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En 2013, Dominique Strauss-Kahn a immatriculé sa société Parnasse International dans une zone franche très attractive pour les entreprises étrangères : l’impôt sur les sociétés est à 0% les cinq premières années d’installation… Extrait de “DSK, enquête sur un homme d’influence”, une enquête de Linda Bendali diffusée jeudi 7 octobre 2021 à 21 heures sur France 2.
En 2013, alors qu’il est à l’époque résident français, Dominique Strauss-Kahn délocalise son business et crée au Maroc la société Parnasse International pour dispenser des conférences et des conseils partout dans le monde. Le royaume vient de créer une juridiction très attractive pour les entreprises étrangères : Casablanca Finance City (CFC). Les entreprises qui y sont enregistrées ne paient aucune taxe sur leurs bénéfices pendant cinq ans. Combien a-t-il économisé d’impôt en transférant ses activités de la France vers le Maroc ?
Le magazine “Cash Investigation” (replay) a récupéré les bilans comptables de Parnasse International, la société marocaine de l’ancien ministre français de l’Economie, des Finances et de l’Industrie (1997-1999), soit cinq années de comptes de 2013 à 2018. L’économiste spécialiste de la fiscalité Ano Kuhanathan a calculé l’économie d’impôt réalisée par DSK pendant ces cinq ans d’exonération fiscale : “Sur cinq années fiscales complètes, on arrive déjà à environ 6 millions d’euros d’impôt sur les sociétés que son entreprise aurait dû payer si elle avait été domiciliée en France.” Exactement, 6 163 000 euros…
2,4 millions d’euros pour peaufiner le cadre juridique de la Casablanca Finance City
L’ancien directeur général du Fonds monétaire international (2007-2011), devenu homme d’affaires, a ainsi pu profiter des délices de cette oasis fiscale marocaine. Et ce n’est pas tout, puisqu’il a aussi contribué à l’édifier. Selon un document jamais révélé, l’Etat marocain a fait appel à Dominique Strauss-Kahn entre 2012 et 2013 pour peaufiner le cadre juridique de la Casablanca Finance City. La société Parnasse est rémunérée 2,4 millions d’euros pour ce travail. Quant à la CFC, elle a valu au royaume chérifien d’être placé sur la liste grise des paradis fiscaux pendant quatre ans.
Ironie de l’histoire, celui qui a pris la décision d’envoyer le Maroc au purgatoire a été un proche de DSK : Pierre Moscovici, alors commissaire européen aux Affaires économiques. Interrogé par Elise Lucet sur ces sommes que DSK aurait dû payer en France s’il n’avait pas domicilié sa société au Maroc, l’actuel premier président de la Cour des comptes répond : “Je ne suis ni l’avocat ni le procureur de Dominique Strauss-Kahn, qui vit sa vie. Je ne la connais plus.” Est-il quand même étonné ? “Il n’est plus depuis très longtemps un homme politique. Il a une autre vie. Laissons-le à cette autre vie.” Et s’il était là, qu’aurait-il à lui dire ? “Si j’avais quelque chose à lui dire, je lui dirais en face et à lui personnellement.”
Un extrait de “DSK, enquête sur un homme d’influence”, une enquête de Linda Bendali diffusée jeudi 7 octobre 2021 à 21 heures sur France 2.
Franceinfo, 07/10/2021