Algérie-France: La boussole réorientée

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De la parole à l’acte, l’Algérie n’a pas mis beaucoup de temps pour réorienter la boussole du partenariat économique vers l’Italie. Suite aux propos du président français sur le système algérien et son interrogation sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation, qui ont provoqué une profonde crise entre l’Algérie et la France, d’autres pays européens seront appelés à combler le vide que va laisser l’effacement inéluctable du rôle économique joué par la France en Algérie. Et qui mieux que l’Italie, ou à un degré moindre l’Allemagne, pourrait avoir les ambitions et les capacités de s’investir en Algérie ?

Dans un récent entretien au quotidien allemand Der Spiegel, le président Tebboune a clairement souligné que la coopération avec l’Allemagne est appelée à se raffermir dans l’avenir, mais c’est l’Italie qui va directement jouer des rôles très importants en matière de partenariat économique. La dernière visite du président italien Sergio Mattarella et, surtout, le prochain sommet intergouvernemental, prévu début 2022, qui sera présidé par le Premier ministre, Aymen Benabderrahmane, et le Président du conseil des ministres italien, Mario Draghi, donnent un aperçu sur les bases de cette stratégie foncièrement tournée vers l’Italie.

Quelles répercussions pourraient avoir cette stratégie sur le tissu économique actuellement occupé par les entreprises françaises (en 2020 la France était le 2e partenaire commercial de l’Algérie avec des exportations de 3,6 milliards de dollars et une part de marché de 10,6%, derrière la Chine, avec 5,7 milliards de dollars d’exportations) ? L’Algérie est un partenaire économique important pour la France et une réorientation de certains flots des échanges commerciaux entre les deux pays ne se ferait pas sans dommages collatéraux. Mais, vaille que vaille, l’Algérie s’est résolument engagée dans cette voie de la réévaluation de ses relations économiques et commerciales avec la France et se prépare en conséquence à changer de cap stratégique sur ce plan. Depuis peu, l’Algérie use de l’argument économique pour « corriger » à sa manière ses relations avec les pays qui montrent à son égard une franche hostilité. La même démarche avec la France que celle adoptée avec le Maroc ?

Dans les deux cas, les rapports ont évolué de la même manière, ou presque, après les rappels des ambassadeurs algériens dans les deux pays, est intervenue l’interdiction de survol du territoire algérien pour tous les appareils marocains et les appareils militaires français, avant le passage à la correction de l’orientation économique, mettant fin au contrat du gazoduc qui passe par le Maroc pour alimenter l’Espagne et une tendance affichée pour faire de l’Italie le premier partenaire économique européen en Algérie.

D’autres mesures dans ce contexte de crise entre l’Algérie et la France ne sont pas à écarter après les élections présidentielles françaises, notamment. Car, une réélection du président Macron pour un second mandat ne va guère arranger les relations bilatérales, contrairement à un nouveau locataire à l’Elysée, qui aurait une bonne marge de manœuvre, s’il en a la volonté, bien sûr, pour renouer le fil avec l’Algérie. Mais, pourrait-on jamais recoller les morceaux dans les relations algéro-françaises et revenir au stade antérieur à ce qu’on peut qualifier d’« accroc Macron » ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le Quotidien d’Oran, 09/11/2021

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