Espagne le chantage à l’émigration exercé par le Maroc a prévalu – Sahara Occidental, Algérie,
L’Espagne a pris, vendredi, une position, pour le moins, inattendue sur le dossier sahraoui. En effet, le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a souligné qu’il «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc» en ajoutant dans un communiqué que «le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend».
Un changement de position radical qui n’a pas tardé à faire réagir l’Algérie qui, dans un premier temps, a rappelé son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat. Un rappel qui fait «suite aux déclarations des plus hautes autorités espagnoles constituant un brusque revirement de position concernant le dossier du Sahara occidental», indique un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger publié hier samedi. Un communiqué dans lequel les autorités algériennes se disent «très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental», et même «surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental». En effet, les autorités espagnoles qui étaient, jusque-là, attachées au droit international et aux résolutions de l’instance onusienne, et même européenne qui insistent sur l’autodétermination du peuple sahraoui, niant la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental ont décidé, vendredi, de pencher vers la solution marocaine qui table sur l’autonomie du peuple sahraoui.
Un revirement qui se produit, comme le souligne le Polisario «dans un contexte très grave que traverse le conflit au Sahara occidental après le retour à la guerre en novembre 2020, et l’état de tension dans la région en raison de la persistance du Royaume du Maroc dans ses politiques expansionnistes et ses plans pour perturber la sécurité et la stabilité de la région ».
Le chantage marocain a prévalu
Cette «sortie espagnole» vient jeter de l’huile sur le feu, capitulant devant le chantage à l’émigration exercé par Rabat. Pourtant, l’Espagne rappelait en 2009 qu’elle s’alignait sur la position des Nations Unies, qui considèrent le Sahara occidental comme faisant partie des territoires non autonomes, donc à décoloniser. Et même que Madrid annonçait officiellement, par la voix de son ministre des Affaires étrangères de l’époque, Miguel Angel Moratino, qu’il n’a jamais reconnu la souveraineté du Maroc sur son ancienne colonie qui a connu l’invasion du Maroc, en novembre 1975 par le défunt roi Hassan II. Mais les positions espagnoles sur le sujet ont souvent été ambigües, soufflant le chaud et le froid. Des positions influencées par les menaces marocaines sur l’Espagne, mais aussi sur l’histoire qui la lie aux territoires occupés du Sahara occidental. En effet, puissance coloniale de la région de 1884 à 1975, l’Espagne n’a pas respecté les règles imposées par le droit international au moment de la décolonisation. D’abord, elle n’avait pas procédé au référendum d’autodétermination du peuple sahraoui pour lequel elle était mandatée par l’ONU, et son retrait de ces territoires qu’elle occupait s’est opéré de manière brutale, laissant le Maroc annexer le Sahara occidental.
B. A.
L’Algérie aujourd’hui, 20/03/2022
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