même indirectes, nous concernent et nous devons nous tenir prêts à y faire face », ajoutait, alors, la même source.
Le MAE réitère le soutien de l’Algérie aux Sahraouis
Dans la même journée, l’Algérie a également réagi aux derniers événements à travers le ministère des Affaires étrangères. Ce dernier s’est principalement focalisé sur le dossier sahraoui, réitérant le soutien algérien aux Sahraouis.
Dans un communiqué, le MAE réaffirme que le conflit du Sahara Occidental « est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’ à travers l’application du droit international et de la doctrine bien établie des Nations-Unies et de l’Union africaine, à savoir l’exercice authentique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux dispositions de la Résolution 1514 (XV) portant octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, dont la communauté internationale célèbre, cette année, le 60e anniversaire ».
« Dans ce cadre, est-il ajouté, la proclamation du 4 décembre, annoncée le 10, est sans effet juridique, car elle contrevient à l’ensemble des résolutions des Nations-Unies et notamment à celles du Conseil de sécurité sur la question du Sahara Occidental, la dernière étant la Résolution 2548 du 30 octobre 2020, rédigées et défendues par le « porte-plume » américain. Le communiqué du MAE ajoute que la dernière proclamation « pourrait porter atteinte aux efforts de désescalade en vue d’amener le royaume du Maroc et le Front Polisario à la nécessité de s’engager, sans conditions, sur la voie du dialogue, sous l’égide des Nations-Unies, appuyées par l’Union africaine ».
Il conclut : « L’Algérie, dont la position s’adosse à la légalité internationale contre la logique de la force et des marchés douteux, réitère son appui indéfectible à la cause juste du peuple sahraoui .»
Le Soir d’Algérie, 13 déc 2020
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