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En marge du sommet sur la francophonie, accueilli cette année par la Tunisie, le président français a soutenu que la « politique de fermeté » en matière d’octroi des visas durera tant que les pays concernés par la mesure n’auront pas autorisé le retour sur leur territoire de leurs ressortissants expulsés de France.
Malgré le réchauffement des relations algéro-françaises, Paris compte maintenir sa politique de fermeté en matière d’octroi de visas pour les Algériens. La dimension humaine entre les deux pays, liés entre autres par une très forte communauté algérienne établie en France, est pourtant l’un des six « piliers » de la Déclaration d’Alger, signée lors de la dernière visite de M. Macron. « L’Algérie et la France conviennent de favoriser le plus largement possible la mobilité entre les deux pays », y est-il écrit.
Dans une déclaration faite samedi soir en marge du sommet sur la francophonie, accueilli cette année par la Tunisie, le président français a ainsi soutenu que cette politique de fermeté durera tant que les pays concernés par la mesure n’auront pas autorisé le retour sur leur territoire de leurs ressortissants expulsés de France. « Le refus de reprendre des ressortissants expulsés n’est pas acceptable. La susceptibilité est des deux côtés. La France a le droit d’être susceptible aussi», a-t-il insisté.
Le président français s’est redit en revanche favorable «à la mobilité des étudiantes et étudiants, à la mobilité économique, académique, politique».
A l’automne 2021, la France avait décidé de restreindre la délivrance de visas en Algérie, Maroc et Tunisie. Il s’agissait de les inciter à améliorer l’accueil de leurs ressortissants sous le coup d’une expulsion de France. Le taux de refus avait atteint 30 % en Tunisie et 50 % pour le Maroc et l’Algérie. Ce durcissement a déclenché des vagues d’indignation au Maghreb. Il avait été qualifié de « punition collective » injuste.
Malgré cela, le chef de l’Etat français a défendu sa décision. Pour lui, cette politique de fermeté a même porté ses fruits puisque certains pays maghrébins ont commencé à faciliter les retours. «On voit que les retours (des migrants expulsés) sont facilités. Je pense qu’au moins on a eu un débat en vérité ces derniers mois sur le sujet des visas», expliquant que les personnes en situation irrégulière étaient le fruit de «trafics organisés».
Emmanuel Macron parlait évidemment de la Tunisie qui a décidé d’assouplir les conditions de retour de ses ressortissants. Les ministres de l’intérieur français et tunisien ont d’ailleurs annoncé le 31 août dernier, dans un communiqué commun, la normalisation par la France de la délivrance de visas en Tunisie. Il était prévu que le dispositif de réduction du nombre de visas délivrés par la France aux ressortissants de ces pays pouvait être revu en fonction des « efforts » accomplis.
Alger favorable à la relance du dialogue avec Paris
Dans le cas de l’Algérie, il à prévoir aussi que la situation s’améliore durant les prochains mois. Lors de la tenue, le 9 octobre dernier, de la 5ème session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) algéro-français, le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane s’était dit, devant son homologue française Elisabeth Borne, ouvert à la discussion sur ce dossier. « Le partenariat d’exception auquel nous aspirons ne doit pas buter sur des difficultés faciles à dépasser, comme la question de la délivrance des visas et celle de la carte sécuritaire établie par les autorités françaises et qui ne reflète pas la réalité de l’Algérie d’aujourd’hui », a déclaré le Premier ministre algérien, indiquant qu’il faut «relancer le dialogue» sur les questions des visas, de l’émigration et des reconduites aux frontières.
Le Premier ministre a clairement insisté sur l’extension à d’autres franges des facilités accordées à certaines catégories, afin « de faciliter le contact entre les familles » établies de part et d’autre de la Méditerranée. « Malgré la crise sanitaire, l’Algérie n’a pas cessé de montrer sa réelle volonté de combattre le phénomène de la migration clandestine », a soutenu par ailleurs M. Benabderrahmane.
Depuis, certaines sources affirment que les ministères algérien et français de l’Intérieur ont entrepris des contacts dans l’optique de commencer à travailler sur le dossier sensible. Il faut savoir que la France n’est pas la seule à poser des conditions. L’Algérie en a aussi un certain nombre. Pour Alger, il n’est par exemple pas question d’accueillir des binationaux (ou des Français d’origine algérienne), des Français déchus de leur nationalité pour cause de terrorisme ou encore des Algériens n’ayant pas rallié la France à partir d’Alger. Les autorités algériennes ne comprennent pas également pourquoi la France ne joue pas le jeu lorsqu’il s’agit d’extrader des citoyens algériens demandés par la justice algérienne. Pour nos sources, ce n’est qu’une fois que toutes ces problématiques auront trouvé des réponses satisfaisantes que la situation se normalisera.
Khider Larbi
La Sentinelle, 20/11/2022
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