L’Allemagne prévoit de recourir au gaz algérien à partir de 2024 – stations de regazéification, Union européenne, GNL,
L’Allemagne entend importer du gaz algérien à partir de 2024 lorsqu’elle aura terminé l’installation des stations de liquéfactions du gaz naturel, lui permettant, à long terme, de se démarquer du gaz russe, a déclaré lundi soir, 2 mai 2022, le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck lors d’une rencontre avec les industriels locaux.
Pour le ministre allemand, “la fin proposée des importations énergétiques russes conduira à une augmentation permanente des prix du gaz pour les consommateurs et l’industrie allemande”.
“C’est la réalité amère et dure”, à laquelle est convié son pays, ajoutant que l’ère de l’énergie bon marché sera désormais révolue, en référence au gaz russe. L’Allemagne subit une forte pression de la part des Etats-Unis pour cesser ses importations de gaz d’Allemagne tandis que les industriels allemands refusent cette option qui va conduire à une crise économique sans précèdent depuis la première guerre mondiale.
Le prochain paquet de sanctions proposées par l’Union européenne contre la Russie devrait, à la demande des Etats-Unis, prévoir un arrêt des importations de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés russes d’ici la fin de l’année, ont laissé entendre plusieurs responsables européens.
Selon M. Habeck, il faudra attendre l’année 2024 pour que l’Allemagne puisse importer de grandes quantités de gaz naturel d’autres fournisseurs tels qu’Algérie, les États-Unis et le Qatar.
Ces importations qui se présentent sous la forme de gaz naturel liquéfié sont congelées et transportées via des navires spéciaux alors que l’Allemagne ne dispose pas pour le moment de stations de regazéification pour recevoir de telles approvisionnements. Le gouvernement affirme affirme qu’il faudra une moyenne de trois ans pour construire l’infrastructure nécessaire sur la côte allemande de la mer du Nord pour recevoir en premier le gaz algérien.
L’Allemagne peut devenir totalement indépendante du pétrole russe en quelques semaines, tandis que l’abandon complet du gaz naturel russe prendra plus de temps, ont déclaré des responsables.
L’ensemble des industriels et de l’économie allemande devront partager le fardeau des conséquences la coupure de l’approvisionnement énergétique russe si les nouveaux sanctions sont imposées, a indiqué M. Habeck. “Il n’y a pas d’autre moyen de s’en sortir”, a-t-il dit.
La Russie exporte du gaz naturel vers l’Allemagne et l’UE via un réseau de gazoducs qui a permis aux européens d’acheter du gaz bon marché. L’importation du gaz américain coutera trois plus cher que son prix sur le marché mondial, ce qui poussera, le cas échéant, les allemands à privilégier le gaz algérien et qatari, selon des responsables énergétiques européens qui ont fait savoir que des pourparlers entre responsables algériens et allemands seront engagés avant la fin du mois de mai 2022.
Outre l’Allemagne, l’Italie a aussi décidé de renforcer ses importations de gaz naturel algérien dans l’espoir de combler le déficit prévu suite à l’interruption des approvisionnements tel qu’exigé par Washington.
Le Premier ministre italien Mario Draghi a effectué le lundi 11 avril une visite officielle en Algérie durant laquelle un accord a été signé entre le groupe Sonatrach et l’Italien ENI portant sur l’augmentation des importations de l’Italie en gaz algérien d’environ 12% de sa demande précédente.
En visite au Japon, le chancelier allemand Olaf Scholz a ainsi estimé que « spéculer » sur les éventuelles prochaines cibles de représailles énergétiques du Kremlin faisait « peu de sens » l’Allemand car le pays doit d’abord construire des terminaux méthaniers pour accueillir et transformer du gaz naturel liquéfié (GNL) livré par bateaux.
Cela signifie-t-il que l’Allemagne ne votera pas en faveur d’un embargo énergétique total sur le gaz russe, réclamé par l’administration de Joe Biden.
Par ailleurs, les ministres de l’Énergie de l’Union européenne se sont réunis lundi pour discuter de la menace russe de couper le robinet du gaz pour les pays qui ne payent pas leurs approvisionnements en roubles. Cette menace est intervenue au lendemain de la rupture des approvisionnement de gaz pour Pologne et de la Bulgarie décidée la compagnie russe Gazprom .
Refusant de payer en rouble, la Pologne et la Bulgarie, dépendantes respectivement à 45 % et à 77 % du gaz russe, la sanction a été immédiate, robinet coupé. Ce qui va paralyser les économies de ces deux pays et conduira à des pénuries et des hausses des produits énergétiques. Un scenario qui pris de panique les bourses européennes en chute ces derniers jours à l’image de l’Euro qui a perdu de sa valeur deux semaines de suite face au Dollar américain.
Par S. Ould Brahim
Le Jeune Indépendant, 03/05/2022
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