Le Sahara Occidental reste le dernier territoire à décoloniser sur le continent africain. Situé entre le Maroc, la Mauritanie, et l’Algérie, cette ancienne colonie espagnole est annexée illégalement par le Maroc en 1975.
Les Nations-Unies rappellent tous les ans le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Cependant un statu quo règne, laissant l’occupation marocaine s’intensifier chaque jour davantage, au mépris du droit international.
Dans une tactique du « fait accompli », le Maroc délimite, défend, et occupe l’espace, espérant rendre obsolète le droit du peuple sahraoui au référendum d’autodétermination.
Militarisation du désert, urbanisme et campagnes de peuplements, ou politiques de déculturation des sahraouis.
Plantés dans le désert, les constructions matérialisent les enjeux de ce conflit territorial qui s’éternise depuis 1975.
Avant même le départ des espagnols, l’invasion par le Maroc en 1975 a forcé la population sahraouie hors de son territoire, vers des camps de réfugiés dans le désert algérien. Les sahraouis restés sur le territoire occupé sont minoritaires et subissent la répression exercée par les autorités marocaines.
L’histoire de cette terre de nomadisme a légué un patrimoine sahraoui quasi immatériel, offrant ainsi l’avantage à l’Espagne puis au Maroc de façonner ce vaste espace désertique, dans un rapport de force inégal.
Tel un butin, ce territoire riche de ressources
devient propriété privée, éminemment économique et commercial. L’exploitation des richesses naturelles s’accompagne à la fois d’une migration massive de travailleurs marocains et d’un urbanisme ex-nihilo, rapide et spectaculaire. Par une bataille démographique, il s’agit de gommer l’identité sahraouie dans la masse.
Ces différents mécanismes d’occupation et de déculturation du peuple sahraoui ambitionnent d’atteindre un point de non-retour :
la « marocanité » irréversible du Sahara Occidental.
Dans ce territoire occupé, reconnaître l’existence du Sahara Occidental en tant qu’entité distincte du Maroc est une infraction passible d’une peine d’emprisonnement pour « atteinte à la sécurité intérieure » du Maroc.
La surveillance des forces de sécurité marocaine est constante, et l’activisme sahraoui sévèrement réprimé.
Les autorités refusent l’entrée au Sahara Occidental ou expulsent les étrangers qu’ils soient journalistes, experts des droits de l’homme, juristes, militants, ou membres de l’ONU.
Décrypter les interventions humaines sur le paysage est un moyen de contourner le manque de liberté dû à l’obstruction policière, pour raconter et traduire ce conflit territorial en image.
Il s’agit de rendre sensible une zone laissée à la marge de la représentation. Les stratégies politiques se répercutent sur le terrain, et les paysages sont finalement bavards, généreux en témoignages.
Nichées dans le désert, les constructions deviennent les personnages principaux des images. Ces paysages portent en eux les traces de l’homme et de ses intentions. Hamadas, reg, erg, gueltas. L’être humain ne peut s’empêcher de conquérir et délimiter ces espaces. Même en plein désert, il plante des signes qui témoignent à sa place.
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