Algérie: rencontres gouvernement-patronat. Quels impacts?

Algérie: rencontres gouvernement-patronat. Quels impacts? – PMI/PME,  start up, économie, codes d’investissement, rente,

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Quels impacts les rencontres gouvernement patronat afin de dynamiser l’économie nationale : les axes directeurs politiques, économiques, sociaux et culturels , loin des illusions de la distribution de la rente, pour relancer l’économie nationale.

Le gouvernement, en ce mois de fin avril 2022, annonce une série de rencontres avec le patronat pour rétablir la confiance. Changera-t-on de logiciels par rapport aux nombreuses rencontres entre 1995/2020 aux résultats mitigés ? Le rôle de l’intellectuel, ou de tout cadre de la nation crédible y compris les ministres, n’est pas de faire des louanges en contrepartie d’une rente, contre-productif pour le pouvoir lui-même, mais d’émettre des propositions opérationnelles privilégiant les intérêts supérieurs de la Nation. Dans le contexte d’aujourd’hui, avec le nouveau système de communication où tout est enregistré, un politique doit être réservé, ne jamais s’aventurer à faire des promesses qu’il ne pourra pas tenir, s’il veut conserver sa crédibilité auprès de la population qui a ses promesses en mémoire.

1.-Dresser un bilan sans complaisance pour agir efficacement à l’avenir

Il s’agit d’analyser les impacts pour la dynamisation de l’économie nationale, face aux tensions sociales, et notamment sur les Pmi/Pme et sur les star up, afin de ne pas renouveler les erreurs du passé, de l’ex Ansej où Plus de 70% selon les responsables sont en état de faillite après avoir bénéficié de nombreux avantages financiers et fiscaux. Depuis plus de 25 ans des dizaines de réunions gouvernements patronat public/privé ont eu lieu pour relancer le tissu économique et notamment et en ce mois de fin avril 2022, 98% des recettes en devises avec les dérivées plus de 2,5 milliards de dollars en 2021 sur les 4 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures, proviennent toujours de Sonatrach. Combien d’organisations et de codes d’investissement depuis l’indépendance politique et l’Algérie en ce mois d’avril 2022 est toujours une économie rentière. Quel est le bilan final en termes d’avantages économiques, en toute objectivité, de toutes ces organisations dont la dernière en date sont les groupes industriels et les assainissements financiers, pour ne prendre que les deux exemples les plus médiatisés El Hadjar et la SNVI de Roubia ? Quel est le bilan ect..) par rapport aux avantages accordés (taux d’intérêts bonifiés, exonération de la TVA en termes de création de valeur ajoutée, d’emplois productifs et de la réduction de la facture d’importation, de ces entreprises crées par les différentes institutions ANDI ANSEJ, ANJEM, CNAC ect -Evitons de dépenser sans compter , sans analyses des impacts de tous ces projets où en rappelant que selon les données du premier ministère l’assainissement des entreprises publiques durant les 20 dernières années a couté au trésor public environ 250 milliards de dollars et que durant les 10 dernières années les réévaluations, faute de maturation des projets, ont coûté 65 milliards de dollars : mauvaise gestion ou corruption ou les deux à la fois. Cela montre clairement que l ‘on en ne s’est pas attaqué à l’essence du blocage et que ces différentes rencontres n’ont eu aucun impact sur le terrain et que le blocage est d‘ordre systémique.

Il s’agit d’éviter la vision bureaucratique des réunionites et des commissions au sein de bureaux climatisés déconnectées des réalités sociales et s’attaquer au fonctionnement de la société par des résultats palpables sur le terrain. C’est l’entreprise libérée des entraves et un Etat régulateur qui peuvent créer une économie productive à forte valeur ajoutée. En outre, si les investissements algériens ne trouvent pas intérêt à aller vers la production nationale, vers la création de l’emploi, faut-il s’étonner, ou encore moins, s’attendre à ce que les investisseurs étrangers, qu’il y ait la règle du 51/49%, ou même l’inverse, fassent preuve de plus d’engagement. Pourquoi, aussi, n’arrive-t-on pas à mettre en place des politiques économiques viables ? Faut-il, pour autant, revenir au bon ministère de la planification, pour mettre de l’ordre dans ce « désordre » ? Les rencontres actuelles sont -t- elles exceptionnelle par leur contenu à savoir le lancement d’un nouveau programme économique pour le pays différentes de celles prônées, virtuellement, par les gouvernements précédents ? Comment va-t-on aborder la question de relance de l’investissement, en ces moments de graves tensions géostratégiques avec l’annonce de la récession et l’inflation de l’économie mondiale 2022/2023, et la crise alimentaire mondiale qui remet en cause la cohésion sociale, alors que perdurent, encore, le blocage bureaucratique , la non réforme du système financier dans toutes ses composantes ( douane, banques, fiscalité, domaine ) , du foncier, du système socio éducatif et de l’information économique qui sont autant d’obstacles empêchant la relance de l’investissement d’où l’importance du rôle de l’Etat régulateur, de la responsabilité des producteurs, de la maîtrise des prix des matières premières qu’on ne produit pas, de la dynamisation de l’agriculture, de l’industrie et des services créateur de valeur ajoutée , etc. Aura-t-on le courage , pour des raisons de sécurité nationale et non d’intérêts personnels ,de faire un bilan serein de l’actuelle situation socio économique où le taux de croissance dérisoire annoncé pour 2022 de 2% par la banque mondiale alors qu’il faut un taux de croissance de 8/9% par an sur plusieurs années pour absorber les 350.000/400.000 demandes d’emplois par an qui s’ajoute aux taux de chômage actuel qui approche en 2021 les 15%.

D’où l’importance d’un large front social anti-crise et d’élargir ces rencontres aux forces nouvelles acquises aux réformes et non les anciennes organisations ayant applaudi tous les gouvernements en contrepartie du transfert de la rente et de décider de débattre de la thématique consistant à plancher sur « le passage d’une économie de rente à une économie de production », seule manière de réhabiliter la notion de productivité et de relier les revenus à la production ?Pour sa part, le président de la République depuis 2020 a délivré des messages de vérité non appliqués sur le terrain, où il est du devoir du gouvernement et de ses partenaires sociaux et économiques de donner l’exemple à notre peuple, par la solidarité, la mobilisation et l’unification des rangs, afin que notre pays puisse mobiliser les énergies et les investir de manière constructive dans les différentes capacités et potentialités de ses enfants.

2.-Les axes politiques, économiques, sociaux et culturels du redressement national de l’Algérie 2022/2025/2030 : Il faut redonner confiance afin que les Algériens s’impliquent

Avec les nouvelles technologies, qui révolutionnent le système d’information, sa maîtrise est primordiale. Elle peut être profitable pour dynamiser la société, mais préjudiciable lors de la manipulation de certains réseaux, avec des rumeurs dévastatrices à des fins de déstabilisation. Pour paraphraser le langage militaire, devant distinguer tactiques et stratégie, pour mobiliser la population, s’impose un renouveau du système de communication dans le domaine économique, social, culturel et politique. La communication reste une affaire de terrain et non de bureaux feutrés, sa sémantique, sa sémiologie, sa stratégie et ses cibles ne pouvant relever de l‘amateurisme, elles doivent être élaborées à partir de travaux d’enquêtes ciblées Je propose quatre axes. Premièrement les six axes d’action dans le domaine politique où à la question « Comment reconnaissez-vous un bon personnage politique ? », Churchill avait répondu : « Même s’il reste en conversation avec moi durant plus d’une heure, je ne saurai pas s’il a dit Oui ou Non ».

La communication politique doit éviter l’essoufflement et la monotonie, et que les déclarations et les gestes de responsables ne soient un objet de caricatures ou de plaisanteries, tant dans la presse que dans les espaces publics. Les Algériens souhaitent que leurs responsables leur ressemblent ; ces derniers doivent éviter d’essayer que ce soit au peuple de leur ressembler. Dans ce cadre, l’action des responsables doit s’inscrire dans le cadre d’une planification stratégique avec un suivi des résultats périodiquement , au sein d’ un registre d’engagements qui toucheraient en premier lieu les situations pénibles vécues. Cela concerne notamment les problématiques relatives à la gouvernance : l’intégration de la sphère informelle qui produit la corruption ; la bureaucratie centrale et locale ; l’urbanisation anarchique faute d’une véritable politique d’aménagement du territoire ; le problème des logements souvent livrés sans VRD ; les infrastructures défectueuses ; les malades dans les hôpitaux avec un système de santé à revoir ; éviter les assainissements répétés des entreprises publiques ,redresser la baisse de niveau de l’éducation, du primaire au supérieur ; réformer en profondeur le système financier (douane, fiscalité, banques, domaines, banques publiques qui accaparent plus de 85 % des crédits octroyés mais n’étant que de simples guichets administratifs ; résoudre l’épineux problème du foncier urbain et agricole ; intégrer pour une vie décente les communautés marginalisées dans le pays profond ; solutionner : la pénurie d’eau et les coupures d’électricité, le dérapage du dinar, l’inflation des produits essentiels, les points noirs de circulation ; opérer un renouveau de la gestion des ambassades bureaucratisées, qui doivent donner une autre image positive de l’Algérie ; prendre en charge les doléances du Sud pour l’obtention d’emplois et, bien entendu, de la majorité des autres wilayas touchés par le chômage. Il faut que les responsables politiques à tous les niveaux, se présentent avec la modestie qu’exigent l’imaginaire et le mental algérien sans tomber dans le populisme médiatique qui serait alors contre-productif. Car la fonction ne doit pas être un privilège pour se servir, mais une lourde mission pour servir la Nation.

L’opinion publique nationale se ligue normalement autour de la femme ou de l’homme rassembleur, capable de réaliser un certain accomplissement pour le pays. Enfin , le patriotisme à ne pas confondre avec le nationalisme chauviniste, peut féconder la matrice qui forge la mobilisation populaire, sous réserve toujours de la moralité car en dépit des apparences, les Algériens sont attachés à leur passé et aux défis de leur présent. Deuxièmement, les sept axes d’action sur le plan économique doivent s’articuler ainsi. Insister sur la nécessité des réformes économiques en faisant le lien direct avec les impératifs de justice sociale et placer l’Algérie comme pays pivot par rapport aux nouvelles mutations mondiales la mondialisation. – Montrer, chiffres à l’appui, la masse d’argent colossale dépensée et les impacts économiques et sociaux – de l’indépendance à ce jour, l’histoire ne se découpant pas en morceaux – les dépenses pour l’assainissement financier des entreprises publiques économiques et dont le résultat a été largement en dessous des attentes. Exposer des dépenses et résultats qui ont présidé à tous les organismes de création d’emplois, avec les bonifications de taux d’intérêt.

Quant aux startups prestataires de services, elles ont besoin d’un marché et d’un environnement concurrentiel ; Leur efficacité serait nulle à terme sans la dynamisation du tissu productif, l’élévation du niveau de qualification, et une efficacité des institutions nous retrouvant dans le même scénario des nombreuses faillites des projets de l’ex ANSEJ. Or, si les nouveaux projets sont lancés en 2022,il faut prévoir de deux à trois ans pour la rentabilité des PMI/PME, et autour de 2027/2029 pour les projets hautement capitalistiques. Donc il ne faut pas attendre des entrées de devises avant ces dates, et d’autant plus que le monde économique aura alors profondément changé : avec la crise mondiale et l’endettement des États, une baisse substantielle des IDE, notamment vers le Maghreb et l’Afrique. Mettre en relief les dangers de la dépendance financière de l’économie nationale d’un seul produit à savoir les hydrocarbures, la nécessité d’axer les efforts sur le développement de l’agriculture moderne de grands espaces, afin de réduire la dépendance alimentaire extérieure (chiffres à l’appui). Insister sur l’importance de la création de l’emploi dans les services créateurs de valeur ajoutée, à ne pas confondre avec les services de la fonction publique. Comparer la situation socio-économique avec nos voisins immédiats ou dans des pays à structures et potentiels économiques comparables. Insister sur le rôle de la recherche scientifique dans le développement économique et social et sur la relation université / entreprise. Développer le secteur privé national productif, y compris les services, et l’accompagner par des mesures financières stimulantes et incitatives.

Quant aux huit axes d’action sur le plan social, la société algérienne, comme toutes les sociétés humaines, est structurée en fonction de plusieurs paramètres sociologiques : mettre en relief l’évolution par catégories d’âge, profession, sexes, statut social, statuts religieux, statut politique. V Redéfinir le rôle des collectivités locales à travers une réforme profonde pour pouvoir prendre en charge les besoins sociaux de la population, sans cesse croissants. Développer les centres de loisirs et de détente pour les jeunes et les familles. Insister sur la protection du consommateur par des mesures réglementaires rigoureuses. Développer la sécurité des frontières (terrorisme, trafics en tous genres), des biens et des personnes par le recrutement et la formation des agents de sécurité qui doivent s’adapter aux nouvelles technologies. Faire régner le respect de l’État de droit par tous, l’ordre afin d’éviter l’anarchie n’étant pas antinomique avec la cohésion sociale, et la démocratie tenant compte de notre authenticité. Sous-traiter certaines activités qui étaient assurées par les collectivités locales avec des associations de quartiers, le secteur privé. Par exemple l’enlèvement des ordures, l’éclairage public, l’entretien des routes et des espaces verts, le nettoyage des côtes, le reboisement, l’entretien et la réparation des bâtis… Développer le civisme et l’amour de la patrie, dont le rôle premier est la moralité, tant des dirigeants que des citoyens, en faisant de l’école un lieu de promotion sociale, le véritable patriotisme étant défini comme la contribution des Algériens à la valeur ajoutée nationale. Et dernier axes, un pays sans sa culture et son histoire, étant comme un corps sans amé, les cinq axes d’action sur le plan culturel est le segment vital du XXIe siècle, tant pour le développement que pour les futurs comportements et besoins sociaux (eau, santé, éducation) avec la préservation de la biodiversité, les industries de l’avenir, dont Internet, le tourisme dans toute sa diversité, la musique, les jeux vidéo et les feuilletons TV. Insister sur la diversité culturelle du pays et faire d’elle une richesse dont doivent profiter tous les Algériens. Développer les espaces d’expression artistique et culturelle. et insister sur la nécessité des cultures des civilisations. Introduire dans les programmes de formation et d’éducation nationale des enseignements de culture, dont l’histoire ancestrale de l’Algérie, des Numides à ce jour. Faire du sport une activité de masse et professionnelle. Développer les associations culturelles dans tous les domaines.

En conclusion, le concept de crise que traverse l’Algérie doit se hisser au niveau de la crise du monde et ne pas rester une crise de société bloquée, faute de perspectives pour l’avenir d’une population et surtout d’une jeunesse angoissée et même très angoissée par les assauts de la nature, par la violence humaine et les déchéances sociales et économiques. La communication rénovée doit trouver des réponses réelles qui répondent en priorité à ces angoisses. Or, il faut redonner confiance afin que les Algériens s’impliquent car, les réalisations futures sont à leur portée. Cette crise ne concerne pas seulement l’Algérie, mais le monde entier, aujourd’hui traversé par une crise d’identité avec des traumatismes sociaux, comme le montre le désintérêt vis-à-vis des partis et des sociétés civiles traditionnelles lors de différentes élections. Cela renvoie au concept de la citoyenneté qui ne doit pas rester aux yeux de la population comme un modèle importable, existant un lien dialectique entre la tradition et la modernité, ne devant jamais renier notre riche patrimoine historique et culturel (voir expérience des pays de l’Asie comme le Japon, la Malaisie, ou la Chine) mais adapter nos politiques économiques, sociales, culturelles, sécuritaires et militaires au mouvement du monde nouveau.

La rationalité, comme l’ont montré les deux grands philosophes allemands Hegel et Kant, est relative et historiquement datée. Et pour reprendre les propos de l’économiste indien et prix Nobel A.K Sen, toute action démocratique doit tenir compte des anthropologies culturelles spécifiques à chaque société. Où l’Algérie réalise cette transition nécessaire entre 2022/2025, ou elle ratera cette chance historique en plus des tensions géostratégiques qui menacent la sécurité nationale, le risque de fortes tensions sociales où le taux de chômage en 2022 approchera les 15% selon le FMI avec un taux d’inflation supérieur à 10% sinon plus. Or, l’objectif stratégique relevant de la sécurité nationale est de réaliser la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. étant à l’aube de la quatrième révolution industrielle et d’un nouveau modèle numérique et énergétique horizon 2022/2030 –

Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des universités, expert international docteur d Etat 1974-

#Algérie #Economie #Patronat

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