Quel est le secret de la déclassification des archives de la révolution algérienne ?

Algérie, France, archives, colonialisme, mémoire, Emmanuel Macron,

La décision des autorités françaises de déclassifier les archives des « enquêtes judiciaires », qui ont eu lieu lors de la révolution de libération contre le colonialisme français, a soulevé plusieurs questions sur le contexte de cette décision, intervenue dans un contexte très sensible.
La décision française intervient deux jours après la visite du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian en Algérie, après plus de deux mois d’une grave crise diplomatique entre les deux pays, sur fond de déclarations incalculables du Président français, Emmanuel Macron.
Les observateurs ont lu la démarche française comme une « manœuvre » pour atteindre des objectifs non déclarés, et les milieux spécialisés ont lié cette décision à la course effrénée entre les candidats affiliés à la droite et à l’extrême droite, pour les élections présidentielles en France.
L’historien algérien Mohamed Amine Belghith, spécialiste des relations historiques entre l’Algérie et la France, a confié à Echorouk ; « La décision française est considérée comme une manœuvre qui doit être traitée avec beaucoup de prudence, en raison de ses objectifs apparemment invisibles, mais en fait, elle est étroitement tissée pour atteindre des objectifs qui servent la France et ne servent pas l’intérêt national de l’Algérie ».
La ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, a annoncé la décision du gouvernement français de déclassifier les archives des « enquêtes judiciaires ».
« Je vous annonce l’ouverture des archives des enquêtes judiciaires de la gendarmerie et des forces de police sur la guerre d’Algérie 15 ans plus tôt », a déclaré Bachelot à BFMTV jeudi 9 décembre à propos de la révolution de libération historique et victorieuse de l’Algérie entre 1954 et 1962.
Si la démarche française apparaît très audacieuse compte tenu du passé colonial criminel des pratiques de l’occupation française en Algérie, tant elle est considérée comme une fenêtre vers la dénonciation des crimes de l’armée coloniale, et « le début de la recherche de la vérité directement », selon le responsable français, cependant, il comporte néanmoins des risques, comme la déformation de certaines icônes révolutionnaires, notamment l’héroïque martyr, Larbi Ben M’hidi.
Mohamed Amine Belghith a expliqué ; « D’abord, il faut souligner une chose, c’est que la dernière décision française porte sur une question, qui est le suivi judiciaire des patriotes, et cela est étudié par les juges français qui ont vécu cette étape. On suppose que l’ouverture des archives liées au suivi judiciaire des patriotes pendant la révolution algérienne se fera en l’an 2039. Et le dossier des Harkis en 2045… mais pourquoi les autorités françaises ont-elles annoncé l’ouverture des Harkis dossier avant les archives ?”.
«Ce qui est sûr, c’est que les Français ne prendront aucune décision sauf selon des calculs, donc je pense que la dernière décision n’a d’autre but que de semer la confusion chez les Algériens. Vous savez que depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, deux générations n’ont pas participé à la révolution… », a ajouté l’historien, qui a passé cinq ans à étudier à l’Université française de la Sorbonne.
L’historien bien connu pense que : « Les Français, par leur dernière décision, veulent gâcher le récit que nous avons à propos de certaines personnalités révolutionnaires qui dans la mémoire des Algériens sont proches du degré de sainteté. Le dossier de Larbi Ben M’hidi dans les archives françaises dépeint le martyr comme une personne pervertie, alors que l’homme était l’une des rares personnes à faire preuve d’intégrité et de constance. Il en va de même pour le combattant de la liberté, Abane Ramdane, qui est mal présenté même si son image est tout à fait opposée ».
Belghith estime que les autorités françaises, à la lumière de la campagne électorale pour la présidence française, cherchent un moyen de mélanger les cartes des Algériens. J’ai étudié à la Sorbonne et je les connais bien. Ils sont meilleurs pour trier et organiser des fichiers… et ils manipulent des fichiers uniquement pour des raisons de guerre psychologique ».
L’historien s’est demandé si la récente décision française libérerait les archives des procès du réseau Johnson et des procès de Koudia ; « il faut être prudent, et ensuite être prudent lors de la lecture des documents qui ont été révélés », excluant que la décision vise à permettre aux Algériens des archives de la révolution, sinon les chercheurs ne seraient pas privés de Visas leur permettant d’accéder au archives situées en France.
Echourouk online, 11/12/2021
#Algérie #France #Archives #Mémoire #Macron

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*