L’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, raconte la sensibilité de la relation entre l’Algérie et son ancien colonisateur, dans la mesure où elle incite quiconque écrit ses mémoires et est exposé à ce pays, à réfléchir à l’avance aux conséquences de ses mots et phrases.
En effet, Driencourt a exprimé dans ses mémoires, qu’il a intitulés « L’énigme algérienne : papiers d’ambassade en Algérie », ce qui l’entourait lorsqu’il a écrit les premiers mots de son livre : « Tout ce qui s’écrit sur l’Algérie, notamment à Paris , ce qui peut, dans une certaine mesure, être incompatible avec ce qui est dit.
Avant de décider d’écrire ses mémoires sur la mission diplomatique qu’il a accomplie en Algérie comme ambassadeur pendant près de dix ans, il dit avoir bien réfléchi et bien pesé les conséquences : « J’attends que ces quelques souvenirs et les observations qui suivent soient analysées, commentées sur et sans doute critiqué, en Algérie, d’après ce qu’en disent les extraits du livre publié par la maison d’édition l’« Observatoire ».
Cela peut même revenir à convoquer l’ambassadeur de France sur fond de notes émises par un ancien ambassadeur, et dans ce qu’il écrit : « L’ambassadeur de France peut être convoqué, et il demandera si la France parle par l’intermédiaire de l’ancien ambassadeur, et la presse se déchaînera et les réseaux sociaux seront activés. Bien que ces notes n’engagent pas les autorités françaises, elles n’engagent que leur auteur.
A cet égard, le diplomate français a rappelé les réactions suscitées par les mémoires de l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, et les quelques phrases extraites de son livre, sorties de leur contexte et agrémentées d’autres lectures déplacées, bien qu’il a parlé du courage, de la bienveillance, de la lutte et de la persévérance des Algériens, alors qu'”ils l’ont aussi montré pendant les longues années de lutte contre la France”, a-t-il dit.
Le diplomate français a évoqué la période politique difficile qu’a connue l’Algérie après l’accident vasculaire cérébral de l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika, et comment cela a affecté son travail d’observateur de la situation (en tant qu’ambassadeur) dans un pays plus qu’important pour la France. : « Je savais à quel point ce pays est difficile, la vie difficile en Algérie, la très grande complexité, due à la situation politique intérieure depuis l’accident vasculaire cérébral du président Bouteflika en 2013, et bien sûr l’immense solitude vécue par un ambassadeur de France en Algérie.
Il a également parlé du “mouvement populaire” ou “Hirak” qui a éclaté le 22 février 2019, qui a renversé l’ancien président, et comment cela a affecté son travail, car les autorités de l’époque avaient exigé son expulsion en raison de ce qui avait été rapporté à être sa relation à l’aggravation de la situation interne.
Les mémoires de l’ancien ambassadeur de France ont clairement révélé l’importance de l’Algérie pour la France, lorsqu’il a enregistré « sans aller jusqu’à reprendre la phrase de l’ancien président François Mitterrand en 1954, dans laquelle il disait que l’Algérie, c’est la France. Je dis après près de huit ans que j’y ai passé (c’est-à-dire l’Algérie), c’est bien “la politique intérieure française autant que diplomatique, car l’Algérie est aussi importante pour les Français que l’Allemagne en termes d’histoire commune et de partenariat économique” .
Driencourt cite une déclaration de Maurice Gordo Montaigne, secrétaire général de l’ambassade lorsqu’il était en Algérie, dans laquelle il disait : « Pour la France et sa diplomatie, il y avait deux pays qui étaient particulièrement importants et, bien sûr, pour des raisons différentes : Allemagne et Algérie. Nous devons donc être attentifs à nos relations avec ces deux principaux partenaires.
Ces confessions confirment l’enracinement de la mentalité cosmopolite des hommes politiques français dans leur rapport au paradis perdu, mais à la lumière d’aujourd’hui la parité imposée par l’Algérie est devenue un rêve du passé.
Mohamed Meslem
Echourouk online, 14/03/2022
#Algérie #France #Colonisation
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