Jean-Marie Yambayamba
Des hommes d’État et des généraux de l’armée ont été rattrapés ou condamnés par la justice après leurs mandats à l’étranger et même au Canada. Mais la justice est-elle la même pour ces personnalités hors du commun qu’elle ne l’est pour le reste d’entre nous?
Nicolas Sarkozy, un ancien président de la France a récemment interjeté appel de sa condamnation à la prison.
Aux États-Unis, l’ancien président Donald Trump se plaint d’acharnement face aux dossiers judiciaires qui s’accumulent contre lui.
Au Canada, des généraux de l’Armée espèrent ne pas aller en cour, malgré des allégations d’inconduite sexuelle qui pèsent contre eux.
Cette énumération m’en donne le tournis … et j’entend résonner en moi les mots de mon père: La justice, ça doit être pour tout le monde.
Quand il me fait cette déclaration, c’est pour partager avec moi une inquiétude, celle d’une justice à deux vitesses
Les juges, me dit-il, doivent équitablement sanctionner le commun des mortels comme ceux qui ont du pouvoir et les moyens de s’échapper.
Nous dénombrons alors des exemples en Afrique où des dirigeants déchus ont pris la poudre d’escampette pour ne pas être traînés devant les tribunaux.
Nous pensons à Mobutu, le dictateur congolais, qui a fini ses jours en exil au Maroc. Nous évoquons l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré qui, à sa chute, a aussi fui à l’étranger pour éviter la justice de son pays.
Nous parlons du centrafricain Jean-Bedel Bokassa, du libérien Samuel Doe ou du lybien Kadhafi qui ont eu moins de chance. À défaut de s’organiser pour fuir, c’est l’emprisonnement ou la torture qui les ont anéantis.
Je ne vois pas Nicolas Sarkozy, Trump ou les généraux canadiens s’en fuir à l’étranger ni échapper à la justice.
S’ils ont plaidé pour une justice équitable le temps de leur pouvoir, ils ont là la chance de montrer qu’ils le croient vraiment, et ce, même si le système de justice est perfectible.
Radio Canada, 14 mars 2021
Tags : Nicolas Sarkozy, écoutes, trafic d’influence, financement illicite,
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