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Remise (AFP)
Les Marocains se rendent aux urnes mercredi pour des élections législatives et locales qui détermineront le sort du parti islamiste au pouvoir depuis les soulèvements du printemps arabe.
Élu pour la première fois en 2011, le Parti islamiste modéré pour la justice et le développement (PJD) espère remporter un troisième mandat cette année, s’étant accroché au pouvoir à la tête des coalitions pendant toute la décennie qui a suivi.
Mais il y a peu de lignes de bataille claires entre les partenaires de la coalition du PJD et l’opposition, et les grandes décisions sur des domaines politiques clés comme l’agriculture, l’énergie et l’industrie restent entre les mains du roi Mohammed VI.
Les sondages d’opinion sont interdits au Maroc à l’approche des élections, mais une enquête réalisée en février par l’Institut marocain d’analyse des politiques a montré qu’environ 64% des personnes prévoyaient de s’abstenir.
Le professeur de science politique Ahmed Bouz a souligné “le sentiment des électeurs que les élus ont peu de latitude pour prendre des décisions”.
Les gens sont toujours sceptiques quant à savoir si les élections font une différence dans la façon dont le pays est gouverné, même après une réforme constitutionnelle de 2011, a-t-il ajouté.
Le Maroc a adopté la nouvelle constitution après des décennies d’escarmouches sur la séparation des pouvoirs et le rôle du roi dans la gestion quotidienne du pays.
Élaboré en réaction au Mouvement du 20 février, version locale des soulèvements du Printemps arabe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le document a rapproché le pays d’un système de monarchie constitutionnelle sans renoncer au rôle central du roi.
– Roi au sommet –
Peu importe qui exerce un mandat élu, les décisions majeures viennent du palais, y compris pendant la crise des coronavirus.
L’étendue des pouvoirs de la couronne a conduit certains médias locaux à se moquer des tentatives du PJD de s’attribuer le mérite des succès de leur dernier mandat.
Mohammed VI a déjà annoncé un plan pour un “nouveau modèle de développement” avec une “nouvelle génération de réformes et de projets” dans les années à venir.
Tous les partis sont censés s’inscrire, quel que soit le vainqueur des élections.
Les principaux objectifs du plan comprennent la réduction de l’écart de richesse du pays et le doublement de la production économique par habitant d’ici 2035.
“Les grandes orientations sont fixées et les élections ne servent qu’à produire les élites politiques capables de les mettre en œuvre”, a déclaré le politologue Mohamed Chiker.
Pendant la campagne électorale, la plupart des partis ont ignoré les questions de libertés individuelles, en particulier l’appel de certains militants à dépénaliser les relations sexuelles hors mariage, sujet de division au Maroc.
“C’est décevant mais pas surprenant que les politiques ignorent notre appel”, a déclaré Sonia Terrab du collectif “Hors la loi”.
Pour l’instant, trois grands mouvements dominent la scène politique : le PJD, le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM).
– “Élargir la distance” –
À l’approche du vote, des allégations de dépenses électorales irrégulières plutôt que de débats politiques ont fait la une des journaux.
“Des sommes d’argent monstrueuses ont été éparpillées pour tenter de déjouer la volonté du peuple”, a déclaré samedi un haut responsable du PJD, Abdelaziz Aftati, sans nommer les coupables présumés.
Le PAM a été plus direct, accusant le RNI – dirigé par l’homme d’affaires milliardaire et ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch – d'”inonder la scène politique d’argent”.
RNI, un membre junior de la coalition actuelle, a déclaré qu’il “rejetait catégoriquement” les allégations.
Mis à part les fanfaronnades, et avec peu pour différencier les partis, l’élection « creuse la distance entre les électeurs et les institutions », a déclaré le politologue Mustapha Sehimi.
Même une participation électorale de 45% “serait une belle surprise” après seulement 43% en 2016, a-t-il ajouté.
Les changements apportés au système de vote signifient que les Marocains voteront aux élections législatives et locales le même jour pour la première fois, dans le but d’augmenter la participation.
L’électorat de près de 18 millions doit voter pour 395 députés et plus de 31 000 élus locaux et régionaux.
Pendant ce temps, les parts de sièges des partis seront calculées sur la base des électeurs inscrits, plutôt que de ceux qui ont effectivement voté, dans un amendement considéré comme favorisant les petits partis.
Sur la même part des voix qu’en 2016, le nouveau système laisserait le PJD avec environ 80 sièges, au lieu des 125 qu’il avait obtenus la dernière fois.
France24, 06/09/2021
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