Algérie-Maroc: La responsabilité du Conseil de sécurité engagée

Algérie-Maroc: La responsabilité du Conseil de sécurité engagée – Le Conseil de sécurité est appelé à assumer l’entière responsabilité de la grave détérioration de la situation au Sahara occidental et au Maghreb

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Le Conseil de sécurité est appelé à assumer l’entière responsabilité de la grave détérioration de la situation au Sahara occidental et au Maghreb. L’adoption de la résolution 2602 lors de la réunion du Conseil de sécurité tenue le vendredi 29 octobre 2021 a ouvert la voie à une sérieuse dégradation de la situation dans une région sujette à toutes les dérives en raison des errements gravissimes du Makhzen alaouite.

L’assassinat prémédité, à coup de drones, de trois camioneurs algériens le 1er novembre dernier alors qu’il s’apprêtaient à entrer en Mauritanie, renseigne sur l’étendue de l’hystèrie de Rabat. Lors de sa dernière réunion, le conseil de sécurité et sans compter qu’il n’a pas dénoncé l’occupation par l’armée marocaine de la zone tampon d’El-Guerguerrat, il ne fera aucune allusion à un référendum d’autodétermination dans ce territoire considéré par l’ONU elle-même comme étant non autonome.

Le 6 septembre 1991, lors de la signature de l’accord de cessez-le feu entre la République Arabe Sahraoui (RASD) et le Maroc il a été convenu de respecter les positions sur le terrain des forces en conflit et que l’ONU et l’OUA (UA actuellement) devaient parrainer un processus de décolonisation en organisant un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.

Presque trente ans plus tard, le 13 novembre 2020 et alors que le processus d’organisation du référendum est toujours bloqué, le makhzen mène une opération illégale d’occupation de la zone tampon d’El-Guerguerrat, prétextant la libre circulation des véhicules de marchandises vers l’Afrique subsaharienne. Un acte hostile qui ne laissait aucun autre choix au Polisario en dehors de celui de reprendre la lutte armée.

Mais depuis et au lieu d’affronter la nouvelle donne introduite par la violation du cessez-le-feu avec le la république Arabe Sahraoui, le royaume Mohamed 6 a multiplié les provocations envers l’Algérie.

Le 16 juillet 2021 le représentant du Maroc à l’ONU distribue aux pays membres du mouvement des non-alignés une note officielle déclarant le soutien au mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) , classé comme organisation terroriste par l’Algérie. Le même mois, le makhzen est impliqué dans une grave affaire d’espionnage international. Un logiciel israélien, nommé Pegasus, est utilisé par les services de renseignements marocains pour espionner 6000 algériens, entre hauts responsables, chefs de partis politiques, militants des droits de l’homme et journalistes.

Un mois après ce scandale, le ministre israélien des affaires étrangères en visite au Maroc ne s’est pas jamais lors d’une conférence de presse avec alter ego marocain, Nasser Bourita, d’accuser l’Algérie de collusion avec l’Iran pour empêcher l’admission d’Israël d’accéder en tant que membre observateur à l’union africaine . Une menace à peine voilée à l’égard de l’Algérie en réaction à ses positions de soutien aux causes justes à travers le monde.

Embraser l’Afrique du Nord
Après ce triste épisode, le Maroc a accentué la provocation conduisant à une réaction ferme de l’Algérie. Le mardi 23 août 2021, le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, annonce officiellement la rupture officielle des relations diplomatiques avec le Maroc. Si depuis le mois d’août la crise entre Alger et Rabat est restée dans la diplomatie et l’économie, l’assassinat de trois ressortissants algériens par l’armée marocaine à fait monté la tension d’un cran. Le Maroc cherche-t-il l’embrasement de toute l’Afrique du nord ?

Pour saisir la stratégie du makhzen, il est utile de revenir à El-Guerguerat. Le Maroc ne tire aucun avantage économique important en exportant ses marchandises par route vers l’Afrique saharienne. La distance entre le plus grand port marocain, Tanger, qui appartient aux Emiratis, et Dakar est de 3322 km. Le prix d’un litre de gasoil au Maroc est de 1,006 dollars, soit l’équivalent de 145 dinars algériens.

Actuellement, le plus important marché africain pour le Maroc, c’est la Côte d’Ivoire. Et la distance entre Tanger et Abidjan dépasse les 5200 kilomètres. Avec un prix aussi élevé des carburants, il n’est nullement très rentable d’exporter des marchandises par le Maroc sur de très longues distances.

Le coup de force du Makhzen à El-Guerguerrat n’était pas exclusivement dicté par des considérations économiques. Mais obéissait surtout à la politique du fait accompli de l’occupation du Sahara occidental mené depuis des années par le makhzen. Pour preuve, la violation du cessez-le-feu a été suivie par la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par le président sortant des Etats-Unis, Donald Trump, et la normalisation des relations avec Israël. Mais le makhzen a vite déchanté. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche, Joe Biden, n’a pas officiellement adopté la position de son prédécesseur concernant le Sahara occidental, tandis que le congrès américain a rejeté récemment le projet d’ouverture d’un consulat US à Dakhla.

Par ailleurs, le tribunal européen annule des accords commerciaux incluant les territoires occupés du Sahara occidental. En réalité, le Maroc ne peut plus soutenir sur le long terme les coûts de sa colonisation du Sahara occidental. Il doit coûte que coûte imposer son chantage à la communauté internationale. Son rapprochement avec Israël a pour but d’intimider l’Algérie. Israël ne peut pas aller au-delà de la vente d’équipements militaires, comme les drones, au Maroc. Israël a déjà fort à faire avec le Hezbollah, le Hamas à Gaza et l’Iran, pour ouvrir un nouveau front avec l’Algérie en Afrique du Nord.

Il ne reste alors pour le makhzen que d’attirer directement l’Algérie dans un conflit armée ouvert pour faire pression sur les grandes puissances et imposer une solution qui permettrait de sauver la monarchie. Après 46 ans de colonisation, l’existence même de la monarchie au Maroc est aujourd’hui étroitement liée au sort du Sahara occidental.

L’Algérie saisit les instances internationales

L’Algérie a décidé de prendre à témoin les instances internationales suite à l’assassinat de trois ressortissants algériens par l’armée marocaine, le 1er Novembre 2021, dans un bombardement aux drones ayant ciblé leurs camions de transport de marchandise à la ligne de frontières avec la Mauritanie. C’est ce qu’a fait savoir ce jeudi soir 4 novembre 2021, le ministère des affaires étrangères.

Dans le cadre du suivi des prolongements internationaux du lâche assassinat de trois ressortissants algériens en territoire sahraoui libéré par les forces d’occupation marocaines, le Ministre des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger, M. Ramtane LAMAMRA, a adressé des messages au Secrétaire Général de l’ONU, M. Antonio Guterres, au Président de la Commission de l’Union Africaine, M. Moussa Faki Mahamat, au Secrétaire Général de la Ligue des Etats Arabes, M. Ahmed Aboul Gheit, et au Secrétaire Général de l’Organisation de la Coopération Islamique, M. Youssef Ben Ahmed Al-Othaimeen, indique le ministère.

Dans ces correspondances officielles, M. LAMAMRA a informé les responsables des organisations internationales de la gravité extrême de l’acte de terrorisme d’Etat en question qu’aucune circonstance ne saurait justifier.
Il a souligné que “l’emploi par l’Etat occupant d’un armement sophistiqué meurtrier pour entraver la libre circulation de véhicules commerciaux dans un espace territorial sur lequel il n’a aucun droit, constitue un acte de fuite en avant porteur de risques imminents pour la sécurité et la stabilité au Sahara Occidental et dans toute la région”.

Le Ministre des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger a réitéré , dans ce cadre, la volonté et la capacité de l’Algérie d’assumer ses responsabilités en matière de protection de ses ressortissants et de leurs biens en toutes circonstances.

Dans ce même contexte, des Ambassadeurs accrédités auprès de l’Algérie ont été reçus au Ministère des Affaires Etrangères.

Les trois chauffeurs de camions algériens ont été tués dans un bombardement mené dans l’après-midi du 1er novembre 2021 par l’armée marocaine contre leur convoi dans la route entre la ville frontalière algérienne Tindouf et Zouiret en Mauritanie. C’est ce qu’ont fait savoir plusieurs sources dont des proches des victimes et une conseillère du président sahraoui Ibrahim Ghali.

Les camions de fret faisaient régulièrement la liaison Nouakchott-Ouargla, selon un des proches des victimes dont deux roulaient à bord de leur camion de la marque allemande MAN. Le troisième chauffeur tué était originaire de Ouargla et était aussi un habitué du trajet. Les victimes effectuaient une mission d’exportation de ciment blanc vers la Mauritanie.

L’agression marocaine s’est déroulée entre les localités d’Aïn Bentili et Bir Lahlou en territoire libéré, le tronçon qui conduit à la route entre l’Algérie et la Mauritanie.
Les deux camions étaient à l’arrêt lorsqu’ils ont été la cible de bombardements par l’artillerie marocaine provenant de derrière le mur de séparation se trouvant à plus de 25 km du lieu du drame.

L’une des victimes de l’agression marocaine est Hmida Boumediene, originaire de Laghouat, dont l’annonce de sa mort a été faite sur Facebook par son neveu Djallal Eddine Boumedienne habitant Ain Madi à Laghouat.
Les deux autres victimes sont Ahmed Belkhir Chtam et Brahim Larbaoui tous deux de Ouargla.

Le jeune Indépendant, 06/11/2021

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