Grève générale en Tunisie, Kais Saeid sous pression

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Annoncée il y a deux semaines par le syndicat UGTT, la grève générale des employés de la fonction publique, déclenchée ce jeudi 16 juin, a paralysé les activités névralgiques en Tunisie notamment de la capitale.

Routes et grandes artères vides pendant l’heure de pointe du matin, absence de transport publique, bureaux de poste fermés, aéroport fermé avec son lot d’annulations de vols, ont donné l’image d’une capitale déserte, donnant à penser que le taux de suivi du débrayage ordonné par la centrale syndicale est très élevé, accentuant, au demeurant, la pression sur le président Kais Saied déjà confronté à de graves crises politique et financière.


Télécoms, services postaux, régies publiques de gaz, d’électricité et d’eau : la grève concerne de vastes pans des services et entraîne aussi l’immobilisation des transports en commun (trains, tramways et bus).

La centrale syndicale avait annoncé dans un communiqué d’urgence publié le mardi 31 mai, une grève générale touchant 159 institutions et établissements publics pour 16 juin.

L’UGTT qui ne renonce pas à jouer le rôle de première force politique de la société civile se présente comme “rempart face aux dérives”, de la présidence tunisienne.

Depuis le 25 juillet 2021, Kais Saied, assurant agir dans l’intérêt de la Tunisie face aux blocages politico-économiques, concentre tous les pouvoirs et dirige le pays par décret-loi, faisant craindre une dérive autocratique dans le berceau du Printemps arabe de 2011.

L’union avait qualifié cette situation de « violation délibérée par le gouvernement tunisien du principe de négociation, de sa répudiation de la mise en œuvre de l’accord conclu accords, sa réticence à réformer les institutions publiques, et face à la hausse continue et insensée des prix de tous les matériaux. »

De son côté, la Fédération nationale des transports avait annoncé mercredi la fermeture de l’espace aérien tunisien pour toute la journée du 16 juin. Les syndicalistes des transports étaient présents à minuit dans les gares de trains et de métro pour s’assurer de la réussite de leur débrayage. Tunisair, elle aussi publique, a annoncé l’annulation de tous ses vols.

Parmi les exigences de l’UGTT figurent le retrait de la circulaire N°20 du 9 décembre 2021 relative aux négociations avec les syndicats, l’entrée en vigueur de l’ensemble des accords signés avec le gouvernement, l’ouverture de négociations menant à l’augmentation du pouvoir d’achat, le lancement d’un projet de réformes économiques et l’annulation du prélèvement obligatoire de solidarité de 1% sur les salaires.

La centrale syndicale a publié sur sa page officielle sur Facebook de nombreux messages de soutiens d’organisations internationales et locales, dont le SNJT, les Femmes démocrates et des syndicats suisses, américains et belges.

Par ailleurs, un rassemblement a été organisé pour marquer l’évènement au siège de l’UGTT réunissant plusieurs centaines de militants syndicalistes.

“Votre grève est suivie à 96,22 %”, s’est félicité le chef de l’UGTT, Noureddine Taboubi, lors d’un discours enflammé devant des centaines de militants rassemblés devant son siège à Tunis.

La grève de 24 heures touche théoriquement quelque 3 millions de salariés et devrait paralyser 159 entreprises étatiques.

Le Jeune Indépendant, 16 juin 2022



Par De Tunis, Akram Kharief

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