Sahara occidental: L’Onu dément et accule le Maroc

Sahara occidental: L’Onu dément et accule le Maroc – Front Polisario, MINURSO, Alexander Ivanko, Staffan de Mistura,

L’Organisation des Nations unies s’est vue obligée de monter au créneau pour la deuxième fois en quelques jours pour démentir des propos prêtés à ses responsables sur le conflit au Sahara occidental.

Cette fois-ci, c’est à une contre-vérité concernant l’attaque contre des civils au Sahara occidental, qui a été menée par l’armée marocaine le 13 avril dernier, que le porte-parole adjoint de l’Onu tord le cou. Vendredi 21 avril, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général, a qualifié de « déformation des faits » une information de la presse espagnole faisant état de la prétendue satisfaction de Staffan De Mistura, envoyé personnel du SG, quant au revirement de l’Espagne sur la question du Sahara occidental. Mardi 26 avril, un porte-parole adjoint des Nations unies a démenti d’autres propos mensongers, cette fois prêtées par la presse marocaine au chef de sa mission au Sahara occidental (Minurso), Alexander Ivanko. Ce dernier aurait déclaré, selon des médias marocains, que ses services se sont rendus sur les lieux de l’attaque qui a ciblé le 13 avril des civils au Sahara occidental et ont conclu que l’attaque, menée par l’armée marocaine, a visé une colonne du Front Polisario transportant des armes.

Attaque aérienne contre un convoi de trois véhicules

« Nous avons reçu des précisions de notre mission de maintien de la paix au Sahara occidental concernant des comptes rendus dans la presse marocaine indiquant que le représentant spécial et chef de la mission, Alexander Ivanko, a déclaré qu’un raid aérien a ciblé des véhicules du front polisario transportant des armes. Le représentant spécial n’a pas déclaré cela », a indiqué le porte-parole adjoint dans un communiqué lu en conférence de presse mardi. Il a ensuite donné la version de la Minurso concernant cette attaque : « Une délégation de la Minurso a pu se rendre sur les lieux de l’attaque présumée du 13 avril où elle a constaté trois véhicules (deux camions et un véhicule léger) qui semblent touchés par des armes aériennes. La mission n’a pas pu confirmer s’il y avait des personnes atteintes dans cet incident. Le conseil de sécurité a été informé le 20 avril. » Le 21 avril, M. Dujarric avait précisé que « toute déclaration sur la position de M. De Mistura ou ses activités qui n’est pas publiée par lui ou mon bureau est trop souvent une déformation des faits ».

Un organe onusien condamne le Maroc pour faits de torture

Le Comité des Nations unies contre la torture (CAT) a condamné le royaume du Maroc pour faits de torture et de mauvais traitements, sur le prisonnier sahraoui du groupe de Gdeim Izik, Mohamed Bourial, l’appelant à « indemniser équitablement le détenu et à ouvrir une enquête impartiale » pour juger les tortionnaires. Mohamed Bourial, né en 1970 au Sahara occidental, a été arrêté le 8 novembre 2010, le jour où les forces marocaines ont démantelé sauvagement le campement de Gdeim Izik, qui comprenait environ 6.500 tentes installées par des Sahraouis u mois plus tôt pour protester contre les mauvaises conditions socio-économiques au Sahara occidental occupé par le Maroc depuis 1975.

Il affirme être victime de violations par le Maroc de ses droits protégés au titre des articles 1, 2, 11, 12, 13, 14, 15 et 16 de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le détenu sahraoui « a été victime de torture, il doit être indemnisé de façon adéquate et équitable, y compris avec les moyens nécessaires à une réadaptation la plus complète possible, et recevoir un traitement de réhabilitation », selon la décision adoptée par le CAT en vertu de l’article 22 de la Convention, concernant la communication n 923/2019 relative à la plainte de Mohamed Bourial, déposée par l’avocat de la défense du groupe Gdeim Izik, Olfa Ouled. Le Comité appelle également Rabat à l’ »ouverture d’une enquête impartiale et approfondie sur les événements en question (torture et mauvais traitements), conformément au protocole d’Istanbul, pour juger les tortionnaires et les responsables » de ces faits.

Il exhorte aussi les autorités d’occupation marocaines à « mener une enquête immédiate et effective concernant les allégations de représailles dénoncées par le requérant (Bourial) et à s’abstenir de tout acte de pression, d’intimidation ou de représailles susceptible de nuire à l’intégrité physique et morale du prisonnier, qui constituerait autrement une violation des obligations du Maroc au titre de la Convention de coopérer de bonne foi avec le Comité pour l’application des dispositions ». Le détenu Mohamed Bourial doit « recevoir la visite d’un médecin de son choix, recevoir la visite de sa famille et de son avocat et être transféré dans une prison plus proche de sa famille » au Sahara occidental occupé, recommande le CAT. Et de préciser dans ce sens que « le Maroc dispose de 90 jours à compter de la date de la décision pour l’informer des mesures qu’il aura prises pour donner suite aux observations cidessus. Si le Maroc ne se conforme pas à la décision du CAT, il viole son engagement envers la Convention contre la torture et le protocole additionnel à la convention, qui ont tous deux été ratifiés par le royaume », avertit-il.

Dans sa requête, le plaignant Mohamed Bourial indique, entre autres, qu’il a été soumis à de mauvais traitements pendant sa détention, sans accès à un médecin de son choix en dépit de son mauvais état de santé, a été placé en conditions d’isolementet a été privé de recevoir régulièrement la visite de sa famille. En outre, le détenu de Gdeim Izik a indiqué que sa condamnation était uniquement fondée sur des aveux obtenus par la torture alors même qu’il affirme n’avoir rien avoué, mais avoir été contraint d’apposer sa signature sur un document dont il ne connaissait pas le contenu, alors qu’il était menotté et avait les yeux bandés.

En ne procédant à aucune vérification et en utilisant de telles déclarations dans la procédure judiciaire contre le requérant, le Maroc a manifestement violé ses obligations au regard de l’article 15 de la Convention. Par ailleurs, l’avocate Olfa Ouled a indiqué qu’elle espérait, à court terme, que les « conditions de détention de l’ensemble des prisonniers sahraouis s’améliorent et que c’était le combat actuel de leur familles ». Pour rappel, la Cour de cassation marocaine avait condamné en novembre 2020 « définitivement » tous les prisonniers de Gdeim Izik à une peine allant de 20 ans à la perpétuité. Depuis, de nombreux appels ont été lancés par des organisations internationales, des militants et des activistes pro-sahraouis étrangers pour la libération des détenus politiques sahraouis qui font l’objet de traitements « cruels et inhumains » dans les prisons marocaines.

Par : LAKHDARI BRAHIM

Le Midi Libre, 28/04/2022

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