Les vrais enjeux du Brexit: Le début de la fin d’une utopie ?

par Abdelhak Benelhadj

« Dieu et mon droit. Honni soit qui mal y pense »
Les historiens de l’avenir se sont mis très vite à la tâche et les livres consacrés au « Jour d’après » garnissent déjà les étals des librairies. Un travers d’époque.
Le nouveau coronavirus a fait des dommages dont l’étendue n’a pas encore été, (comment pourrait-elle l’être ?), objectivement et exhaustivement mesurée. Mais si on ne le peut que par hypothèse pour la pandémie, on le peut, sans s’embarrasser de conjectures, pour l’histoire de l’Union Européenne.
Pour la première fois dans l’histoire de l’Union un membre quitte librement et démocratiquement un ensemble géopolitique qu’il avait tant désiré rejoindre. C’est d’autant plus singulier que les candidats au sud et à l’est semblent piétiner et se bousculent aux portes de l’Europe. Mais est-ce si vrai ?
Certes, les flux migratoires qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie se sont multipliés avant que la pandémie ne les ralentisse. Mais est-ce vraiment l’Union qui les attire tant ? Ou n’est-ce pas plutôt l’insécurité, la dégradation de leur environnement et de leurs conditions de vie qui les poussent à s’enfuir avec femmes et enfants, quels que soient les chemins qu’ils empruntent pour s’en éloigner ?
Le Royaume Uni fait partie, avec la Scandinavie et l’Allemagne, de ces destinations où ils espèrent refonder un foyer à l’abri du mauvais temps. Pas l’Italie, pas la France, pas l’Espagne ou la Suisse. C’est pourquoi ils s’entassent sur les rives de la Manche, à l’entrée du Tunnel guettant une occasion pour le voyage vers l’« ailleurs ». Et cet ailleurs n’est pas l’Europe en tant qu’Union, en tant que projet, en tant qu’Utopie qui s’est ainsi posée dès ses fondations aux lendemains de la dernière guerre et après la chute du Mur de Berlin. Malheureusement, dans ce monde libéral tout circule (les marchandises, les capitaux, les informations, les… virus), sauf les hommes, surtout quand ils viennent de l’autre versant du monde.
Le divorce de la GB avec l’Union Européenne, signifie en ces circonstances plus qu’une rupture géopolitique régionale, un véritable échec historique dont elle pourrait ne pas se relever.
Le nombre de pays, les sondages le montrent, où le désir de se défaire de l’Union augmente. En sorte qu’on peut se demander si le Brexit n’est pas le premier pas vers un démembrement généralisé d’un processus qui a trahi les principes et les objectifs dont a bercé l’imaginaire des citoyens européens.
Mai 2005 (échec du projet de Constitution européenne), plus qu’un avertissement ou une prémonition : il sonne comme le début de la fin d’une illusion.
Vendredi 31 janvier 2020, 23h, heure de Greenwich. Voté le 13 juin 2016 par 51.9% des électeurs, prévu le 29 mars 2019, le Brexit a été acté fin janvier de cette année. Le Royaume-Uni, après 47 ans de vie commune, devient le premier pays à quitter l’Union Européenne. S’ouvrait une période de transition qui a duré plus que les 11 mois de négociations prévus. Une épreuve de force qui n’a pas mis aux prises seulement la Grande Bretagne et ses partenaires continentaux. Sa sortie va accentuer et approfondir les divergences internes dans une Union qui a du mal à faire converger économiquement, financièrement et politiquement ses membres et à digérer un élargissement trop rapide dans un contexte international instable. Le tout accentué par une pandémie dont on ne voit pas le bout.
Dès son arrivée au pouvoir B. Johnson n’a pas fait mystère de ses objectifs, confirmant toutes ses prises de positions antérieures. Il n’y a aucune raison, pensaient non sans pertinence les Anglais, pour que l’UE ne consente pas à signer avec la GB un pacte similaire à celui qu’elle a signé avec les Etats-Unis et le Canada.
« Le Premier ministre dit à l’Union européenne: No, Non, Nein! », résumait le Sunday Express la position de B. Johnson début février. Selon le quotidien britannique, le Premier ministre britannique a fait à ses anciens alliés une « offre à prendre ou à laisser », proposant à Bruxelles rien de moins que le choix entre un « accord de libre-échange similaire à celui conclu avec le Canada ou un accord comme avec l’Australie », qui se rapprocherait d’un « no deal ».
Rien de moins qu’un Brexit sans Brexit. Tous les avantages du marché unique sans aucune de ses contraintes. Et c’est ce qu’il va peu ou prou obtenir. Michel Barnier, le négociateur français trompe et se trompe à défendre un point de vue inverse : « …ils [Les Britanniques] voulaient les avantages du marché unique sans en avoir les contraintes et la discipline. Cela n’a pas marché. » (dans un entretien publié lundi 28 décembre dans Ouest France).
Il fait peu de cas de la veulerie européenne et de la pugnacité anglaise que B. Johnson rappelle de manière limpide à Westminster ce mercredi 30 décembre : « Ce que nous cherchions n’était pas une rupture mais une solution, une solution à la vieille et controversée question des relations politiques de la Grande-Bretagne avec l’Europe, qui a tourmenté notre histoire d’après-Guerre » (…). « Nous serons désormais un voisin amical – le meilleur ami et allié que l’UE puisse avoir – travaillant main dans la main lorsque nos valeurs et intérêts coïncident, tout en répondant au souhait de souveraineté des Britanniques de vivre avec leurs propres lois, préparées par leur propre Parlement élu ».
Ce qui n’a pas été dit aux citoyens européens, c’est que les partisans du Brexit sont partout en Europe qui est devenue ce que les libéraux ont absolument tenu à en faire : un vaste marché dérégulé, affranchi de toute contraintes, déjà ouvert aux quatre vents.
Michel Barnier veut se donner un rôle de gagnant en rapport avec ses nouvelles ambitions : partir à la conquête et à la reconstruction de la Droite française démembrée, écartelée entre macronisme et lepénisme. M. Barnier pourrait s’avérer un recours vraisemblable pour les tenants de l’économie de marché sans entraves (sous quelque emballage politique qu’elle se présente) si d’aventure E. Macron, totalement décrédibilisé, devait défaillir. C’est aussi cela qui est en jeu dans ce divorce continental. Jeudi 24 décembre. La séparation aurait dû aboutir à un retrait effectif le 29 mars 2019. Cette date a été prorogée à de multiples reprises. Après des mois de négociations serrées et 24 dernières heures ultimes sous haute tension, le Brexit a été enfin signé par Londres et les représentants de l’Union. Le père Noël n’est pas venu la hotte vide. Mais il n’est pas certain que le qualificatif de « cadeau » convienne. Sauf peut-être pour B. Johnson qui déclare triomphalement à ses compatriotes : « Ce soir, pour le réveillon, j’ai un petit cadeau pour ceux qui chercheraient quelque chose à lire dans la torpeur de l’après-déjeuner de Noël ».2
Tandis que le président français, jamais en retard d’une com’, comme son ex-homologue américain, plastronnait en vainqueur : « l’unité et la fermeté européennes ont payé ». (Reuters, J. 24/12/2020)
Le texte du divorce a un format copieux : plus de 1250 pages de contrat écrit dans un langage ésotérique que les citoyens européens concernés vont tenter de déchiffrer et d’en mesurer l’impact sur leurs activités. Au reste, de nombreux points donneront lieu à négociation au cours des mois et années à venir.
Même avec consentement mutuel, on ne divorce pas impunément. Le texte sera publié au Journal officiel avant la fin de l’année pour permettre son entrée en vigueur au 1er janvier. Cependant, son application ne sera que temporaire, en attendant sa ratification par les Parlements européen et nationaux qui n’interviendront qu’en 2021.3
Mission accomplie.
« If you can’t beat them, join them »4
Le corollaire est clair : « S’ils sont sur la voie irréversible du démembrement, quittez-les. »
L’Europe va perdre ce que pèse le Royaume Uni.
– 6% de la superficie européenne ;
– 13.2%% de sa population ;
– 18% de son PIB ;
La perte de la contribution britannique à un budget européen en cruel besoin de moyens face à la crise sanitaire. Mais, depuis M. Thatcher, les Européens en ont pris l’habitude. Et pour le reste, les déficits et l’endettement compenseront le gouffre creusé par la pandémie. Londres laisse un trou d’environ 70 Mds€. En tout état de cause, le prochain budget passe des 1300 Mds€ souhaités par le Parlement à 1100 Mds€ sur proposition de la Commission, pour finir à 1074 lors de l’accord obtenu à la mi-juillet dernier.
Zéro quotas, zéro tarifs. Comme avant… C’est le cœur de l’accord obtenu. En donnant accès à son marché unique (450 millions de consommateurs) pour tous les produits britanniques sans droits de douane ni quotas, l’Union européenne accorde un privilège aux entreprises du Royaume Uni. Les exportations britanniques, destinées à 46% à l’Europe, pourront continuer sans surcoût. Le traité garantit une connectivité aérienne, routière, ferroviaire et maritime continue. 
La concurrence entre les opérateurs s’exerce dans des conditions équitables « afin que les droits des passagers, des travailleurs et la sécurité des transports ne soient pas compromis ».
Traduction : À supposer qu’il ait pu en avoir, EasyJet n’a aucune inquiétude à se faire sur sa compétitivité, son business-modèle et ses parts de marché.
La City demeure au coeur des finances européennes.
Ni la finance ni aucun service ne font partie de l’accord (80% de l’économie britannique et de la plupart des économies sur le continent). Mais l’espoir de vider la City de son pouvoir reste de l’ordre de la formule magique.
Le compromis difficilement trouvé sur la pêche prévoit une période de transition jusqu’en juin 2026, à l’issue de laquelle les Européens auront progressivement renoncé à 25% de leurs prises dans les eaux du Royaume-Uni.
– Le Royaume Uni est un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. L’alignement systématique de Londres sur Washington (depuis août 1941) dans la gestion des crises relativise cette perte pour l’Europe, mais en affaiblit assurément l’image.
– Il dispose d’un armement atomique, même si celui-ci ne peut être utilisé sans l’aval des Etats-Unis du fait de la fourniture, en octobre 1962, des fusées Polaris américaines, découlant de l’accord MacMillan/Kennedy à Nassau, à l’origine de la rupture franco-britannique.
La coopération en matière de politique étrangère, de sécurité extérieure et de défense n’est pas couverte par l’accord. Le Royaume-Uni a exclu cette question de la négociation. Dès lors que presque tous les pays de l’Union sont sous commandement de l’OTAN (y compris ceux qui n’y appartiennent pas de jure), cela n’a que très marginalement d’importance.
Au reste, le traité ou Accords de Lancaster House signé par N. Sarkozy et D. Cameron à Londres en novembre 2010, consolide le retour de Paris sous le commandement américain en novembre 2007, rejoignant la plupart des ex-pays de l’Est, alors que le Pacte de Varsovie a disparu depuis une trentaine d’années. En 1963, C. De Gaulle avait refusé semblable transaction que lui avait soumise H. McMillan.
Ce que la Grande Bretagne va espérer gagner : « Singapour sur Tamise »
Jeu à somme non nulle : l’Union perd un membre et s’inflige un concurrent.
La perspective appréhendée par Bruxelles est connue depuis longtemps : la Grande Bretagne va accentuer sa politique d’avantages comparatifs en matière sociale et fiscale. La position européenne est claire mais inefficace : si Londres voulait un accord douanier avantageux ouvrant le marché européen à ses produits et inversement, il ne pourrait pas s’affranchir totalement des normes communautaires et créer ainsi un concurrent dérégulé et déloyal aux portes de l’Union. Un voeu pieux.
Pérégrination rétrospective.
Retour aux conditions initiales
Avant qu’un ancien directeur général de la banque Rothschild déguisé en président ne lui ouvre les portes en 1973, le général de Gaulle s’était fermement opposé à l’entrée de la Grande Bretagne dans l’Europe alors à six. Il craignait pour la Politique agricole commune (PAC) et évidemment pour les agriculteurs français. Il redoutait de voir la Communauté économique européenne (CEE) transformée en une vaste zone de libre-échange. Il voyait surtout dans la Grande-Bretagne un cheval de Troie des États-Unis : l’adhésion britannique aurait, selon lui, fait de l’Europe européenne une Europe atlantique. Il inclinait pour un approfondissement du Marché commun plutôt que pour son élargissement.
Rétrospectivement, qui prétendrait que les craintes du Général n’étaient pas justifiées ?
Ecoutons-le converser avec MacMillan Premier ministre de sa Majesté :
« Au point de vue économique, vous, les Britanniques, dont l’activité repose principalement sur de larges échanges avec les Etats-Unis et sur un système de ventes et d’achats préférentiels avec le Commonwealth, accepteriez-vous vraiment de vous enfermer avec les Continentaux dans un tarif extérieur qui contrarierait gravement votre commerce américain et exclurait vos anciens dominions et vos colonies d’hier? Vous, qui mangez pour pas cher le blé du Canada, les moutons de Nouvelle-Zélande, les bœufs et les pommes de terre d’Irlande, le beurre, les fruits, les légumes, d’Australie, le sucre de la Jamaïque, etc., consentiriez-vous à vous nourrir des produits agricoles continentaux en particulier français, nécessairement plus coûteux ? Vous, dont la monnaie est celle de la vaste zone sterling, comment la débarrasseriez-vous des hypothèques, dettes et obligations que comporte ce caractère international, pour la ramener au rang modeste d’une bonne livre simplement anglaise ? »5
Le 14 janvier 1963, le général de Gaulle oppose son veto à la demande d’adhésion du Royaume-Uni, évoquant le caractère incompatible des intérêts économiques continentaux et insulaires.
Est-il si surprenant qu’un Jean Monnet résolument anti-gaullien exprime un avis opposé ?
« Certains pensent et disent que l’Angleterre, une fois dans les institutions européennes, freinera tout naturellement le développement de l’Europe. Je ne le pense pas. Je crois que ce sera le contraire. Au lieu d’être un frein, l’Angleterre sera un élément actif et constructif. Ma raison est que le Gouvernement anglais s’est rendu compte que les grands problèmes internationaux ne pouvaient être influencés que par une force plus grande que la Grande Bretagne, c’est-à-dire l’unité européenne et l’association avec l’Amérique. L’Angleterre sera naturellement amenée, une fois qu’elle en fera partie, à développer l’unité européenne. » Lettre de Jean Monnet (président du Comité d’action pour les États-Unis d’Europe) à Jaap A. W. Burger (03 août 1961)
C’est dans cette logique que B. Obama se trouvait lorsqu’il fit une visite le 21 avril 2016 à Londres à deux mois du référendum sur le Brexit. Il a plaidé avec force pour le maintien de son allié britannique au sein de l’Union, dans cette fonction de Cheval de Troie que redoutait tant la France Gaullienne. Pas plus que ses prédécesseurs, Obama ne s’en cachait.
« Le Royaume-Uni excelle lorsqu’il aide à diriger une Europe forte ». « Certains pensent peut-être qu’il y aura un accord de libre échange USA/Royaume-Uni mais cela n’arrivera pas de sitôt (…) Le Royaume-Uni sera en queue de peloton », avait menacé le président américain lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre britannique David Cameron. « Nous sommes concentrés sur les négociations avec le grand bloc » européen, a-t-il insisté.
Dans une tribune publiée par le Daily Telegraph il argumentait : « L’Union européenne ne diminue pas l’influence britannique – elle l’amplifie ».
Hélas ! Les électeurs britanniques ne l’ont pas écouté. Et ce n’est pas D. Trump qui les en a blâmés.
Lors de cette visite, Nigel Farage, le leader du parti xénophobe Ukip, avait laissé tombé, rassuré : « Heureusement, il quittera ses fonctions bientôt ».
Le Brexit, c’est la continuation de la guerre par d’autres moyens…
L’OMC (comme la plupart des institutions internationales) est de plus en plus enjambée, contournée, ignorée dans une allègre déréglementation universelle orchestrée par une Amérique qui condamne au nom de sa justice extra-territorialisée qui bon lui semble, sans n’avoir de compte à rendre qu’à elle-même.
La Grande Bretagne se retire de l’Union mission accomplie : l’Europe n’est plus fermée aux marchés, à la mondialisation et ne pose aucune contrainte sérieuse à l’hégémonie américaine. Les Européens s’étripent -à quelques restrictions près- comme cela se pratique de manière ordinaire dans la jungle extra-muros que constitue désormais l’économie mondialisée à peine réglementée. Ce sera la guerre au moins pour une raison : l’Union devra prouver à tous les citoyens européens qui accusent Bruxelles de la dégradation de leurs conditions sociales et économiques et qui ont vu les Britannique fêter leur sortie de l’UE, que quitter l’Europe ne saurait être un succès.
Si les Européens ne parviennent pas à faire cette démonstration, alors il est à craindre que la Grande Bretagne ne soit que la première étape d’un processus de déconstruction dont personne ne peut prévoir les conséquences ultimes.
Le problème est que B. Johnson va pratiquer une politique de déficit public très importante à la D. Trump6 destinée à relancer l’activité, notamment par l’investissement dans les infrastructures, recherche et innovation, avec création massive d’emplois.
Dès le mois d’avril le smic britannique est augmenté de 6% pour dépasser le salaire minimum français. Nationalisation d’une compagnie régionale ferroviaire dans une région travailliste qui a voté conservateur lors des dernières législatives. Opportuniste ? Tactique ? Si cette politique aboutissait à plus de croissance, plus d’emplois, plus création de richesses, alors les tenants de la politique monétariste européenne auraient des soucis à se faire. Même si elle pourrait être discutable en raison de ses conséquences à long terme, il suffirait qu’elle aboutisse à de bons résultats à court terme pour accentuer les contraintes sociales et politiques en Europe continentale. La Grande Bretagne ne manque pas d’alliés : même si on oublie la reconstitution impériale improbable servie à la nostalgique opinion britannique, les Etats-Unis sont à ses côtés, résolus depuis longtemps à la destruction d’une Union tentée par une illusoire autonomie.
Les rêves calédoniens.
Lors du premier referendum d’autodétermination de l’Écosse qui s’est déroulé le jeudi 18 septembre 2014, et qui a été perdu de peu, on avait dit aux Ecossais « si vous voulez votre indépendance, alors vous devriez sortir de l’Union Européenne ». Aujourd’hui, la donne est inversée : « Votre indépendance vous permettra de demeurer dans l’Union » et Londres ne pourrait alors opposer son veto. L’« Union Jack » serait alors une bannière en péril.7
« L’Ecosse reviendra au coeur de l’Europe en tant que pays indépendant », avait tweeté la Première ministre indépendantiste écossaise Nicola Sturgeon, déterminée à lutter contre le refus de Londres d’autoriser un référendum sur l’indépendance. A Edimbourg, le drapeau de l’UE continuera de flotter après le Brexit devant l’assemblée locale, où des centaines de personnes se sont réunies le 31 janvier 2020 pour affirmer leur opposition au départ de l’UE.
Géographie irlandaise à n dimensions.
L’UE, veut à tout prix éviter que le Royaume-Uni ne cherche à obtenir un accès « à la carte » au marché unique et à l’espace douanier européen, sans les obligations qui lui sont liées.
Michel Barnier avait insisté pour que l’Irlande du Nord seule reste dans l’union douanière et le marché unique, sans date limite, si aucune meilleure solution n’est trouvée dans les futures négociations sur la relation post-Brexit entre l’UE et Londres. Mais ce « filet de sécurité » (« backstop » en anglais) créerait une nouvelle frontière de fait, cette fois-ci entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni, protestent les unionistes nord-irlandais.
Ce serait une « annexion permanente de l’Irlande du Nord, qui sortirait du Royaume-Uni, et nous laisserait pour toujours soumis à des règles écrites sans que nous ayons notre mot à dire », a déplorait sa dirigeante, Arlene Foster, dans une tribune du Belfast Telegraph. Inversement, la frontière irlandaise permet à Londres de sortir de l’Union par la porte et d’y faire rentrer ses marchandises par la fenêtre.
Tout cela n’est plus d’actualité.
Redistribution de cartes en Europe.
Égarements français.
Contrairement aux bénéfices présumés du Brexit régulièrement annoncés à son opinion publique, la France sera peut-être un des plus grands perdants du départ de la GB que la proximité géographique ne fera que renforcer.
– Beaucoup de bruit a été fait autour du profit que la France escomptait tirer du Brexit. En réalité, les transnationales, notamment américaines, ne semblent pas avoir été si effrayées que cela par le Brexit. Et, pour s’en tenir à celles qui ont déménagé ou dédoublé leurs sièges, c’est moins Paris que Amsterdam et Francfort qui en ont le plus bénéficié.
– La France en déficit commercial structurel (supérieur à 60 Mds€) va perdre un des rares pays avec lesquels elle dégage un excédent.8
– Plus que tout autre pays européen, les problèmes de la pêche affecteront davantage les marins français sous la menace d’interdiction pour un accès dans les eaux britanniques où les pêcheurs français réalisent 30% de leur chiffre d’affaires. Des milliers d’emplois sont en jeu.
– Selon les circonstances la France affirme hautement son ouverture à l’Europe, mais elle se garde bien de partager certains atouts qu’elle possède.
De plus, les Français ont du mal à se dépêtrer de la réputation de donneurs de leçons. Les Lumières (des Encyclopédistes à Charles de Gaulle, chacun fera le tri qui lui convient) qui pourraient justifier cette image ont bien pâli. Deux exemples tirés de la brûlante actualité :
Le voyage du président Macron en Pologne lundi 03 février a été précédé par des échanges polémiques entre les deux pays. Paris ne rate pas l’occasion de contester la politique polonaise dès l’arrivée au pouvoir en 2015 du parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS). Depuis son élection, Emmanuel Macron a critiqué Varsovie pour ses réformes controversées de la justice – encore durcies cette année par une loi du 23 janvier. Mais ce ne seraient que des prétextes à une fâcherie dont on ne discerne pas avec précision la réelle portée. Les Polonais ne supportent plus l’attitude des autorités françaises renvoyées à leurs propres difficultés intérieures. D’autant moins qu’au-delà de Varsovie, ce sont tous les ex-PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale) qui refusent le statut informel de membres mineures de l’Union « qui devraient se contenter des Fonds Structurels nécessaires à leur développement ». On les dit intégrés par charité après la Chute du Mur de Berlin, après avoir contribué à la destruction de l’Union Soviétique, certains refusent de servir de supplétifs contre la Russie de Poutine.
L’Espagne, le Portugal et la Grèce éprouvent des ressentiments similaires.
Ce ne seront pas les pays des Balkans, la Macédoine en tête, interdits d’Europe du fait de l’opposition que E. Macron a brandie, qui le contesteraient. Certes, l’élargissement a été fait dans la précipitation sous la pression des Etats-Unis. Certains soupçonnent, non sans raisons, ces nouveaux membres d’utiliser l’Union comme anti-chambre de l’OTAN et pour le seul bénéfice des subventions communautaires. Comment ces pays accepteraient-ils le Brexit sans être tentés par un projet similaire, dès lors qu’il est possible de quitter l’Union sans perdre les avantages qu’elle procure ? Certes les subventions dont ils jouissent pèsent dans ces calculs et dans les budgets.
Pour combien de temps ?
Il est tout aussi vrai que l’Allemagne et son industrie en tirent un meilleur parti que la France. A ce compte, il serait vain de crier à la compétition déloyale. La compétition fiscale est largement pratiquée au sein même de l’Union : le Luxembourg, les Pays-Bas ou la Suisse arrimée à l’Europe (sans compter Gibraltar qui héberge un nombre incalculable de boîtes à lettres et autant d’entreprises fantômes), moyennant quelques mesures cosmétiques, ne s’en cachent pas. Ils « lavent toujours plus propre » et recyclent toute sorte de capitaux d’origine indéterminé. Il en est de même de la compétition sociale. Les entreprises européennes la pratiquent ouvertement : il suffit de lire les plaques minéralogiques des camions qui traversent toute l’Europe. Le problème concerne les citoyens européens et leurs dirigeants (en l’occurrence français) qui critiquent d’un côté un système et qui l’entretiennent de l’autre. Qui tiennent un discours à Bruxelles, où ils votent des directives et un autre à Paris où ils en déplorent les conséquences.
La perte d’influence française dans le monde au cours des trois derniers quinquennats, en particulier en Europe, en Afrique et au Proche-Orient est un fait indéniable. Le président français perd pied aussi bien dans son pays qu’à l’étranger où l’image de son pays s’est notablement dégradée.
Vendredi 31 janvier au matin un message a été placardé, sur les portes des quinze étages de la tour Winchester située à Norwich. Il a été adressé aux nombreux résidents, quelques heures avant l’officialisation tant attendue de la sortie du Royaume-Uni hors de l’Union européenne. Voilà son contenu : « Alors que nous récupérons enfin le contrôle de notre pays nous pensons qu’une règle en particulier doit être clairement établie parmi les résidents de la tour Winchester. Nous ne tolérons pas ceux qui parlent une autre langue que l’anglais dans les appartements. »
Avec une menace à peine voilée : « Si vous tenez vraiment à parler la langue du pays duquel vous venez, nous vous suggérons d’y retourner et de rendre votre appartement afin que des Britanniques puissent y vivre et que les choses reviennent à ce qui était la norme avant que vous ne veniez infecter cette île qui jadis fut grande ».
Le message se termine par un « God save the Queen » retentissant.
Que la sortie de la GB hors d’Europe soit saluée et accompagnée d’une flore et une faune extrémiste de ce genre, exprimant une volonté de clôture et de repli sur soi ne distingue pas les Britanniques des autres Européens dont ils se sont séparés. Ce phénomène est le lot de tout le continent qui érige, comme nous l’avons noté, des « murs » tout autour de lui.
Le plus inquiétant est peut-être que cette injonction en faveur de la langue anglaise soit reprise à leur compte par tous les pays de l’Union, y compris par celui, la France où la défense de la langue et de la culture françaises ne relève plus de l’« exception » qu’elle imposait fermement à ses partenaires.
« L’anglais n’est plus une langue étrangère » déclarent les « élites » hexagonales qui espèrent sans réellement y croire attirer des étudiants étrangers, naturellement venus d’Europe et d’Amérique du Nord. C’est ironique, au moment où la GB quitte l’union en rompant avec le système Erasmus, peut-être la perte la plus irréparable de toute cette affaire.
Ceci a pour conséquence une perte de l’enseignement du français dans les ex-pays de l’Est et dans le reste de la francophonie qui n’a plus qu’une valeur médiatique.9 Des voix s’élèvent pour profiter du départ de la GB pour réhabiliter les langues européennes et multiplier leur enseignement dans toute l’Union.10 « La langue de l’Europe c’est la traduction », disait Umberto Ecco. Ces voix prêchent dans le désert. C’est d’autant plus ironique que l’anglais n’a jamais été international que par la grâce de la puissance américaine. L’atlantisme, dans le dos du gaullisme, a accouché des générations, aujourd’hui un peu partout à la tête de leur pays, de petits Européens voués au culte messianique de l’Amérique guidant le monde11. Emmanuel Macron en est une brillante caricature, avec un travers purement indigène, une rhétorique emphatique, résultat de la sélection formatée des élites bourgeoises françaises.
Le torchon brûle entre Paris et Berlin.
Ce même lundi 03 février deux informations tombent :
– La première est la démission avant terme de Jan Wörner, directeur de l’ESA qui évoque des « jeux très sales » des « mensonges » et des « rumeurs », qui se sont propagés dans la presse « intentionnellement afin de me faire du mal » et, « en même temps », de « blesser la constitution démocratique de l’ESA ». (La Tribune, L. 03 février 2020). Lors du Sommet de Séville, Jan Wörner avait bénéficié d’un très fort soutien de la délégation allemande et de ses alliés. Mais Paris, très peu satisfait du directeur général de l’ESA, avait été très réservé sur la question. CQFD12
– Un tabou est brisé : l’Allemagne doit « envisager une coopération avec la France en ce qui concerne les armes nucléaires », faisait mine de demander le vice-président du groupe parlementaire de l’Union démocrate-chrétienne (CDU), Johann Wadephul dans un entretien au quotidien Tagesspiegel ce même lundi. Le pays « devrait être prêt à participer à la force de dissuasion nucléaire avec ses propres capacités et moyens », poursuit cet élu du mouvement de la chancelière. Cette demande est ancienne mais jusque-là discrète, seulement proférée dans des salons cossus off the record. Elle est proposée dans un cadre européen pour mieux faire passer la pilule, mais vise en fait un cadre bilatéral. Elle porte sur l’armement nucléaire, mais elle portait aussi sur le siège de la France au Conseil de sécurité, par exemple en alternant Français et Allemands. Les méchantes langues rapprocheraient la situation de la France de celle de la Grèce en 2015, au moment où se négociait le sort de Athènes alors que se murmurait l’hypothèse d’un Grexit. Elles rappelleraient la proposition allemande qui fit scandale d’échanger la dette grecque contre quelques îles… que Athènes possède en excès et que les touristes allemands sont si nombreux…13 Turcs et Allemands auraient eu la frontière commune à laquelle la Sublime Porte puis Atatürk avaient tant aspiré.
A l’évidence les « amitiés » Adenauer-De Gaulle ou Kohl-Mitterrand ne sont plus d’actualité.
La France déficitaire n’a plus beaucoup d’avantages comparatifs, en dehors de ses bombes atomiques obsolètes et de son siège au Conseil de sécurité aux Nations Unies… Et les Allemands ont tant de comptes à régler avec leurs « chers » voisins si imbus d’eux-mêmes…14 Le consensus trouvé lors du Sommet de la mi-juillet pour financer les dommages provoqués par la pandémie, en permettant à l’Union de s’endetter au nom de tous a laissé croire que les « pays frugaux » (Danemark, Pays-Bas, Suède, Autriche) avaient été soumis et que l’Allemagne avait abandonné la rigueur budgétaire qu’elle a toujours défendue.
Les autorités françaises savent bien qu’il n’en est rien.
1.- La concrétisation de ces décisions (limitées à cet objet) prendra du temps et sera strictement conditionnée (et pas seulement au respect de l’« Etat de droit » que la France prétend imposer à la Pologne et à la Hongrie) ;
2.- Si le ministre de l’économie tient tant aux « réformes structurelles » touchant à la retraite et à l’indemnisation du chômage c’est justement parce qu’il sait qu’il ne serait qu’illusion de croire à un abandon de la « politique de rigueur » de ses partenaires. Dans les coulisses, à l’abri de caméras et des micros, des engagements fermes ont sans doute été pris.
3.- Les pays de l’ancienne zone Mark, toujours présente, savent qu’il ne faut pas tuer la « poule aux oeufs d’or ». L’Union est une chasse relativement gardée dont ils tirent une part importante de leurs revenus et de leur prospérité. Mais le chantage « Too big to fail » ne confère aucune protection éternelle. Le paysage change peu à peu, les cartes se redistribuent, le monde se transforme.
Le laboratoire britannique.
Toutes proportions gardées, il en est de la souveraineté comme de l’amitié (anthropomorphisme cynique) que l’homme s’imagine avoir avec son chien. En Chine ou en Afrique on l’assaisonne, en Grande Bretagne on le fait courir. Serait-ce à cette attachante et traditionnelle empathie que Anthony Blair avait mérité l’insigne qualité de meilleur « caniche » de Bush ?
Depuis, les chenils américains débordent de candidats.
Derrière l’image il y a le déclin de l’empire de Sa Majesté sur lequel le soleil s’est irréversiblement couché. L’entre-deux guerres n’a pas été tendre avec l’Europe et avec la Grande Bretagne. On peut tenir 1931 pour une date historique qui a marqué la fin de la Livre Sterling et celle et du souvenir de l’Empire de la Reine Victoria. La rencontre dans le plus grand secret le 14 août 1941, à bord d’un navire de guerre au large de Terre-neuve, entre le président américain Franklin D. Roosevelt et le Premier ministre britannique Winston Churchill, accoucha de la Charte de l’Atlantique et du début d’un processus qui fit de la Grande Bretagne la « plus grande amie » de l’Amérique.
Le locataire du 10 Downing Street d’alors croyait avoir jeté avec son cousin d’Amérique les fondements de l’ordre politique international de l’après-guerre.
Travaillistes comme conservateurs (Churchill, MacMilan, Heath, Thatcher, Major, Blair, Brown… Johnson) avec quelques nuances mineures, ont suivi fidèlement cette ligne de conduite en s’illusionnant sur la portée des « special relationship » auxquels ils étaient seuls à faire semblant de croire. Leur argument? 
L’inoxydable conjecture chevènementiste du papillon qu’on priait de rentrer dans le bocal pour le faire bouger. Et, invariablement, la fixité du bocal est inversement proportionnelle à la vaine agitation du papillon. Certes, on peut faire mine de comprendre que le pacte UKUSA (pointe avancée d’un Occident judéo-chrétien réformé obnubilé par des menaces millénaristes), relativise et compense entre alliés les pertes ou gains de souveraineté. La mobilisation d’un Occident inquiet d’abord face à la menace communiste, engagé ensuite dans un « choc des civilisations » face à la multitude d’un monde méridional divers et populeux, peut justifier un « containment » salutaire qui incline à au resserrement des rangs. Les Britanniques pouvaient se consoler à se sentir membres d’un Tout et non supplétifs d’une partie.
Ce n’est malheureusement pas le cas.
Le recours aux désordres extérieurs, des cités grecques à la Ligne Maginot, en passant par la Muraille de Chine, a toujours été agité pour domestiquer les vassaux et conforter l’ordre intérieur. Ce qui fait problème au fond n’est pas la perte de souveraineté, mais les concessions unilatérales qu’aucune alliance n’impose. Que c’est dur de continuer à paraître quand on a été.
Le laboratoire britannique prend ici l’allure d’un paradigme.
Partout, les nations et les pactes régionaux explosent ou menacent de dislocation. Pour ceux qui ont éclaté, surtout à l’Est ou en cours d’éclatement : la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, Chypre, la Libye, l’Irak, la Syrie, le Cameroun, le Soudan, l’Ukraine… Demain : l’Espagne, l’Italie, la Belgique… La Grande Bretagne ?
Le GATT, 1947/48 (l’OMC depuis 1995) a toléré la CEE, mais seulement dans la mesure où elle participait du Plan Marshall qui devait enfanter d’une Europe atlantiste, c’est-à-dire américaine, avec une armée de Monnet pour tenir la chandelle. D. Trump ne dissimule pas les objectifs que J. Biden reprend à la lettre près : de l’extérieur et de l’intérieur, avec la collaboration de certains Européens qui n’osent pas encore le déclarer publiquement, tout sera fait pour mettre un terme à cette expérience, à cette utopie qui n’a que trop duré. Le Brexit doit être appréhendé comme l’annonce d’une redistribution de cartes (géopolitiques) de première grandeur qui dépasse le cadre du Royaume Uni. Rien ne devra s’interposer entre l’Empire et les tribus.
« J’ai enfreint la règle de Noé : prédire la pluie ne compte pas. Ce qui est important, c’est de construire des arches. » Warren Buffett
Notes
1 * Professeur associé à la retraite, Université Louis Pasteur, Strasbourg.
2 AFP, V. 25/12/2020
3 Ratifications parlementaires et pas populaires. Le ré férendum serait le meilleur moyen de le rejeter.
4 « Si vous ne pouvez pas les défaire, rejoignez-les ».
5 Charles de Gaulle.
« Mémoires d’espoir ». Tome I: Le renouveau (1958-1962). Paris: Plon, 1970, p. 230-232.
6 N’oublions pas la coïncidence historique : Trump et Johnson sont au pouvoir dans leurs pays, comme en 1979-1980, Mme Thatcher et R. Reagan y arrivent en même temps pour pratiquer une politique impériale (très symbolique pour Londres, dont la guerre des Malouines tente d’entretenir l’illusion) monétariste, anti-étatique et antisyndicale identique.
7 Le drapeau du Royaume-Uni, connu sous le nom d ‘Union Flag ou Union Jack, a été créé en 1606, en symbole de l’Union de l’Angleterre et de l’Écosse Il combine la croix de saint Georges du drapeau anglais et la croix de saint André du drapeau écossais. Après 1801, ce drapeau fut augmenté de la croix de saint Patrick pour représenter l ‘Irlande.
8 Selon une note de Bercy, le Royaume-Uni était en 2019 le 6e client de la France et son 7e fournisseur. Les échanges bilatéraux sont excédentaires pour la France avec 33,6 milliards d’euros d’exportations et 21,1 milliards d’importations. En outre, la chute de la livre après le Brexit a eu pour conséquence de réduire la compétitivité-prix des produits français, vendus en euros. C’est le cas des médicaments, par exemple, que le Royaume-Uni prévoit d’importer des Etats-Unis.
9 Lire : « Abdou Diouf dénonce le désintérêt de la France pour la francophonie ». Le Monde, S. 30 juin 2012.
10 Lire la tribune publiée dans le Figaro par Astrid de Larminat, mercredi 27 mars 2013. Et le livre de Claude Hagège, « Contre la pensée unique » O. Jacob, 2012, 245 p.
11 Très exactement les mots de J. Biden dans son discours au lendemain du scrutin de novembre dernier.
12 Cf. A. Benelhadj : « L’astronautique européenne relancée à Séville ». Le Quotidien d’Oran, J. 05 déc. 2019.
13 Cf. A. Benelhadj : « Grèce européenne dans une Europe germanique ». Le Quotidien d’Oran, L. 20, mardi 21 et mercredi 22 juillet 2015.
14 Cf. A. Benelhadj : « Divergences franco-allemandes ». Le Quotidien d’Oran, J. 09 février 2017.
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