Près d’une année après la décision du gouvernement français d’envoyer 600 hommes supplémentaires, principalement vers le Mali, pour étayer la force « Barkhane » présente au Sahel, « le constat est sans appel : la situation s’enlise et devient de plus en plus instable », constate le réseau international des journaux de gauche dans une analyse intitulée « Huit ans après, la France toujours en guerre au Mali : troupes françaises hors d’Afrique ! »
« Au Mali comme dans toute l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, la présence impérialiste française, sous couvert de lutte contre le terrorisme, est responsable et aggrave les souffrances endurées par les populations », juge-t-il.
Et, le principal enjeu, pour la France « impérialiste », est « de sécuriser sur le long terme son accès aux multiples ressources naturelles que détient la région du Sahel ».
Le Nord-Mali, principal théâtre de l’opération Barkhane, constitue en effet, selon l’analyse, une zone stratégique entre la région du Taoudeni, à cheval entre le nord-ouest du Mali et la Mauritanie, où un groupe français est présent pour le pétrole, et l’ouest du Niger où une autre multinationale française extrait de l’uranium.
C’est pourquoi, explique-t-on, « après huit ans de guerre et l’approfondissement des tendances à l’instabilité, la France tente, de réduire l’envergure de son engagement au Sahel et notamment au Mali, afin d’optimiser ses opérations de contrôle ».
Source d’instabilité
Au moment où les Etats occidentaux pointent régulièrement le terrorisme comme principale source des troubles dans la région du Sahel, certains groupes de réflexion, comme le remarque le journal Foreign Policy pointent quant à eux plutôt » la fragilité des institutions étatiques, l’autoritarisme et le changement climatique comme facteurs d’instabilité ».
Or, d’après « Révolution permanente », « c’est l’accaparement impérialiste des ressources naturelles qui constitue la principale cause de fragilisation des communautés et des populations ».
L’analyse relève également que « l’impérialisme français au Sahel, loin de constituer une solution, est en réalité le principal problème dans la région ». Le pillage des ressources, les destructions causées par la guerre et le vide politique que l’intervention armée produit mécaniquement sont en passe de faire du Mali un bourbier militaire et géostratégique ».
Comme l’affirme encore Foreign Policy, « les conséquences négatives de l’unilatéralisme français sont devenues évidentes ces derniers mois. L’expansion de la violence politique au Sahel, malgré l’augmentation de la résence militaire française en février 2020, souligne l’incapacité de la France à résoudre seule la crise sécuritaire au Sahel et augmente le risque d’une extension excessive de sa force armée », constate le réseau.
Bien que des voix commencent à s’élever contre la présence de la France au Mali notamment, et que la population, comme le révèle un récent sondage, se trouve pour la première fois depuis 2013 majoritairement défavorable à son engagement, le conflit est sans doute très d’être fini, estime-t-il.
En effet, plusieurs mouvements de la société civile et des partis politiques maliens prévoient l’organisation mercredi d’un grand rassemblement à Bamako, pour réclamer le départ définitif des militaires français, accusés d’être à l’origine de la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays sahélien.
Selon le journal, il y a fort à parier que, malgré les contradictions de cette intervention, celle-ci ne prenne pas fin de sitôt. Les responsables militaires français insistent, « sur le fait qu’il n’y aura pas de « désengagement » au Sahel, mais juste une « évolution » de cet engagement ».
La menace qu’a fait peser, sur les intérêts du capitalisme français, l’avancée terroriste en 2013, ont été les raisons avancées par les autorités françaises pour lancer les deux vastes opérations militaires (Serval puis Barkhane) qui durent depuis.
Rabat et les compagnies étrangères continuent de piller les ressources naturelles sahraouies
Le Maroc et les compagnies étrangères continuent de piller les ressources naturelles du Sahara occidental occupé, a alerté vendredi l’Association pour le Contrôle des Richesses naturelles et la protection de l’Environnement de ce territoire non autonome.
« Dans le cadre des opérations de contrôle menées par notre association, le navire « Ivs Okudogo » (OMI: 9870874) battant pavillon singapourien, a été aperçu avec un chargement de 61.000 tonnes de phosphates », précisait récemment l’Aren dans un communiqué publiée sur sa page Facebook officielle.
« Dans le cadre des pillages répétés effectués par l’occupation marocaine, le navire a quitté la ville occupée de Laâyoune au Sahara occidental occupé, le 30 juillet 2021, en direction du port de Tauranga en Nouvelle-Zélande où il devra arriver le 11 septembre prochain », ajoute la même source.
L’association dont la mission est de contrôler les ressources naturelles sahraouies, rappelle en outre, le statut juridique du Sahara Occidental comme étant un dossier sur la liste de l’ONU des territoires non autonomes depuis 1963 en attendant la décolonisation.
A cet égard, l’Aren a attiré l’attention des entreprises internationales impliquées dans le pillage des ressources naturelles sahraouies sans le consentement du peuple sahraoui et sans aucune négociation directe avec son seul représentant le Front Polisario et la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) qui est membre fondateur de l’Union Africaine (UA).
« Ces actions illégales peuvent exposer ces entreprises à des poursuites judiciaires dont elles seront les grandes perdantes », prévenait l’association dans son communiqué.
Le pillage des ressources sahraouies dénoncé depuis Wellington
La situation des droits de l’Homme au Sahara occidental occupé et le pillage systématique par le régime d’occupation marocain des ressources naturelles sahraouies ont été à l’ordre du jour d’une série de conférences et de débats organisés par l’Association néo-zélandaise pour l’amitié avec le peuple sahraoui, en collaboration avec le groupe pour la paix de Wellington.
Lors de ces journées de sensibilisations, qui vont se poursuivent cette semaine, le représentant du Front Polisario en Australie et en Nouvelle-Zélande, Kamal Fadel, et la militante sahraouie Tekbir al-Qaid Saleh, ont abordé les différents aspects du conflit au Sahara occidental.
Dans son exposé, Mme Tekbir a abordé la situation des réfugiés sahraouis et les souffrances qu’ils endurent, à la suite de décennies d’asile et de personnes déplacées après l’invasion et l’agression marocaines, regrettant profondément que lors de chaque réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, la
France ait toujours soutenu la position marocaine consistant à refuser d’étendre le mandat de la Mission des Nations Unies (MINURSO) à la surveillance des violations des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental.
Comment l’Elysée à fait bain basse sur les richesses continentales durant de très longues années
Dès son retour au pouvoir en 1958, De Gaulle comprend qu’il est acculé à accorder les indépendances africaines. Les discours décolonisateurs américain et soviétique renforcent en effet le mouvement des peuples. Il accorde donc ces indépendances : c’est la face émergée de l’iceberg, toute blanche, « la France amie de l’Afrique », etc. En même temps, De Gaulle demande à son bras droit Jacques Foccart de mettre en place un système de dépendance intégrale : il s’agit de conserver un cortège d’États clients, l’accès à des matières premières stratégiques, et la dîme pour son parti politique. Sous la légalité proclamée s’installe donc une illégalité de fait. Organiser cette illégalité sur quarante années n’a pu se faire que par des moyens illégaux, inavoués.
Foccart commence par sélectionner des chefs d’État « amis de la France » – par la propagande, des fraudes électorales massives, et deux punitions exemplaires : l’épouvantable répression des indépendantistes camerounais, l’élimination du président togolais élu malgré la fraude, Sylvanus Olympio. Le seul rescapé de ses complots, Sékou Touré, en deviendra paranoïaque. Foccart tient son « pré-carré » par un contrôle économique, monétaire, militaire et « barbouzard ». La convertibilité du franc CFA permet tous les circuits parallèles d’évasion de capitaux, de la rente des matières premières et de l’aide publique au développement. Paris impose une série d’accords militaires léonins, largement secrets. Chaque chef d’État est chaperonné par un officier de la DGSE, qui en principe le protège, mais peut aussi favoriser son élimination, comme dans le cas d’Olympio. Les Services français recourent au besoin à des groupes de mercenaires ou des officines de vente d’armes. Ils disposent de ressources supplémentaires et de faux nez commodes grâce à une série d’entreprises, grandes ou petites. Loïk Le Floch-Prigent l’avoue carrément dans sa confession : Elf a été constituée, entre autres, à cet effet. De même, quantité de PME de fournitures ou de « sécurité » ont permis, par leurs surfacturations, de financer les aventures tricolores des Denard et compagnie, au Congo-Kinshasa, au Nigeria, aux Comores, etc. – jusqu’à l’envoi de mercenaires serbes au Zaïre. Cette constellation de moyens de dépendance illégale est tout à fait attestée. Ceux qui ont vécu durant ces quarante dernières années dans les pays francophones au sud du Sahara ne discutent pas cette influence prépondérante de la France – qui est, j’insiste, une illégalité, puisque la légalité, c’est l’indépendance. Prenez le cas du Gabon et de sa rente pétrolière – la différence entre le coût d’extraction et le prix du marché. Cet argent, plus d’une centaine de milliards de francs depuis 1960, s’est comme évaporé. Il n’y a pas grand-chose de légal dans cette affaire. Pendant ce temps, les Gabonais sont parmi les peuples de la terre les plus mal soignés. Autrement dit, ils n’ont guère vu la couleur de leur or noir, ils en ont été spoliés.
Depuis l’Élysée, donc, Foccart tenait les fils militaires et civils de son réseau occulte, très arrosé. Lorsque Giscard l’a limogé, la tête de ce réseau pyramidal a sauté, d’autres réseaux et lobbies ont conquis leur autonomie. En caricaturant, on est passé du réseau Foccart, avec une stratégie de raison d’État contrôlée depuis la présidence de la République, aux frères et neveux de Giscard, aux fils de Mitterrand et Pasqua… À la tête d’Elf, on est passé de Guillaumat, ancien ministre des Armées, aux frasques mégalomanes du couple Le Floch, manipulé par l’inquiétant Sirven. Une douzaine de réseaux ou lobbies se juxtaposent, plus ou moins autonomes, avec chacun leur micro-stratégie – un peu comme un manège d’autos tamponneuses. C’est devenu cela, la politique africaine de la France. Ce qui complique la question de la responsabilité. Il n’y a plus un décideur, Foccart, rendant compte quotidiennement à De Gaulle. Il y a de multiples (ir)responsables, des chefs de réseaux jusqu’aux échelons subalternes, s’accoutumant à la délinquance, au crime économique et politique.
La « Françafrique », ce qui change et ce qui reste
Cette histoire éprouvante de la Françafrique est retracée et articulée en six périodes, de la Seconde guerre mondiale à aujourd’hui.
► 1940-1957, la genèse d’un système
Les pages consacrées à la conférence de Brazzaville aident à comprendre la genèse du système de domination que la France va adopter pour ses futures anciennes colonies. Un système théorisé dans la foulée de la conférence de Brazzaville par le gaulliste Henri Laurentie pour lequel « un exécutif fort ayant la main sur “un domaine réservé” dont l’Afrique subsaharienne serait un élément clé ».
Dans cette première partie, le lecteur apprendra aussi la véritable origine du néologisme «Françafrique » : son inventeur n’est pas Félix Houphouët-Boigny, mais le journaliste Jean Piot qui l’utilise pour la première fois en 1945. Parmi les autres découvertes, le portrait de François Mitterrand en « précurseur de la Françafrique » et les discours de Michel Poniatowski et Claude Cheysson sur le néocolonialisme français entre 1954 et 1955.
► 1957-1969, le rôle central de Jacques Foccart
Sous la période gaullienne, le livre revisite le rôle central de Jacques Foccart. Mais aussi les manipulations pour défendre, punir, installer les chefs d’État dans le pré carré français : guerre secrète au Cameroun, déstabilisation de la Guinée, assassinat du président togolais Olympio, guerre du Biafra, amitiés assumées avec les pires dictateurs des anciennes colonies…
-L’Algérie : pourvu que le pétrole reste français
Le point de fixation de De Gaule sur l’Algérie était le pétrole. A la fin de la Révolution (1954-1962), alors que l’indépendance s’imposait comme une issue inéluctable à la guerre, De Gaule cherchait à peaufiner un plan en vertu duquel le pétrole du Sahara restait français, sous une forme ou une autre.
En envoyant ses experts, ingénieurs et techniciens en surnombre, La France escomptait gardait le pétrole algérien entre ses mains. Malheureusement pour elle, elle n’avait pas prévu la nationalisation de Boumédiène, ainsi que le travail de sous-sol du renseignement qui a précédé l’annonce de Boumédiène. A partit de 1971, le pétrole algérien lui échappait totalement…
► 1969-1995, l’enjeu énergétique
Après le retrait du général de Gaulle, la Françafrique prend de nouveaux contours. Sous Pompidou, mais surtout sous Giscard d’Estaing, c’est le développement spectaculaire de la question des ressources énergétiques, pétrole, nucléaire… Dans cette « folie des grandeurs » qui gagne l’Élysée, l’armée, les mercenaires, les coopérants sont en première ligne.
Rwanda : « Études » ausculte le rapport des historiens sur le rôle de la France
À l’arrivée de la gauche au pouvoir, les choses ne changent pas. Elles ont même empiré sous François Mitterrand jusqu’au génocide au Rwanda. Dans cette partie du livre, une attention particulière est accordée à la franc-maçonnerie, un aspect assez peu médiatisé de la Françafrique. Sont passées en revues les affaires de corruption, en particulier le Carrefour du développement et l’affaire Elf. L’occasion aussi, de jeter une lumière crue sur les réseaux parallèles de Charles Pasqua, la « Corsafrique ».
► 1995-2010, le tournant libéral
La période suivante, de Jacques Chirac aux trois premières années du quinquennat de Nicolas Sarkozy, marque le tournant libéral de la Françafrique. Non seulement les grands groupes français installés en Afrique prospèrent en multipliant les acquisitions, mais des empires s’élèvent et de nouveaux marchés sont conquis. La réalité décrite dans c es pages est très loin du discours sur le désengagement économique de la France en Afrique à cette période.
En réalité, « la Françafrique s’est fondue dans la mondialisation sans se dissoudre », exposent les auteurs. Et elle s’est forgé des outils pour rester en position dominante : monétaire, avec la réforme de la zone franc en Afrique, mais aussi juridique avec la constitution de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) : « Contrôler la norme, c’est aujourd’hui bien souvent gagner le marché », explique le Conseil d’État français en 2001.
Amitiés continues avec les autocrates, interventions militaires pour protéger ses « protégés » comme au Tchad et en Côte d’Ivoire, rien ne change vraiment, dans ces années-là. Sauf la justice qui s’intéresse à quelques affaires et quelques scandales mis à jour dans les années 2000.
2010-2020, l’intervention au Sahel
La dernière décennie est marquée par l’intervention militaire de la France au Sahel, la « grande affaire » qui attire l’attention de tous. Or, cette période est celle où la puissance de Vincent Bolloré en Afrique est éclatante, celle aussi des révélations des relations entre Nicolas Sarkozy et le colonel Khadafi.
Le quinquennat d’Emmanuel Macron est tout autant marqué par les interventions militaires pour sauver les intérêts français au sahel, par le poids du milieu des affaires et par le jeu des intermédiaires informels dans une Afrique en pleine transformation. Hélas, il était dit que le Sahel devait revenir aux Sahéliens. Barkhane a été un échec lamentable. La France ne veut toujours pas assumer cet échec.
https://www.lexpressquotidien.dz/2021/11/23/pillage-ressources-maroc-la-france-occident-neocolonialiste-epingles/
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