Espionnage : Le Maroc dans le collimateur de l’Europe

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Espionnage des chefs d’Etat européens : Le Makhzen accablé par les preuves

Par Mohamed Kouini

Les services secrets marocains ont été formellement accusés d’espionnage sur des dizaines de personnalités occidentales par le Parlement européen. Ces accusations sont le fruit d’une longue enquête menée par une commission parlementaire, dirigée par une députée libérale néerlandaise, Sophie In’t Veld.

Selon un rapport préliminaire, qui sera examiné et adopté prochainement, le Makhzen est directement désigné comme principal acteur de l’utilisation à grande échelle des logiciels espions, destinés à attaquer les smartphones sous IOS et Android. Le logiciel israélien Pegasus a été le principal moyen que les services de Mohamed VI avaient usé et abusé, d’une manière scandaleuse, dans leurs campagnes d’espionnage, lesquelles n’ont épargné aucun dirigeant politique européen ni même les intellectuels, les journalistes, les acteurs de la société civile ou les militants associatifs.

Ce logiciel Pegasus a été conçu et commercialisé depuis 2013 par la société israélienne NSO. Les services du Makhzen ont été les premiers clients de cette société, en exécutant une stratégie d’écoutes et d’espionnage à des fins répressives contre des entités privées, se permettant non seulement d’espionner les opposants politiques marocains mais également des activistes et autres militants des droits de l’homme qui vivent à l’étranger.

Selon les premières ébauches de ce rapport, le Maroc a utilisé ces logiciels d’espionnage en Espagne, en Italie et en France. Ainsi, le rapporteur du compte rendu, la libérale néerlandaise Sophie In’t Veld, pointe le Makhzen comme le principal utilisateur de Pegasus mais aussi de « spywares » dans différents pays européens.

« Les révélations de juillet 2021 sur le projet Pegasus ont montré un grand nombre de cibles en Espagne. Cependant, ils semblent avoir été ciblés par différents acteurs et pour différentes raisons. Ce que l’on sait jusqu’à présent, c’est que les autorités marocaines ont attaqué le Premier ministre Pedro Sánchez, la ministre de la Défense Margarita Robles et le ministre de l’Intérieur Fernando Grande Marlaska », indique le texte du rapporteur.

Dans ce rapport, il est mentionné de nombreuses preuves de cette opération de grande envergure. Ce document, qui fera encore l’objet de nombreuses modifications avant d’être voté en plénière dans les prochains jours, a également levé le voile sur d’autres actions d’espionnage ayant ciblé, cette fois-ci, de hauts responsables politiques en France.

Le texte de la commission d’enquête révèle que le président français lui-même, Emmanuel Macron, et plusieurs de ses ministres de son cabinet ont été victimes d’espionnage par le Maroc.

Même l’Italie n’a pas échappé à cette opération marocaine. Selon le même texte, les conclusions relevées par la commission d’enquête font état d’actions d’espionnage dont a été victime l’ancien Premier ministre et ancien membre de la Commission européenne, Romano Prodi qui, selon le rapport, « a été espionné avec Pegasus par les services secrets marocains ».

Selon In’t Veld Prodi, il a été « une cible intéressante » pour le Maroc en raison de son rôle d’ancien envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel et en raison de ses « éventuels contacts avec des personnalités de haut niveau au Sahara occidental et en Algérie ».

Il va sans dire que cette vaste opération d’espionnage menée par le Makhzen n’a pas épargné d’autres personnalités politiques de haut rang dans d’autres pays européens. Des soupçons pèsent lourdement sur des actions des services marocains en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves.

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