Sahara occidental : Violation systématique des droits de l'homme perpétrée par l’occupant

Selon les organisations chargées d’observer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, les forces d’occupation marocaines ont aussitôt mené, après la reprise des combats, des campagnes de repression barbares en portant atteinte à la vie humaine, opéré des séries d’enlèvements qui ont touché même les mineurs, en plus de la torture, des descentes aux domiciles des activistes politiques, des défenseurs des droits de l’homme, des blogueurs et des journalistes…

LE 13 novembre 2020, l’occupant marocain ne s’est pas contenté de s’attaquer à des manifestants civils sahraouis, pacifiques et désarmés, dans la région d’El-Guerguerat et de violer ainsi l’accord de cessez-le-feu conclu en 1991 avec le Front Polisario, sous l’égide des Nations unies, mais il a, en représailles, intensifié les opérations de répression contre le peuple sahraoui dans les villes occupées. Ces campagnes ciblent particulièrement les militants des droits de l’homme et les journalistes, profitant de l’état de guerre et du vide créé par le blocus et le black-out médiatique imposé à la région.
Par son action, l’occupant marocain a prouvé, après l’opération d’El Guerguerat, qu’il continue de transgresser et de faire fi des principes fondamentaux des droits de l’homme. Selon les organisations chargées d’observer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, les forces d’occupation marocaines ont aussitôt mené, après la reprise des combats, des campagnes de repression barbares en portant atteinte à la vie humaine, opéré des séries d’enlèvements qui ont touché même les mineurs, en plus de la torture, des descentes aux domiciles des activistes politiques, des défenseurs des droits de l’homme, des blogueurs et des journalistes… A cela s’ajoute le déploiement de l’armée marocaine et la fermeture des accès des villes sahraouies occupées comme Laâyoune et Boujdour. A titre d’exemple, à Boujdour, le 14 décembre 2020, les forces d’occupation marocaines ont fait irruption au domicile de l’activiste et militante sahraouie des droits de l’homme, Oum Saad Ezzaoui, et l’ont agressée ainsi que les membres de sa famille. Cette lâche agression a d’ailleurs touché plusieurs militants et militantes, dont Hamada Samed, Ibrahim Hamad Samed et bien d’autres.
Avec la même méthode répressive, les forces de l’occupation marocaines ont violenté, le 23 décembre 2020, des femmes sahraouies, rue Smara, dans la ville de Laâyoune occupée, en les traitant d’une manière indécente, sans tenir compte de leur sexe, et ce, suite à une manifestation féminine pacifique qu’elles ont organisées, en arborant avec fierté le drapeau sahraoui et scandant des slogans revendiquant l’indépendance des territoires occupés. Le makhzen a poursuivi sa campagne de répression à l’encontre du peuple sahraoui, allant jusqu’à prononcer des peines arbitraires et injustifiées à l’encontre de prisonniers sahraouis civils. Les autorités de l’occupation ont prononcé ainsi, le 9 décembre 2020, des peines sévères et injustes à l’encontre des prisonniers Ahmed Habdi El Karkar, Nasrallah El Karhi et Ali Chighali Ouadane, pour leur participation à des manifestations organisées dans la ville de Laâyoune, qui coïncidaient avec l’annonce par le Front Polisario de la reprise des combats armés, après la violation par l’occupation marocaine du cessez-le-feu, le 13 novembre 2020. Ils ont été condamnés à des peines allant jusqu’à dix mois de prison, sans qu’une enquête ne soit menée sur la véracité de leurs déclarations au sujet de la torture qu’ils ont subie ou des aveux qu’ils ont signés sous la contrainte, selon les conclusions de la Ligue pour la protection des prisonniers, tirées des informations obtenues par les familles des détenus.
Parmi les crimes également commis contre le peuple sahraoui, il y a lieu de noter que le 18 novembre 2020, les autorités d’occupation ont empêché la présidente de l’instance sahraouie contre l’occupation marocaine, Mme Aminatou Haïdar, de se déplacer aux îles Canaries, sous prétexte qu’elle serait atteinte du Covid-19 ! Le vrai motif était la restriction de la liberté de déplacement et de voyage des militants et activistes sahraouis, exposés à des représailles pour leur combat et leur militantisme pour les droits de l’homme, et la dénonciation la politique répressive du Maroc, notamment depuis la création, le 20 décembre 2020, de l’instance sahraouie contre l’occupation marocaine. Sa concitoyenne Sultana Khaya a été, elle aussi, victime de la même décision arbitraire et arrêtée, à son retour d’un voyage, par les services de police au niveau de l’accès nord de ville de Boujdour occupée. A sa grande surprise, elle sera malmenée et menacée. Les forces de police de l’occupant ont fait ensuite irruption à son domicile et s’en sont prises à ses proches. Ces agressions font figure de tentatives des autorités de l’occupation visant à terroriser les militants des territoires occupés et à les empêcher d’adhérer à la dernière décision du front populaire portant sur la reprise du combat armé.
Désapprobation et condamnation
Plusieurs organisations internationales ont fait savoir que l’opération d’El Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental, a été suivie par d’autres actes de répression, menés par la police royale contre les militants sahraouis. Il s’agit d’incursions aux domiciles, de surveillance et de liquidation d’activistes. C’est ce que la Commission nationale sahraouie des droits de l’homme a fait mention lors de la 67e session de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, chargée d’étudier la situation des droits de l’homme sur le continent africain. A l’occasion, elle a affirmé que les autorités de l’occupation marocaine se préparent à commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en territoires occupés et ce, pour se venger des participants aux évènements d’El Guerguerat et des manifestants qui revendiquent l’indépendance de ce territoire.
Le président de la commission sahraouie n’a pas manqué de rappeler aux membres de la commission africaine, à l’assistance constituée des représentants des Etats et gouvernements de l’Union africaine (UA) ainsi que des représentants des organisations nationales et de la société civile, les impératifs et la pertinence de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Il a évoqué notamment l’article 20, relatif au droit des peuples à l’autodétermination, et l’article 21, relatif à la souveraineté des peuples sur leurs richesses naturelles, indiquant que le Maroc est le seul pays africain à ne pas ratifier ladite charte et ne permet pas à la commission de visiter les territoires occupés de la République arabe sahraouie démocratique, ce qui va à l’encontre des décisions de l’UA. Cette attitude suscite de nombreuses questions sur cet entêtement et comportement irresponsable du Maroc.
De même, la commission sahraouie a appelé la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples à assumer, dans l’immédiat, ses responsabilités pour condamner cette agression contre un pays africain occupé, et de prendre les mesures nécessaires et immédiates qui s’imposent pour la protection des civils sahraouis contre la cruauté de l’occupant, conformément aux dispositions de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples mais aussi des conventions internationales pertinentes. La commission a demandé également de procéder, dans les plus brefs délais, à l’organisation d’une visite dans les territoires occupés, en application des décisions de l’UA et d’enquêter, surtout, sur les violations commises contre le peuple sahraoui dans cette dernière colonie d’Afrique que la commission n’a jamais visitée, en dépit des appels qui lui sont lancés.
Conscient de la gravité de la situation des droits de l’homme, piétinés par l’occupant marocain, notamment après la violation du cessez-le-feu, le Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits de l’homme au Sahara occidental, composé de 256 organisations non gouvernementales (ONG), a appelé le commissaire des droits de l’homme à dépêcher, au plus vite, une mission de surveillance au Sahara occidental occupé. Il lui a demandé de présenter son rapport pour la prochaine session du Conseil des droits de l’homme afin de se pencher sur les violations des droits de l’homme. Pour sa part, partant des graves violations que subissent les droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, l’instance sahraouie contre l’occupation marocaine (Isacom) a fait appel au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour intervenir rapidement et faire pression sur le Maroc afin de lui imposer le respect de la quatrième convention de Genève relative à la protection de la population civile en temps de guerre, après que le régime marocain ait déclenché une nouvelle guerre contre le peuple sahraoui. L’instance a rappelé la responsabilité du CICR, qu’il a longuement abandonnée, sous prétexte qu’il n’y avait pas de guerre dans le pays, raison infondée depuis le 13 novembre 2020.
Un registre chargé de violations et de crimes
Depuis qu’il a posé pied dans les territoires sahraouis en 1975, l’occupant marocain a commis de graves violations des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité. A ce propos, son «registre» est chargé de transgressions. En effet, le Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’homme (Codesa) a dénoncé dans son rapport annuel de 2019, les violations colossales des droits de l’homme commises par l’occupant contre les civils sahraouis, avec des données et des preuves témoignant du caractère systématique des crimes contre l’humanité et des violations répétées des droits de l’homme.
Le rapport indique, dans les statistiques enregistrées, la répression de plus de 170 manifestations pacifiques, qui ont fait 700 victimes sahraouies, tous âges et catégories sociales confondus. Le rapport indique, d’un autre côté, la poursuite des campagnes d’arrestations politiques à l’encontre de toute personne osant exprimer sa position soutenant l’indépendance de son pays. Il a également inclu la liste des procès injustes intentés aux militants, aux défenseurs des droits de l’homme, aux blogueurs et aux étudiants, qui sont loin de répondre aux critères d’un procès équitable. Des observateurs étrangers et les familles des «accusés» ont été empêchés d’assister aux procès.
Le rapport Codesa affirme que ces violations sont commises à l’ombre du blocus militaire, policier et médiatique et même juridique imposé aux villes sahraouies occupées, fermées par les autorités d’occupation aux délégations de juristes internationaux et observateurs étrangers. Un avis que partage Amnesty international qui déclare, dans un communiqué détaillé publié en octobre 2020, que les restrictions longtemps imposées par les autorités marocaines à l’accès des organisations indépendantes pour les droits de l’homme et des journalistes aux territoires occupés, sont toujours en vigueur au Sahara occidental et ont limité la surveillance des violations des droits de l’homme et permis aux forces de sécurité marocaines d’échapper à la justice. Il est clair que les violations quotidiennes commises par l’occupant, mettent à mal la situation des droits de l’homme dans la partie occupée du Sahara occidental et que les villes occupées servent de prisons dans lesquelles l’occupant marocain peut commettre à sa guise les pires violations des droits de l’homme, à l’abri des regards des observateurs internationaux, échappant ainsi aux sanctions et à la justice internationale.
C’est à se demander alors où sont les organisations régionales et internationales.
Source : El Djeich n° 691, février 2021
Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, droits de l’homme, CODESA,
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