Propos de Macron sur l’Algérie. Le dérapage de trop !

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A quelque mois des présidentielles françaises, Emmanuel Macron multiplie les gestes d’hostilité envers l’Algérie et vire carrément à droite pour les besoins de sa campagne électorale pour assurer sa propre succession à l’Elysée. En effet, les gestes d’hostilité de l’actuel locataire de l’Elysée se multiplient et ses sorties inadmissibles envers l’Algérie s’accélèrent et vont crescendo à mesure que l’échéance présidentielle française avance. 
Tout a commencé durant l’été dernier lorsque Emmanuel Macron a reconnu solennellement «les souffrances des essais nucléaires français en Polynésie», en acceptant d’ouvrir les archives sur ce dossier, pendant que son pouvoir refuse toujours de remettre à l’Algérie les cartes topographiques qui permettent de déterminer les lieux d’enfouissement des déchets polluants, radioactifs ou chimiques non découverts à ce jour. La partie française n’a mené techniquement aucune initiative, en vue de dépolluer les sites et la France n’a fait aucun acte humanitaire en vue de dédommager les victimes. Les explosions nucléaires dans le Sahara sont d’irréfutables preuves des crimes perpétrés dont les radiations continuent d’affecter l’homme et l’environnement. Il y a quelques jours, le même Macron récidive. 
En rencontrant quelque 300 harkis, descendants ou représentants, il a regretté, «à voix haute et solennelle», les «manquements» passés de la République vis-à-vis de certains de ses «enfants». «Aujourd’hui, au nom de la France, (…) je demande pardon», a-t-il lancé, s’engageant à «panser les plaies tant qu’elles ne seront pas refermées». Une loi qui sera concoctée avant la fin de l’année en cours, en confiant à son gouvernement la rédaction d’un «texte de loi de reconnaissance et de réparation». Le locataire de l’Elysée ne s’arrête pas là, il pousse encore le bouchon plus loin, jeudi dernier, en recevant des jeunes triés sur le volet. Lors de cette échange avec ses binationaux, le chef de l’Etat Français avait estimé que le pays s’était construit, depuis son indépendance, sur «une rente mémorielle», entretenue par «le système politico-militaire». Une déclaration de trop qui a poussé le Président Abdelmadjid Tebboune de rappeler «pour consultations» son l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Mohamed Antar-Daoud.
Après le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France pour consultation viendra ensuite un communiqué de la Présidence de la République algérienne qui remet les pendules à l’heure. L’Algérie a exprimé son rejet “catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures” à la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au Président de la République Française, indique la Présidence de la République dans un communiqué. “A la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribués nommément au Président de la République française, l’Algérie exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos”, précise la même source. 
“Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leur vie dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale”, ajoute la Présidence de la République, estimant que “les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité. Ces crimes qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l’objet d’une manipulation des faits et d’interprétations atténuantes”.
Pour la Présidence de la République, “la propension des nostalgiques de l’Algérie française et des milieux qui se résignent difficilement à l’indépendance pleine que les Algériens ont gagnée de haute lutte, s’exprime à travers de vaines tentatives d’occulter les exactions, massacres, enfumages, destructions de villages, des centaines de +Oradour-Sur-Glane+, éradications de tribus de résistants, qui sont des génocides en séries que les acrobaties conceptuelles et les raccourcis politiques ne parviendront jamais à occulter”. 
“Pour leur part, les appréciations superficielles, approximatives et tendancieuses énoncées, en ce qui concerne l’édification de l’Etat national algérien ainsi que sur l’affirmation de l’identité nationale relèvent d’une conception hégémonique éculée des relations entre Etats et ne sauraient, en aucune façon, être compatibles avec le ferme attachement de l’Algérie à l’égalité souveraine des Etats”, souligne-t-on dans le communiqué. 
“Cette malencontreuse intervention qui heurte fondamentalement les principes devant présider à une éventuelle coopération algéro-française en matière de mémoire, a l’incorrigible défaut de tendre vers la promotion d’une version apologique du colonialisme, au détriment de la vision établie par I’Histoire de la légitimité de luttes de la libération nationale, alors que rien ni personne ne peuvent absoudre les puissances coloniales de leurs crimes, y compris les massacres du 17 octobre à Paris dont l’Algérie et sa communauté établie en France s’apprêtent à commémorer dans la dignité”, ajoute la même source. 
“Face à la situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé le rappel immédiat en consultations de l’ambassadeur d’Algérie auprès de la République française”, conclut le communiqué. Il faut dire que le président Macron qui a déclaré, il n’y a pas si longtemps, qu’à «chaque fois que je parle de l’Algérie, je perds un à deux points dans les sondages», a compris que maintenant sa réélection passera par des gestes hostiles envers son ancienne colonie pour séduire la droite et l’extrême droite. Il se lance en campagne avant l’heure, lui qui se sent acculé par la droite et l’extrême droite qui s’ajoutent à la forte présence d’?ric Zemmour dans le débat politique français qu’on dit partant lui aussi pour les présidentielles françaises du printemps prochain. 
La question mémorielle liée à la guerre d’indépendance est présente à chaque rendez-vous politique français dont aucun candidat ne peut faire l’impasse, les nostalgiques de l’Algérie Françaises et autres Harkis sont considérés proches de la droite et même de son extrême et constituent une réserve de voix non négligeables sur lesquelles Macron espère compter. Un même Macron qui pourtant, en 2017, a qualifié la colonisation française en Algérie «de crime contre l’humanité» avant de privilégier les «actes symboliques» contre «toute excuse ou repentance», une fois à l’?lysée. 
Macron ne fait réellement que perpétuer la tradition du double jeu et les revirements versatiles du pouvoir français concernant le dossier de la colonisation. Le président Abdelmadjid Tebboune impute le contentieux mémorial qui pèse sur les relations algéro-françaises aux «trois lobbys en France. Aucun ne s’entend avec l’autre et chacun est influent. Il y a le lobby de ceux qui sont partis d’Algérie après l’indépendance. Leurs descendants entretiennent l’esprit de la haine des Algériens. Il y a un autre lobby qui est celui des Algériens qui ont choisi de soutenir la France (allusion aux harkis) et le dernier est celui de l’ancienne OAS (Organisation armée secrète) qui active toujours en France», avait-il alors déclaré, en juin dernier, dans un entretien à Al Jazzera. 
Ces lobbys influent sur la politique française, notamment dans les grands rendez-vous de la vie nationale de l’hexagone. En refusant de s’excuser pour la colonisation de l’Algérie, adoptant un profit bas face aux Harkis et multipliant les actes d’hostilités envers l’Algérie, Emmanuel Macron sacrifie la réconciliation des mémoires sur l’autel des prochaines élections présidentielles française. 
Enfin, il convient de le souligner que ce dossier mémoriel, l’Algérie est restée intransigeante pour son règlement global qui passe par la reconnaissance officielle, définitive et totale par la France de ses crimes et des indemnisations équitables. 
Décidément, l’Algérie aux principes constants et inchangeables au gré des événements et politiques dérange. Une Algérie éternellement grandie par sa Révolution de Novembre 1954, qui reste bel et bien «une marche historique qui a bouleversé un continent et qui n’a pas fini d’étonner le monde par sa puissance, sa vitalité face à un adversaire désorienté et complètement déréglé», comme le tenait à le souligner Mohamed Boudiaf dans «le commencement», écrit à Turquant, en 1961. 
Si Tayeb El Watani prédisait déjà, qu’ «un jour viendra où tous les crimes seront connus et, à ce moment, on oubliera volontiers de parler aussi légèrement du 1er Novembre 1954».
Le Carrefour d’Algérie, 08/10/2021

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