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Francophonie : Les crises politiques africaines en débat

Topics : Francophonie, France, Emmanuel Macron, Djerba, Tunisie, Afrique,

L’OIF, fondée en 1970, compte 88 pays membres, associés ou observateurs et a trois missions principales : promouvoir le français, notamment par des programmes éducatifs, développer la coopération économique dans un espace francophone de 321 millions de locuteurs appelés à plus que doubler d’ici à 2050.

Le sommet de la Francophonie en Tunisie s’est tenu à Djerba, en Tunisie, avec, au menu, une réunion consacrée à l’instabilité politique en Afrique francophone qui alimente une défiance citoyenne croissante. Après une journée dédiée au numérique comme outil de développement et à l’ambition des 88 membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) de renforcer son rôle international, les dirigeants se sont retrouvés hier pour de nouvelles réunions, dont une à huis clos axée sur la «défiance citoyenne». Avant le sommet, la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, avait dit vouloir provoquer une «réflexion» pour une prise de conscience chez les dirigeants du continent. Pour elle, «la révolte qu’on voit dans la jeunesse francophone en Afrique vient d’un désenchantement politique», des «frustrations du quotidien» et vis-à-vis «de la classe dirigeante». «Ce n’est pas du tout un rejet de la langue française», a estimé l’ancienne cheffe de la diplomatie rwandaise, en concédant que cela rejaillissait parfois sur la France, ancienne puissance colonisatrice dans la région.

Pour se distinguer des sommets ponctués par une litanie de discours, la rencontre de Djerba a adopté un nouveau format de tables rondes entre hauts dirigeants, avec un rapporteur chargé de restituer au grand public l’essentiel des discussions.

L’OIF, fondée en 1970, compte 88 pays membres, associés ou observateurs et a trois missions principales: promouvoir le français, notamment par des programmes éducatifs, développer la coopération économique dans un espace francophone de 321 millions de locuteurs appelés à plus que doubler d’ici à 2050, et participer à la médiation des conflits internationaux. Au premier jour du sommet, Mme Mushikiwabo a insisté sur l’ambition du bloc d’affirmer son «influence dans un monde fracturé» et d’avoir une «Francophonie plus soudée dans l’élaboration de positions communes» à proposer aux autres organisations multilatérales. Des tensions entre pays francophones ont toutefois éclaboussé l’ouverture du sommet quand le Premier ministre de République démocratique du Congo, Jean-Michel Sama Lukonde a refusé de poser sur la photo de famille, à côté de Paul Kagame, président du Rwanda que Kinshasa accuse de soutenir les rebelles du M23 dans l’est de la RDC.

Autre dossier international brûlant: l’Ukraine, pays observateur de l’OIF, qui compte d’autres non francophones parmi ses membres, associés ou observateurs, comme les Emirats arabes unis et la Serbie.

Le président français Emmanuel Macron, présent au sommet samedi, a fait état d’une «déclaration de tous les membres» exprimant «une position très claire sur la guerre lancée par la Russie en Ukraine».Le fossé au sujet de ce conflit s’est pourtant creusé récemment entre les pays africains qui regrettent le peu d’intérêt des Occidentaux pour leurs propres crises, contrastant avec la rapidité de leur intervention sur la guerre en Ukraine. Une Déclaration de Djerba a été adoptée à l’ issue du sommet qui fut aussi l’occasion de réélire Mme Mushikiwabo, seule candidate en lice, pour un nouveau mandat de quatre ans. Avant de repartir pour Paris, Macron a annoncé que la France était candidate pour succéder en 2024 à la Tunisie, à la présidence de la Francophonie.

Pendant le sommet, la France a annoncé un prêt de 200 millions d’euros à la Tunisie, pour soutenir son économie chancelante, très dépendante des importations alimentaires notamment ukrainiennes et russes. Avant des élections législatives prévues mi-décembre en Tunisie pour renouveler un Parlement au rôle sensiblement diminué par une récente réforme constitutionnelle, Macron a rappelé que «les libertés fondamentales étaient intrinsèques» à «l’acquis démocratique en Tunisie».

Le sommet a officiellement mis l’accent sur l’économie, avec comme slogan «le numérique comme vecteur de développement». «Il est de notre ressort de mener la bataille pour l’emploi des jeunes dans notre espace», a dit Mme Mishikiwabo, dont les projets sont aussi axés sur l’entreprenariat féminin.

Le président Kaïs Saïed qui accueille ce sommet a émis le souhait de voir la réunion apporter des «résultats tangibles et effectifs» face «aux bouleversements que connaît le monde». Faisant allusion aux fractures grandissantes entre pays pauvres et Etats développés siégeant au sein de l’OIF, le président Saïed a appelé à «rêver d’un monde meilleur pour l’humanité toute entière, pour un développement universel fondé sur la justice et la liberté». Outre Macron, d’autres dirigeants comme le Canadien Justin Trudeau, le président du Conseil européen Charles Michel ou le Sénégalais Macky Sall étaient présents à Djerba. En revanche, le président de République démocratique du Congo, Felix Tshisekedi, a préféré rester dans son pays en plein conflit dans l’Est avec les rebelles du M23.

L’Expressio, 21/11/2022

#Francophonie #OIC #Sommet_Djerba

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