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Le secrétaire général des Nations unies pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, considère qu’il est “extrêmement important” d’obtenir des “progrès” dans le “processus de paix” au Sahara occidental, où une guerre de basse intensité s’est intensifiée ces derniers mois. Dans une interview accordée à Efe lors de sa visite à Madrid, où il a rencontré des représentants du gouvernement espagnol pour analyser la participation de Madrid aux missions de maintien de la paix de l’ONU, le diplomate français a évoqué la situation actuelle dans cette ancienne province espagnole du nord de l’Afrique occupée par le Maroc depuis 1975. “Depuis un an et demi, nous avons constaté une plus grande tension sur le territoire, en partie à cause de cette impression qu’il n’y a pas eu de progrès et d’effort”, reconnaît le fonctionnaire de l’ONU, réticent à entrer dans de nombreux détails de la mission. Selon lui, la nomination de Staffan de Mistura au poste de Représentant du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental a permis de “diminuer cette tension sur le territoire”, même s’il rappelle que la situation “reste fragile et a un impact sur la mission”.
Restrictions de mobilité pour la MINURSO
Jean-Pierre Lacroix regrette que la MINURSO rencontre des “limitations” à sa liberté de mouvement sur le territoire, mais assure qu’ils “font tout leur possible pour réduire l’impact sur la mission”. Malgré cela, ils continuent “à avoir de bonnes relations avec les parties (Maroc et POLISARIO), des interactions régulières”. Cependant, il indique que “la situation de la MINURSO reflète une situation plus générale dans presque toutes les missions de maintien de la paix, où ils ont un environnement politique et sécuritaire qui s’est détérioré au cours des deux dernières années.” Quelque chose qui rend ces missions “plus importantes que jamais car les situations sont plus fragiles et plus tendues.”
Lacroix évite de commenter le récent changement de position de l’Espagne avec lequel il est allé soutenir le Maroc dans son projet de transformer le territoire en une province autonome au sein du pays et de ne pas poursuivre sur la voie de l’organisation d’un référendum d’indépendance. “Hier, j’ai parlé avec le FM José Manuel Albares et il a confirmé que l’Espagne continue de soutenir les efforts de paix menés par l’ONU et le PESG, il est extrêmement important de poursuivre dans cette voie”, dit-il. Ainsi, il fait allusion au fait que les résolutions approuvées par l’organisation internationale “sont très claires” : “nous avons une opération pour surveiller la situation sécuritaire au Sahara Occidental et nous allons mettre en œuvre le mandat”. “Il est extrêmement important d’avoir un mandat de paix qui avance, car lorsqu’il n’y a pas de progrès et que les efforts de paix s’arrêtent ou qu’il y a cette perception que ces efforts ne bougent pas, cela a un impact sur la situation sécuritaire du territoire, nous l’avons vu l’année dernière”, a-t-il déclaré.
Situation “fragile” au Liban et au Mali
L’USG analyse la situation “fragile” actuelle au Liban et au Mali, où travaillent respectivement la FINUL et la MINUSMA, et assure qu'”aujourd’hui plus que jamais, elles sont nécessaires” dans les deux territoires. Lacroix apprécie la “contribution et le soutien” de l’Espagne, notamment dans son travail au commandement de la mission libanaise “en temps de guerre en Europe” avec le conflit en Ukraine et apprécie que ces professionnels “maintiennent le lien avec des parties qui ne se parlent pas directement”, le Liban et Israël. “Il est très important d’éviter toute escalade des incidents qui se produisent souvent, chaque jour ou chaque semaine, et qui peuvent dégénérer très rapidement s’il n’y a pas de capacité de réaction de la FINUL”, affirme-t-il.
Conscient de la réalité au Mali, le fonctionnaire regrette son récent départ du G5-Sahel, une organisation intergouvernementale dans laquelle le pays était avec le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger pour générer des politiques de développement et de sécurité. “Nous pensons que le G5-Sahel a été une initiative très positive dans le sens où les pays les plus touchés par la sécurité ont décidé de prendre en main leur réponse avec le soutien international et avec la certitude qu’il s’agit de problèmes régionaux”, explique-t-il. Pour cette raison, il espère que l’organisation “peut se réinventer et qu’elle a un avenir” : “Nous continuerons à soutenir tous les efforts des pays de la région pour répondre non seulement avec des moyens militaires mais aussi pour résoudre les causes et les racines de la situation, qui Elle a à voir avec le développement et l’impact du changement climatique ou du terrorisme mondial”, souligne-t-il.
“Très prématuré” de savoir s’il y aura une mission de maintien de la paix en Ukraine
L’ONU compte actuellement quatorze missions de maintien de la paix déployées dans le monde, dont deux seulement sont encore actives en Europe, au Kosovo et à Chypre. Face à l’éventuelle nécessité d’en générer une nouvelle pour l’Ukraine, le fonctionnaire appelle à la prudence, compte tenu de la situation actuelle du conflit et estime qu’il serait encore “très prématuré de spéculer sur une opération quelconque” dans le pays. “Dans le cas d’une opération de maintien de la paix ou de cessez-le-feu, il doit y avoir un accord de paix à respecter, malheureusement ce n’est pas ce que nous voyons”, ajoute-t-il.
La Voz de Galicia, 01 juin 2022
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