Algérie/ Le téléphone de Djamel Bensmaïl a parlé

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par Abla Chérif
L’enquête autour du meurtre de Djamel Bensmaïl avance à grands pas. Hier, la DGSN a annoncé avoir retrouvé le téléphone portable de la victime. Il contient, selon la même source, des « vérités sidérantes » sur l’origine du crime.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – L’élément est de taille. Il est capital même, puisqu’il devrait permettre de faire toute la lumière sur cette terrible affaire qui secoue depuis plusieurs jours le pays. Les « vérités sidérantes » qu’il contient n’ont pas encore été révélées à l’opinion publique, car elles ont été en premier lieu transmises à la justice, et font partie du secret de l’instruction qui se poursuit, indique encore le communiqué de la DGSN.
Tout au long de ces derniers jours, de grosses interrogations liées à la « disparition » du téléphone portable de la victime ont été soulevées par les internautes sur les réseaux sociaux, inondés de vidéos destinées à permettre aux services de sécurité de mettre la main sur les auteurs du forfait.
Ces interrogations se sont faites encore plus nombreuses après la publication d’un témoignage émanant d’un des amis de Djamel Bensmaïl. Il affirmait avoir reçu un message dans lequel il l’informait qu’il avait pu filmer des personnes allumant le feu à Larbaâ-Nath-Irathen. 
Tout le pays a été aussi tenu en haleine, hier, par de nouveaux témoignages télévisés de personnes nouvellement arrêtées, et elles aussi poursuivies dans l’affaire du lynchage du jeune Djamel Bensmaïl. 
Ils sont vingt-cinq à avoir été interceptés ces deux derniers jours dans différentes wilayas du pays, et ce groupe porte donc à 61 le nombre d’individus actuellement détenus pour le meurtre du jeune bénévole.
Les témoignages retransmis hier par voie télévisée sont saisissants, graves. Ils ont une nouvelle fois choqué par la reconnaissance des faits qui se sont produits, la jeunesse de leurs auteurs, et certaines révélations faites autour des intentions malsaines du MAK.
Trois suspects ont reconnu leur appartenance à cette organisation classée terroriste par le gouvernement algérien, et soutenu que leurs actions se limitaient à des affichages et participation aux marches, mais les révélations du dénommé S. Hocene font froid au dos. 
Face aux caméras, il avoue avoir été recruté sur Facebook par l’un des agents du MAK chargé de la zone algéroise. Il reconnaît aussi avoir suscité l’intérêt de cette organisation, car il se trouvait domicilié dans une zone qualifiée de stratégique par le MAK. « J’habite Bouchaoui, la personne du MAK chargée de recruter sur les réseaux sociaux m’a dit que je me trouvais dans une zone stratégique, proche de Club-des-Pins et des zones sensibles de la région (…) ne suscite pas la colère de l’homme en burnous blanc », en référence à Ferhat Mehenni, responsable du MAK réfugié en France. 
Le suspect n’en dit pas plus, mais ses propos pleins de sous-entendus suffisent à soulever de lourdes interrogations.
Ils choquent tout autant que les aveux de ces jeunes qui confirment leur implication directe dans le drame dont a été victime Djamel Bensmaïl. « Je suis monté dans le fourgon et un jeune qui avait environ dix-neuf ans m’a tendu un poignard. Il portait une casquette bleu à l’envers, je ne sais pas comment ni pourquoi j’ai pris cette arme, mais j’ai poignardé deux fois Djamel .»
Le mis en cause reconnaît avoir fait une vidéo dans laquelle il niait tous les faits, avant son arrestation, par crainte des terribles conséquences de son acte. Un autre jeune, crâne rasé, avoue, lui, avoir alimenté le feu qui a consumé la dépouille de la victime. « J’ai vu sa jambe qui pendait hors du fourgon, je lui ai donné des coups, on l’a traîné jusqu’à une petite placette, ils ont commencé à mettre le feu au corps, j’ai pris un carton pour que le feu prenne bien .»
Comme beaucoup, il s’effondre en larmes et demande pardon à la famille de la victime, à Dieu. Ces témoignages sont suivis par celui d’un autre suspect qui reconnaît militer pour l’indépendance de la Kabylie. Selon la DGSN, trois des vingt-cinq personnes arrêtées hier ont été interceptées dans la wilaya d’Oran.
A. C.
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