La société met le pied à terre contre une culture d’impunité envers les hauts responsables politiques L’élection présidentielle de l’année prochaine en France passera probablement – comme la dernière – à un concours entre le président Emmanuel Macron et Marine Le Pen, leader du Rassemblement National. Cette confrontation entre le centrisme libéral de Macron et le nationalisme d’extrême droite de Le Pen est le cadre actuel par défaut de la politique française. La lutte traditionnelle entre socialistes français et conservateurs pour l’occupation de l’Elysée est, pour l’instant, reléguée au passé.
Peut-être au moins une partie de l’explication à cela se trouve dans les procédures du système de justice pénale français. Nicolas Sarkozy fera appel du verdict humiliant de lundi par un tribunal parisien, qui l’a reconnu coupable de corruption et de trafic d’influence. Mais si le jugement – et une peine de prison sans précédent – est maintenu, l’ancien président conservateur rejoindra le candidat de centre-droit à la présidentielle de 2017, François Fillon, dans une vague de déshonneur de plus en plus longue. Il y a trois ans, Fillon était en tête du scrutin présidentiel jusqu’à ce qu’il soit révélé qu’environ 1 million d’euros des deniers publics avait été illégalement versé à sa femme et aux membres de sa famille. La fortune de son parti ne s’est pas encore complètement rétablie.
À gauche, l’ancien ministre socialiste du Budget Jérôme Cahuzac a été reconnu coupable de fraude fiscale en 2016 et condamné à trois ans d’emprisonnement. Cahuzac s’était vu confier par le président François Hollande le lancement d’une répression très médiatisée de l’évasion fiscale, et la manière de sa chute a été un coup de marteau pour son parti. L’implosion des deux forces principales du centre-droit et du centre-gauche a ouvert la voie à la montée étonnamment rapide de Macron. En tant que leader au visage frais d’un nouveau parti en 2017, il s’est positionné au bon endroit au bon moment.
Un nettoyage de l’establishment politique français était en retard. Comme l’indiquait le drame judiciaire extraordinaire de cette semaine, la déférence d’après-guerre envers la pratique acérée de l’élite du pays, passée et présente, est révolue depuis longtemps. Sarkozy a été reconnu coupable d’avoir tenté de soudoyer un magistrat. Un autre procès, débutant plus tard en mars, se prononcera sur les dépassements présumés de dépenses lors de sa campagne de réélection en 2012. Quel que soit le résultat de son appel, il semble certain que la carrière politique de l’ancien président est terminée. / Londres, 2 mars
The Guardian, 3 mars 2021
Tags : France, Nicolas Sarkozy, corruption, écoutes, trafic d’influences,
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