Thomas Sankara, le Burkina Faso et le Sahara Occidental

Union Africaine, corruption, pots-de-vin, – Thomas Sankara, le Burkina Faso et le Sahara Occidental

A Ouagadougou, la statue de Thomas Sankara, n’a même pas une valeur symbolique. Le pouvoir en place continue d’assurer son allégeance à ses assassins, la France et ses acolytes de la Françafrique qui ont succédé le putschiste sanguinaire, Blaise Compaoré.

Le leader et martyr du panafricanisme se retournerait dans sa tombe en regardant comment ses principes sont bafoués en vue de garantir la pérennité du néo-colonialisme français aux “Pays des Hommes Libres” dirigé par des lâches et adeptes à la servitude et l’esclavage que le continent africain combat depuis les années de l’indépendance.

Le gouvernement burkinabé vient d’ouvrir un consulat au Sahara Occidental, le pays d’un peuple si cher au président Sankara. N’a-t-il pas été le premier président à visiter les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf le 5 avril 1948 et à leur assurer de son plein soutien à leur lutte contre le colonialisme marocain sponsorisé par la France esclavagiste?

Dans son allocution devant un nombreux public sahraoui, il a affirmé que “les armées peuvent être anéanties, mais pas les peuples”. En effet, 37 ans après, le peuple sahraoui est toujours là, les armes en poigne et prêt à défendre ses droits légitimes. Les sahraouis poursuivent le combat contre l’impérialisme dans la voie tracée par leur ami Sankara. Ce n’est pas le cas en ce qui concerne ceux qui lui ont succédé. Ils ont trahi son idéal en s’alignant sur les ambitions expansionnistes du régime marocain.

Pour quelques miettes, ils ont prouvé être prêts à sacrifier un principe sacré pour les africains : L’intangibilité des frontières héritées du colonialisme. A l’instar de Jean-Baptiste Natama qui, depuis son poste de directeur de cabinet de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, d’octobre 2012 à février 2015, il filtrait des documents confidentiels de la Commission Africaine au diplomate marocain Moha Ouali Tagma, qui aujourd’hui exerce en tant qu’ambassadeur du Maroc au Nigeria.

Dans un email daté du 6 juin 2014, Tagma souligne que Natama “a été d un grand apport notamment en nous remettant à l’avance toute la documentation afférente aux travaux du sommet” d’Addis Abeba.

En guise de récompense, Tagma propose de lui octroyer 2500 dollars “à titre de prime d’encouragement, afin de l’amener à poursuivre sa collaboration avec nous”.

Plus tard, le 29 juillet 2016 plus précisément, l’ONG du Makhzen Nouvelle Vision de l’Afrique (NOV’ AFRIQUE) sise à Casablanca lui a décerné le «le grand prix international PADEL 2016 du meilleur promoteur de la diplomatie en Afrique».

Natama s’est présenté comme candidat aux élections présidentielles dans le “pays des hommes libres” se présentant comme “digne représentant et successeur du défunt leader Thomas Sankara” et il a anime une page facebook où il s’affiche comme admirateur de cet héro africain épleuré par l’Afrique toute entière.

Il était membre de l’organisation militaire révolutionnaire, il a fait partie du Conseil national de la révolution lors de la révolution de Sankara. Cependant il a trahi la mémoire de celui avec lequel il prétend partager un idéal.

Peut-on vendre sa conscience pour 2500 dollars? Apparemment oui. Natama en est l’exemple. Il reflète la mauvaise image du diplomate africain responsable de la situation actuelle en Afrique.

Voici le texte intégral du courrier envoyé par le diplomate marocain dans lequel il demande 2500 dollars pour de Natama :

Conformément au plan d’action et a la feuille de route découlant de la stratégie pour s’opposer aux manœuvres de l’UA d’interférer et de s’impliquer dans le processus onusien de règlement de la ” question du Sahara” ,nous nous sommes rendus M.Kadmiri et moi même a Malabo des le 19 courant afin de suivre les travaux du 23eme sommet de l UA (20-27juin2014).

L’objectif étant d’assurer le suivi du travail déjà initie par la même délégation à Addis Abeba,une quinzaine de jours auparavant.

En effet, grâce à l’appui du noyau dur de nos amis (les RP des pays amis accrédités auprès de l’UA) avec le Sénégal comme chef de file et grâce a notre présence effective au sein du centre de conférences , les résultats suivants ont été atteints:

-Les dispositions contenues dans le “rapport du conseil de paix et de sécurité sur le Sahara “élaboré et adopté à Addis Abeba n’ont pas été amendées a Malabo

– Le Sommet n’a pas été saisi d’une décision spécifique sur le Sahara

-la Commission de l’UA n’a pas reçu de mandat pour interférer dans le processus onusien de règlement de la question du Sahara ,

-Le Rapport de la présidente de la commission de l’UA sur le Sahara a été reporte au prochain Sommet. Néanmoins ,a l’instigation de la présidence ougandaise du CPS ,le qualificatif “illégales ” a été ajoute a l’expression “l’exploitation des ressources naturelles” dans le texte qui a été soumis aux chefs d États.

Ce préjudice est le résultat de la présence majoritaire de nos adversaires au sein du CPS , lesquels sont : l’Ouganda , l’Algérie ,l’Afrique du sud , la Tanzanie, le Mozambique, la Namibie contre seulement la présence du Niger ….

Des démarches seront entreprises auprès des délégations amies pour tenter de rejeter cet ajout. Il est a souligner ,que bien que la question du Sahara n’ait pas figure ,officiellement ,dans l’ordre du jour du sommet , la Tanzanie dans son intervention lors de l’examen du point relatif a l’Agenda 2063, a évoqué la question comme étant “une affaire de décolonisation a laquelle il faudrait trouver une solution sans délai.”

Par ailleurs , des contacts ont été principalement entrepris, au sein de l’enceinte du palais abritant le sommet de l’UA, avec les Ministres et les membres des délégations des pays suivants : le Sénégal,le Niger ,le Kenya,la Gambie ,la Mauritanie et surtout avec le chef du cabinet Mme Zuma, le burkinabé Jean Baptiste Natama.

Ce dernier nous a été d un grand apport notamment en nous remettant a l’avance toute la documentation afférente aux travaux du sommet. A ce titre, je suggére Monsieur le Ministre de remettre au Burkinabé 2500 dollars à titre de prime d’encouragement, afin de l’amener à poursuivre sa collaboration avec nous.

Aussi peut-il être avancé que la mission a atteint ses objectifs. Néanmoins des efforts accrus doivent être entrepris par la consolidation des relations et des rapports avec les pays traditionnellement amis et par une ouverture sur ceux de l’Afrique australe, qui constituent la base des soutiens des adversaires de l’intégrité territoriale de notre pays.

Haute considération

Dans un autre mail, Mohammed Farahat, Chef de Division des Partenariats régionaux au Ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, le nom de Natama est aussi cité dans un compte-rendu d’une mission à Addis Abeba en juin 2014 :

J’ai l’honneur de porter a votre connaissance que suite a mon initiative de vouloir rencontrer M. Jean-Baptiste Natama, Chef de cabinet de Mme Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission de l’Union africaine (CUA), celui-ci a eu l’amabilité de repondre en m’invitant à déjeuner, ce jour, chez lui en famille.

Son compatriote, l’ambassadeur Malik Sarr Représentant de  l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) auprès de l’UA a pris part également a ce déjeuner informel.

En aparté, et me basant sur les elements d’information contenues dans les comptes-rendus de mission effectuee par M. l’Ambasadeur Moha Ouali Tagma, Directeur des Affaires africaines et le Chef de Cabinet de Madame la Ministre Deleguee, M. Mohammed Sitri, j’ai expose a M. Natama les points suivants :

–       Le rapport sur le Sahara devant etre presente par Mme Zuma lors du XXIIIe Sommet de l’UA, prevu a Malabo du 23 au 28 juin 2014 ;

–       L’hégémonie montante du CPS au détriment des tentatives constructives du Maroc vis-à-vis de l’UA en privilégiant les intérêts du continent et au detriment des propres organes de l’UA qui sont entrain d’être relégués au second plan, comme le COREP voire la CUA ;

–       La désignation de l’ex-Président mozambicain Chissano qui est appelée à un échec certain et  qui ne fera qu’envenimer une ambiance déjà trouble par des actions téléguidées depuis l’Algérie et ses acolytes;

–       Les tentatives du CPS de nuire au processus de règlement onusien en essayant vainement d’introduire la question du Sahara dans l’agenda de la 8eme réunion de consultations entre le CPS et le Conseil de sécurité de l’ONU, en debut du mois courant, s’il n’y avait la vigilance de la MP du Maroc a New York et la compréhension constructive des P5 et surtout du Président du CS.

En réponse, mon hôte a fait le commentaire suivant :

–       A supposer que rapport il y ait a Malabo, ce ne sera que de la « littérature de circonstance»  sans importance ;

–       M. Natama a admis la montée en puissance du CPS sous Achegui. Il en veut au manque de vigilance et de perspicacité du groupe francophone de l’UA qui devait se manifester bien avant, à l’ occasion de la passation du témoin par Laamamra. Dans tous les cas M. Natama reste optimiste pour la succession du Commissaire Achergui qui devrait revenir à la région Afrique du Nord ou mieux a celle de l’Ouest puisqu’il ne pense pas qu’il y ait un pays nord-africain qui « oserait » présenter une candidature. Il a concédé que le CPS reste motivé par des intentions hégémonistes et a admis que la question est évoquée mais pour le moment en sourdine. L’échéance des élections en 2016 s’annoncent déterminantes pour l’avenir cet organe et par ricochet de l’UA, selon M, Natama.

–       Mon interlocuteur a affirmé  comprendre les appréhensions du Maroc quant a la nomination de Chissano mais a reconnu une tendance chez sa présidente à accepter, lors de ses déplacements certaines propositions qui lui sont faites par ses interlocuteurs et qu’il ne peut instruire ni donner son avis qu’a posteriori. En tout état de cause, cette nomination est à mettre sur le compte d’affinités partagées dans un passe « militantiste ».

–       M. Natama n’a pas caché sa surprise d’apprendre de moi la mission du CPS a New York et son ignorance d’un quelconque Communique publie a l’issue de cette réunion ni même ayant recu de compte-rendu qui devait normalement être adresse a la Présidente de la CUA. Il a mis la question sur le compte du constat fait de l’hégémonie du CPS.

En reaction, j’ai insisté aupres de M. Natama pourune bonne et intelligente prise en charge de la question du Rapport de sa presidente en continuant, comme il l’a toujoursfait, a « le mettre sous le coude » ; ce qui, a terme, le viderait de toute substance et de s’interposer par tous les moyes en son pouvoir, a une presentation dudit rapport par le CPS, lors du XXIIIe Sommet de l’UA a Malabo.

M. Natama s’est montré comprehensif et a promis de faire tout ce qui est en ses moyens ; et ce, en « temoignage d’amitie sincere pour le Maroc, de la grande idee qu’il se fait de son Roi Sa Majeste Mohammed VI et des sentiments de fraternite non compromise pour les marocains ».

Dans cet elan affectif, j’ai pris sur moi d’inviter M. Natama en compagnie de son epouse au Maroc a une periode de sa convenance et de lui organiser, a cette occasion, des contacts «  a titre informel » avec des personnalites marocaines independantes qui seraient a meme d’echanger avec le brillant intellectuel qu’il était ; invitation qu’il a affirme accepter avec joie.

Rendez-vous a été, ainsi, pris a Malabo pour une action concertee qui avortera toute intention velleitaire contre le Maroc.

J’ai pris conge de mon hote en retenant l’idee de nous rencontrer avant mon depart d’Addis, le 18 juin, si le besoin se presentait.

Par ailleurs, a l’occasion de nos échanges a table, M. SARR, que j’ai eu l’occasion de côtoyer a l’occasion de mes fonctions a l’Ambassade du Maroc a Paris et de nos rencontres périodiques a l’Agence de la Francophnie, a emis le souhait d’avoir des contacts avec la délégation marocaine et m’a demande de faire part des a present du souhait du Conseiller spécial du Président Diouf d’avoir des entretiens avec des membres de la delegation marocaine qui sera présente a Malabo. Le propos est d’avoir un echange autour des possibilites qu’offrirait le Groupe des Ambassadeurs africains en termes de relais des attentes du Maroc.

Enfin, sauf objection éventuelle de votre part et en concertation avec M. l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi a Addis abeba, je compte avoir des entretiens avec l’ambassadeur d’Afrique du sud dont notre relation remonte au temps ou on exerçait ensemble a Pékin ainsi qu’avec les ambassadeurs de Tunisie, du Tchad et du Nigeria. L’objectif est d’attirer leur attention sur la dérive de certains organes de l’UA, le CPS en l’occurrence, des desseins et des attentes mis dans cette organisation pour servir les questions de développement, d’intégration régionale et continentale et les besoins en bonne gouvernance et en actions de proximité sociale dont le citoyen africain a le plus besoin comme nous le proclamons, d’ailleurs, ensemble sans discrimination dans le cadre des partenariats régionaux.

Très haute considération

Mohammed Farahat

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