Maroc, Omar Radi, presse, journalisme,
Omar Radi a été au carrefour de plusieurs de mes rencontres militantes, professionnelles et personnelles. Quand je jette un coup d’œil sur le rétroviseur de ces 16 dernières années, je me rends compte qu’Omar a toujours été là pour aider, guider ou proposer. En fait, Omar est un tisseur de liens.
Dans un monde militant inhumain ou dans un milieu journalistique égoïste et égocentriste, Omar était une exception.
Il sortait du carcan militant et « journaleux ». Il pensait et agissait hors des sentiers battus. Il est un électron libre. Il est un danger pour tous ces milieux. Il était surtout un danger pour le système.
Le danger d’Omar était son éternel sourire, sa générosité et sa capacité à rassembler là où le système fait tout pour diviser. Omar était un humain librement dangereux.
L’adhésion à Attac: ce « rasta » qui tisse des liens.
J’ai rencontré Omar pour la 1ère fois en mars 2006. J’avais trouvé son numéro sur le site d’ATTAC Maroc. Je souhaitais rejoindre cette association. J’y allais avec appréhension car j’avais essayé d’avoir un rendez-vous avec un membre quelques mois auparavant, mais il ne s’est jamais présenté. En revanche, Omar s’est présenté à l’heure ce samedi après-midi.
On avait pris un café au cinéma ABC.On avait discuté une demi-heure. Il a dû partir car il était pressé et il avait un autre rendez-vous. Il m’avait laissé une bonne impression. J’avais une crainte de rejoindre une association “gauchiste” avec leurs vieux réflexes, or je retrouvais dans Omar, un représentant d’une association jeune, ouverte sur le monde internationaliste. Nous étions sur la même longueur d’onde. La question n’était pas idéologique mais dans l’état d’esprit.
Quelques jours après, je parle de cette rencontre à Majdouline, et de ce café avec ce jeune Rasta cultivé. Et le monde est petit. Omar était un gd ami de classe de Majdouline durant toute la période du lycée. Cette connaissance commune a joué certainement dans notre adhésion à ATTAC. Majdouline et moi, qui avions une allergie à adhérer face aux organisations, nous avions trouvé en Omar un gage de confiance et d’ouverture d’esprit. Omar est ce jeune homme qui tisse des liens.
Omar, ce miracle politique :
Omar était ce jeune militant qui ne connaissait pas l’impossible. Parmi les nombreuses actions qu’Omar a mené durant cette période de militantisme à ATTAC, je pourrais citer la constitution du club conscience estudiantine à la faculté d’économie de la Route d’El Jadida.
Moi, qui ne connaissais rien à l’histoire et à la réalité de la scène militante au sein des universités marocaines, je peux dire auj que ce club était un miracle politique. Je pèse mes mots. Seul un militant comme Omar peut rassembler autour de lui, négocier avec finesse dans un environnement extrêmement hostile quadrillé par le makhzen et par les islamistes.
Ce club a été le lieu d’éclosion et d’expression de nombreux militant-e-s. C’était un rêveur qui avait les pieds sur terre.
Omar est aussi un militant et un citoyen qui rassemble des univers différents. Des milieux qui ne pouvaient pas se fréquenter, où que l’Etat ne veut pas qu’ils se rencontrent. C’est grâce à l’ouverture d’esprit et l’aisance d’Omar, qu’ATTAC a pu prendre part au Boulevard. ATTAC y prendra part à deux reprises avec un stand en 2007 et 2008.
C’était encore une fois une prouesse. Qd Omar propose l’idée lors d’une réunion de la section de Casablanca, tenue au siège de l’association Tamaynout, certains ont fait la moue. D’autres, comme moi, ne pensaient pas que ça serait possible. Omar était convaincu de la faisabilité de cette idée.
Et que c’était notre droit d’y être. Omar est parti voir les organisateurs, négocier avec eux, sybir qqs fois leurs commentaires moqueurs du type : ” Des anti- mondialisation participeraient à un .événement financé par des sponsors privés”.
Omar encaissait des coups mais savait aussi en donner. Il était fair-play et jovial. On obtient finalement notre stand, grâce au franc-parler et à la pugnacité d’Omar. C’était une superbe expérience. C’était l’époque du boulevard avec des grandes scènes au COC et au RUC. Un monde fou y assistait. La jeunesse venait découvrir ses musiciens préférés, et jeter un coup d’oeil curieux sur cette bande de militants avec leur brochure anti-privatisation. L’engouement était là, grâce à Omar.
Que ce fait d’armes fait d’Omar un Marocain dangereux pour le ” système”. Depuis notre 1er stand, l’AMDH, des associations féministes et plusieurs ONG ont commencé à pendre part au Boulevard. On ne remerciera jamais assez Omar pour cette action.
(suivra)
Source : Twitter
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