Consulats au Sahara : Le jeu du Maroc est puéril

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Dans un entretien accordé à nos confrères d’Echourouk online, l’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, a qualifié de puéril le jeu du ministre marocain des affaires étrangères qui se félicite régulièrement de l’ouverture de consulats dans les territoires sahraouis occupés.

Il ne manquera pas d’affirmer que les déclarations du diplomate marocain qui croit naïvement que cela ouvrira la voie vers l’exclusion de la RASD de l’Union africaine rentrent dans le cadre d’un racolage indécent qui a choqué certains pays africains. « Nous avions déjà qualifié ces consulats de « consulats fantômes » car financés par les autorités marocaines sur le budget du ministère des affaires étrangères dans le cadre d’un racolage indécent qui a choqué certains pays africains que le ministre en question a poursuivi de ses avances soutenues », a précisé M. Amar Belani.

L’envoyé spécial du président de la République chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, mettra en exergue la supercherie de Bourita et de son gouvernement en soulignant que : « certains des Etats concernés par ces ouvertures de postes consulaires sont incapables de s’acquitter de leurs cotisations obligatoires dans les organisations internationales ou régionales dont ils sont membres.

La farce est trop grosse et c’est dire que la supercherie manigancée par le ministre des AE marocain finira par exploser comme un vulgaire ballon de baudruche ». Il ne manquera pas, par ailleurs par prédire un échec des gesticulations marocaines et le succès de la cause du peuple Sahraoui en affirmant que ; « en fait, ce mur de réjouissances qui arbore plusieurs plaques de consulats sur la façade du même immeuble et dont le ministre est si fier finira par se transformer en mur des lamentations lorsque son chef de l’État s’apercevra que cette politique puérile de l’arithmétique est un non starter en ce qui concerne le statut du territoire non autonome du Sahara occidental dont le vaillant peuple finira par exercer, vaille que vaille, son droit inaliénable et imprescriptible a l’autodétermination, conformément a la légalité internationale ».

Il rappellera dans le même cadre que le Maroc a depuis toujours œuvré pour atteindre l’objectif chimérique de l’exclusion de la RASD de l’Union africaine. « Le Maroc a déjà essayé par le passé et il s’était lamentablement cassé les dents, d’autant que rien dans les textes fondateurs de l’UA ne prévoit le recours a une telle option. À moins de vouloir dynamiter l’organisation continentale et danser sur ses cendres, les hauts responsables du Maroc ne devraient pas laisser les pyromanes irresponsables jouer avec le feu. L’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, n’a pas été en mesure de se rendre a Laayoune et à Dakhla comme prévu initialement. Quelles sont les raisons qui pourraient expliquer cet empêchement de dernière minute, s’est interrogé M. Amara Belani.

« La position marocaine est dogmatique et éminemment obstructionniste »

À propos des motifs qui poussent le Maroc à tenter vaille que vaille de faire obstruction à la légalité internationale, il fera remarquer que : « les raisons sont évidentes et connues. Apres avoir été très réticents à organiser cette visite dans les territoires sahraouis occupés, les autorités marocaines ont voulu imposer a M. De Mistura des interlocuteurs fantoches choisis arbitrairement par la puissance occupante. Il s’agit en fait de colons déguisés en élus ou d’organisations vassales et satellites a l’instar du fameux CNDH dont on a pu mesurer le degré d’indépendance à la lecture de son rapport confondant et consternant sur le meurtre abject et le lynchage sauvage de dizaines de migrants à Nador.

La décision de M. De Mistura d’ajourner ce déplacement, dans de telles conditions inacceptables et offensantes, l’honore à juste titre et elle mettra immanquablement la pression sur le Maroc qui est pris ainsi en flagrant délit de sabotage des efforts de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU », a-t-il souligné. Il faut préciser dans ce cadre que le Maroc a tenté vainement lors des discussions de Manhasset en 2008, de faire admette ce qu’il avait présenté comme un fichier électoral, comportant le corps électoral sahraoui éligible au référendum d’autodétermination, une ruse éventée par les représentants de la RASD qui avaient prouvé que le fichier élaboré par le Maroc est en fait composé de colons et de certaines tribus du sud du royaume.

M. Belani se montrera optimiste quant à la reprise du processus onusien de règlement de la colonisation du Sahara occidental en affirmant que, la pression de la part de certains membres influents du Conseil de sécurité devrait pouvoir s’exercer a un certain moment, notamment de la part de ceux qui ont réussi difficilement a persuader , le Maroc d’accepter finalement, au bout de cinq mois, la désignation de M. De Mistura à ce poste », a-t-il indiqué avant de rappeler que l’entêtement marocain à vouloir considérer son plan de large autonomie comme unique voie de solution n’est pas fait pour permettre à l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu de mener à bien sa mission. Il qualifiera la position marocaine de dogmatique et éminemment obstructionniste qui est pensée et conçue pour faire perdurer le statu quo actuel », a-t-il souligné. Cette position, telle qu’exprimée par le communiqué ayant sanctionné la rencontre entre de Mistura et le ministre marocain des affaires étrangères, est une entrave sérieuse aux efforts de la communauté internationale pour parvenir à une solution juste et équitable au conflit, « car ces fameuses constantes de la position du Makhzen institutionnel sont tout simplement l’expression d’un ultimatum inacceptable qui ne laisse aucun espace a la négociation et que ni le Front Polisario ni la communauté internationale ne cautionneront un jour ».

La responsabilité de l’ONU est pleinement engagée

Il rappellera par ailleurs que toutes les résolutions du Conseil de sécurité appellent les deux parties (le Front Polisario et le Royaume du Maroc) à examiner leurs propositions respectives qui sont sur la table des Nations unies, depuis 2007, et de négocier de bonne foi et sans conditions préalables. « Le fait de postuler l’exclusivité de l’initiative d’autonomie de la part de la puissance occupante qui n’a pas, au regard du droit international, les attributs de souveraineté sur un territoire séparé et distinct pour s’octroyer indûment la prérogative régalienne de proposer l’autonomie, est un non starter qui fera irrémédiablement capoter les efforts du Secrétaire général et de son envoyé personnel. Les conséquences d’une telle impasse devront être assumées par la partie qui fait, délibérément obstruction à la mission de facilitation onusienne et les dernières déclarations de l’ancien envoyé personnel, l’Ambassadeur Christopher Ross sont édifiantes a ce propos ».

M. Belani démontera les velléités marocaines à vouloir présenter ce qui se passe au Sahara occidental comme un conflit régional car, « il ne réussira jamais à donner corps au fantasme du conflit régional tant il est connu et reconnu, que la question du Sahara occidental est une question de décolonisation dont le processus doit être parachevé par l’exercice du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance conformément au droit international. La responsabilité des Nations unies, a cet égard, est pleinement et durablement engagée. La procédure judiciaire engagée auprès de la Cour de justice de l’Union européenne, en vue de l’annulation définitive des accords scélérats en matière de pêche et de tarifs préférentiels pour les produits agricoles, ruinera définitivement, en mai ou juin de l’année prochaine, les faux calculs et les visées expansionnistes de la puissance occupante marocaine.il en sera de même en ce qui concerne la délimitation de l’espace maritime entre le Maroc et l’Espagne parce que le Maroc n’est pas l’État côtier du Sahara occidental et qu’il ne peut donc, en aucune circonstance, avoir la qualité juridique pour délimiter les frontières de l’espace maritime sahraoui », a indiqué M. Belani.

Slimane B.

Le Courrier d’Algérie, 25/07/2022

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