Maroc : Mohammed VI sur la défensive

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Etrange. Contrairement à ses habitudes, le Roi du Maroc Mohamed VI, a préféré (pour une raison ou pour une autre) ne pas citer nommément l’Algérie dans son discours à la Nation, à l’occasion du 68e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, dénonçant juste vendredi 20 août « des attaques méthodiques » contre le royaume.
« Le Maroc est visé du fait qu’il est un État pleinement constitué depuis plus de douze siècles, outre une histoire amazighe au long cours, et que depuis plus de quatre siècles il est gouverné par une monarchie citoyenne, présidant à la destinée du pays et la façonnant dans une symbiose totale entre le Trône et le peuple », a-t-il en effet déclaré.
A Qui s’adressait Mohamed VI ? A l’Algérie ?
Il ne le dit pas clairement. Sauf qu’à lire entre les lignes, l’on saura tout de suite qu’il s’agit bel et bien de son voisin de l’Est d’autant que la position « inchangée » de l’Algérie vis-à-vis de la question sahraouie a été réaffirmée à maintes occasions.
« Agrippés à […] des considérations obsolètes, les ennemis de l’intégrité territoriale du royaume ne souhaitent pas que le Maroc demeure la nation libre, forte et influente qu’il a toujours été», a-t-il dit.
Ce discours royal intervient dans un contexte de fortes tensions autour du Maroc. D’abord avec son voisin direct, l’Algérie. Plus tôt cette semaine, le 18 août, Alger a annoncé « revoir » ses relations avec le Maroc, accusé d’être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord du pays.
Le 31 juillet, à l’occasion de la fête du Trône, Mohammed VI avait invité, dans un discours direct, le président algérien « à faire prévaloir la sagesse » et « œuvrer à l’unisson au développement des rapports » entre les deux pays. Le monarque avait également réitéré son appel à rouvrir les frontières entre les deux pays, fermées depuis l’été 1994 à l’initiative de l’Algérie
Sur le plan international, récemment, le royaume a été accusé d’avoir utilisé le logiciel d’espionnage Pegasus, conçu par la société israélienne NSO, dans le cadre d’une vaste enquête menée par un consortium de 17 médias internationaux sur la base de données obtenues par l’organisation Forbidden Stories et par Amnesty International.
Rabat a catégoriquement démenti « ces allégations mensongères et infondées » et enclenché plusieurs procédures judiciaires en France, en Espagne et en Allemagne.
Des journalistes de différents pays ont eux aussi déposé des plaintes après l’enquête publiée en juillet par ce consortium, démontrant que le logiciel Pegasus aurait permis à plusieurs pays, dont le Maroc, d’espionner des journalistes, des hommes et des femmes politiques, des militants des droits humains ou encore des chefs d’entreprise.
Le souverain y a vu « une vaste campagne de dénigrement à l’encontre de [leurs] institutions sécuritaires », a-t-il défendu. « Ils ne veulent pas admettre que les règles du jeu ont changé, que, désormais, nos pays sont totalement aptes à gérer leurs affaires, à mettre en valeur leurs ressources et leurs potentialités, dans l’intérêt bien compris de nos peuples. »
Mohammed VI a néanmoins ensuite souhaité «fonder des relations solides, constructives et équilibrées, notamment avec les pays voisins », en citant l’Espagne, mais aussi la France et l’Allemagne, dans ce discours. Pour le monarque, la sortie de crise ne peut se faire que par le haut, que ce soit dans la récente crise avec l’Espagne ou dans les rapports avec les organisations internationales.
Et d’expliquer que certains des dirigeants de ces pays « ne saisissent pas encore que le problème ne réside pas dans les régimes des pays du grand Maghreb, mais bien dans les leurs, toujours teintés d’un passéisme désespérément rétif aux évolutions du temps ».
« Bien plus, plutôt que d’appuyer les efforts du Maroc dans le cadre d’un équilibre souhaité entre les pays de la région, des rapports ont franchi toutes les limites de l’acceptable, allant jusqu’à recommander que soit freinée la dynamique de développement de notre pays, au motif captieux qu’elle crée une dissymétrie entre les États maghrébins », a par ailleurs dénoncé le roi dans son discours.
R.N/Agences
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