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L’Afrique a servi successivement de réservoir de main d’œuvre pendant les siècles de l’esclavage et de gisement des ressources naturelles au lendemain d’une indépendance inachevé.
Ainsi la place de l’Afrique dans la division mondiale du travail n’a pas trop évolué puisqu’elle demeure principalement un exportateur de produits primaires non transformés, dont les prix instables avaient plutôt tendance à se déprécier, et un importateur de produits manufacturés et de services, voire de produits alimentaires.
Dans le contexte actuel de mondialisation et d’émergence de nouvelles puissances, on a noté toutefois au tournant du XXI siècle une inversion des termes de l’échange en faveur de la croissance africaine et un appétit grandissant des pays émergents pour les ressources naturelles minières et pétrolières, et même pour les terres arables africaines.
L’Afrique est désormais convoitée par les puissances émergentes mais également par les puissances industrielles pour ses ressources (biodiversité, forêts, hydrocarbures, mines).
Selon une analyse de la Chambre de Commerce de Paris réalisé par l’économiste Philippe Hugon qui s’appuie sur les rapports Mc Kinsey Global Institute (2010), FMI (2011) ou BAD (2012) qui fait le diagnostic de l’économie et du potentiel africains, on arrive aux constats suivants :
L’Afrique a enregistré un taux de croissance de 5,1 % entre 2000-2011 malgré le décrochage de la crise mondiale qui a fait chuter ce taux à 2,5 % en 2009.
La productivité a affiché une croissance de l’ordre de 2,7 % au cours de la décennie 2000. . le pourcentage de consommateurs ayant un revenu de plus de 5 000 dollars est passé de 3,5 % à 4,3 % et celui accédant aux biens de base (2 000 à 5 000 dollars) de 29 à 32 %.
Le pourcentage de la population en deçà du seuil de pauvreté absolue est passé de 66 % à 60 %.
Les taux moyens d’inflation sont tombés de 22 % à 8 % entre les décennies 1990 et 2000, la dette publique de 81,9 % du PIB à 59 % et les déficits publics de 4,6 % du PIB à -1,8 %.
Une diversification des partenaires commerciaux et financiers est observée (Chine, Inde, Brésil, pays pétroliers du monde arabe, Iran, Turquie, etc).
Les 500 premières entreprises du continent africain ont presque triplé leur chiffre d’affaires (environ 700 milliards de dollars en 2010) et leurs bénéfices (60 milliards de dollars) depuis le début de la décennie 2000. L’Afrique du Sud concentre deux tiers de ces entreprises.
En plus du boom pétrolier qui a enregistré en Afrique un taux de croissance annuelle de 7,1 % durant la décennie 2000, d’autres secteurs d’activité sont montés au créneau tels que le tourisme, la construction, les transports, les télécommunications et les services enregistrant une croissance supérieure à 6 %, l’agriculture à 5,5% et les industries manufacturières à 4,6%.
Ainsi les télécommunications et la distribution comptent, d’ailleurs, parmi les secteurs à plus fort taux de croissance et profitabilité.
Et c’est dans ces secteurs porteurs qu’on trouve l’essentiel des investissements marocains en Afrique qui situe le Maroc en deuxième position d’investisseur juste après la Chine.
La crise systémique déclenchée en 2008 aux Etats-Unis et étendue à la zone euro en 2011 a eu un impact négatif limité sur la croissance économique de l’Afrique malgré qu’elle a entrainé une baisse des investissements directs étrangers (IDE) en Afrique et une chute des prix des matières premières et de la demande de produits africains.
En effet, la croissance en Afrique a chuté de deux points entre 2008 et 2009, mais les pays ont mis en place des politiques contra-cycliques et les « relais » que représentent les pays émergents se sont renforcés c’est le constat notamment pour le Maroc qui a réagi au ralentissement du marché européen par une conquête du marché africain.
Ainsi, le couplage Sud/Sud se substitue graduellement à un découplage Nord/Sud provoqué par la crise, d’autant plus qu’en 2012 l’Afrique subsaharienne a enregistré des taux de croissance d’environ 6% en moyenne bien en avant par rapport aux taux européens autour de 1%.
La reprise de la croissance économique depuis le tournant du 21ème siècle, occultée par la focalisation sur les zones de crises, a résulté de la combinaison de plusieurs facteurs (Hugon 2011, Mc Kinsey 2010, Young 2009).
Cette croissance africaine s’explique par la jonction de facteurs endogènes tels que les réformes politiques et les mesures d’assainissement des finances publiques permettant d’avoir des politiques contra-cycliques durant le choc de 2008-2009.
Mais c’est aussi l’émergence d’une classe moyenne (95 millions de personnes représentant 200 milliards d’euros de pouvoir d’achat), l’extension de marchés urbains, un meilleur climat des affaires, la baisse de la conflictualité au-delà de risques de contagion (Arc sahélo- saharien, Corne de l’Afrique, etc.).
Et enfin c’est l’effet de la hausse des investissements et des progrès de productivité dans l’agriculture, l’impact des réformes institutionnelles ou le dividende démographique (hausse relative de la populations active) dans la grande majorité des pays.
D’autres facteurs sont exogènes compte tenu de la hausse des cours des matières premières, la baisse des prix des produits manufacturés et l’inversion des termes de l’échange, l’augmentation significative des flux financiers (les IDE sont notamment passés de 9 milliards de dollars à plus de 50 milliards), la réduction de la dette dans le cadre des PPTE (pays pauvres très endettés) et, surtout, l’impact des relations avec les pays du Sud, notamment d’Asie : le commerce Sud/Sud pèse désormais pour près de 40 % du commerce extérieur africain, contre 27 % en 1990 (FMI 2010).
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