Exclusif : Rapport de la DGED sur l’Espagne

Tags : Maroc, Qatargate, DGED, Yassine Mansouri, Moroccogate, Mohamed Bellahrach, Parlement Européen,

BULLETIN

(Au 3 mai)

Maroc Espagne

PRINCIPEAUX POINTS ANALYSES :

****Google continue à ne pas considérer les iles occupées comme espagnoles en cette année 2012. Probable offensive de la diplomatie espagnole dans ce sens. Des précisions sont à apporter de toute urgence à Google particulièrement en ce qui concerne les invasions répétées des espagnoles en précisant les dates

****Mauvaise réputation de l’Espagne sur le plan international

****ONG pro-Polisario s’efforcent de rester actifs

****L’Espagne n’est plus une puissance moyenne

****L’intérêt du sommet bilatéral pour l’Espagne : être présente au Sahel par l’intermédiaire du Maroc malgré une position commune européenne.

****Le Nord du Maroc aide au développement économique de l’Andalousie

****Les difficultés en Amérique Latine obligent l’Espagne à essayer d’avoir des marchés en Afrique

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1. SEBTA ET MELILLA

Google et l’Espagne :

En juillet 2010, s’était déjà posé le problème de la non appartenance des iles occupées à l’Espagne de la part du site de recherche Google. Malgré les protestations à l’époque du ministre des affaires étrangères Moratinos  et deux ans après, Perejil, Chafarinas, Peñon de Alhucemas et Velez de la Gomera continuent à ne pas être considérées espagnoles ». L’actuel ministre des affaires étrangères annonce qu’il ne va pas laisser passer cette affaire qu’il ignorait. Des pressions seront faites sur Google qui « doit refléter la justice, la neutralité et la précision ».

Google attribue à ces territoires et en 2012 le qualificatif de « territoires en dispute ». Le journal pro-PP de Sebta analyse les explications de Google :

****Taoura (Perijil) : « elle n’appartient à personne »

****Iles Chafarines « elles n’appartiennent à aucun Etat

****Ile Alhucemas « elle n’appartient à aucun Etat »

****Velez de la Gomera : « appartient au Maroc »

Google annonce qu’elle n’apportera aucune modification et que dans le cas de territoire en dispute, « nous devons inclure le nom des deux pays »

(In el pueblo de Ceuta du 29 avril)

Vendre Sebta et Melilla au Maroc:

Sur un ton ironique, le journaliste galicien Horacio Vixande affirme dans galiciaconfidencial du 27 avril Com que « face à la crise actuelle et au lieu de démanteler l’éducation ou la santé, peut être il serait plus astucieux de réfléchir à des formules plus imaginatives : vendre Sebta et Melilla au Maroc. Se serait une très bonne affaire. Les marchés ont opté pour la faillite de l’Espagne avec l’Allemagne comme maitre des cérémonies. L’affaire est très rentable car il s’agit de vendre au client ce qui lui appartient ».

Ce journaliste n’a été contredit que par un seul lecteur, de Melilla.

2. SAHARA MAROCAIN

Dès le 29 avril, les ONG espagnoles pro-Polisario ont entamées une campagne faiblement médiatisée contre « la répression brutale du samedi 29 avril à Laayoun ». La CEAS-Sahara (Coordinadora Estatal de Asociaciones Solidarias con el Sahara en España) , “exige du gouvernement espagnol qu’il dénonce cette escalade de la répression étant donné la responsabilité historique, politique et moral de l’Etat espagnol. Elle demande à l’UE de suspendre immédiatement les accords préférentiels avec le Maroc dans le domaine de la pêche et de l’agriculture  » (Sahara press service du 1 mai).

La 9ème édition de ce qui est appelé « Fisahara », un festival du cinéma militant dans le style de Cuba et de l’Algérie révolutionnaire est organisé par les ONG espagnoles. Le directeur de cet événement est José Taboada , membre des associations d’aide au « peuple sahraoui » en Espagne Cependant cette année, le festival se déroule sans grand monde et avec des règles sécuritaires rigoureuses : trois ceintures de sécurité entoure les camps du Polisario, le premier est situé à 80km, le second à 40km et le troisième est le plus proche des camps. La population semble surprise par ce déploiement de force mais avoue n’avoir jamais pensé à un acte terroriste. Le rapt de deux espagnols et d’une italienne en octobre dernier à Rabuni a abouti à l’interdiction faite aux espagnols de circuler seuls sans être accompagnés par des hommes armés, il est aussi interdit de monter dans des voitures particulières.

L’autoproclamé « gouverneur de Dajla », Salem Lesbir reconnait que « la prise d’otage nous a fait beaucoup de mal et a diminué l’intérêt de venir ici et a limité la libre circulation que nous avions avant ». (In elmundo.es du 3 mai)

3. SITUATION ESPAGNOLE SUR LE PLAN INTERNATIONAL : UNE REPUTATION MALMENEE

Amérique Latine :

Perte de crédibilité :

L’Espagne est dans une situation de pessimisme croissant. La rue est en effervescence, « des questions se posent vis-à-vis de l’autorité européenne et des échos lointains de la Marche Verte sont entendus en Espagne car cette marche a eu lieu à un moment où l’Espagne était en état de faiblesse ». Après la nationalisation de Repsol, c’est au tour de la REE (Red Eléctrica Española) d’être expropriée en Bolivie comme un cadeau aux travailleurs par le président Evo Morales. Ces faits ont lieu à six mois du 21ème Sommet Iberoamericain du 12 octobre à Cadiz. Avec ce sommet Rajoy voulait parier sur l’Amérique Latine. Un conflit de haute intensité avec la Bolivie et l’Argentine pourrait compromettre le Sommet de Cadiz malgré les bonnes relations de l’Espagne avec le Mexique, la Colombie, le Chile et le Pérou. Le puissant Brésil attend… » (In la vanguardia.com du 2 mai)

Cette analyse est reprise par le journal de droite ABC du 30 avril avec l’historique relatant la perte de prestige de l’Espagne :

****Années 1990 : offensive économique et culturelles espagnole en Amérique Latine. Se sont les entreprises Telefonica, Repsol et la banque BBVA qui représentent le fer de lance de cette offensive.

****1992 : célébration du 5ème centenaire de la découverte de l’Amérique et développement politique et économique

****Avril 2012 : nationalisation de Repsol. Sarkozy parle de l’héritage désastreux des socialistes espagnoles. Détérioration de la réputation internationale de l’Espagne

La consommation des ménages est en chute libre, celui des grands travaux est pratiquement paralysé en Espagne. Les catalans qui représentent la région la plus entreprenante essayent de pénétrer les marchés des USA, Brésil, Chine et Australie, « ces pays sont liées à d’autres comme le Maroc, l’Inde et la Malaisie. (expansion.com du 2 mai)

Espagne, « puissance moyenne » :

Avec la création de l’Agence Espagnole de Coopération internationale dans les années 1990 l’Espagne apparait en Amérique Latine comme « un frère modèle ». Mais l’acquisition d’une position dominante dans les secteurs de l’énergie, des communications et des finances et l’arrivée au pouvoir de gouvernements de gauche « a transformé la perception de l’Espagne en Amérique Latine, qui est vue comme un nouveau conquistador »

Le « plan stratégique de politique extérieure » élaboré par Aznar en 2000 cherchait « à placer l’Espagne parmi les grandes puissances grâce à la langue espagnole tout en gardant un œil sur les pays émergents d’Asie Pacifique. L’Espagne est devenue « le maillon faible » de l’Europe et « le gouvernement devra être préoccupé non seulement par l’Amérique Latine mais aussi par le Maroc. Quant aux USA, il ne faut pas compter sur eux car nous sommes leur concurrent en Amérique malgré les efforts du ministre des affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo »  (in ABC du 30 avril)

4. Le Maroc et l’Afrique dans la stratégie espagnole :

Un sommet bilatéral :

Le dernier sommet bilatéral Maroc Espagne a eu lieu en décembre 2008. La réunion du 23 avril entre Garcia Margallo et Amrani au Luxembourg lors du Conseil d’Association UE-Maroc a débouché sur une promesse de réunion bilatérale avant la fin de l’année en cours. (in Fundacion baile de civilizaciones du 24 avril)

Pour l’Espagne, l’essentiel de ce sommet devrait lui permettre par l’intermédiaire du Maroc d’être présente Maghreb et au Sahel. L’Espagne a joué pendant longtemps la carte « Polisario et Tindouf ». La prise d’otage au sein même des camps du Polisario et son impossibilité à négocier avec l’AQMI a mis fin à ses prétentions (EFE et autres du 24 avril)

La coopération en matière de défense :

En vertu d’une convention de coopération signée par l’Espagne et le Maroc le 27 septembre 1989, les représentants des ministères de défense du Maroc et de l’Espagne se sont réunis en principe le 24 et 25 avril. L’objectif étant selon les espagnols de « maintenir de bonnes relations entre les deux pays et renforcer la coopération en matière de défense. Les deux partenaires vont aborder la situation de la sécurité en Afrique et spécialement au Maghreb et augmenter la collaboration en matière d’enseignement militaire » (in Ateneadigital.es du 25 avril)

Mariano Rajoy reçoit le SG de l’OTAN pour préparer le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OTAN à Chicago le 20 et le 21 mai prochain. L’Espagne espère jouer un rôle de coordination entre « le Dialogue Méditerranéen crée sur l’initiative de l’Espagne et l’OTAN : Maroc, Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Mauritanie Tunisie et peut être Libye. L’initiative de coopération d’Istanbul de 2004 intéresse aussi l’Espagne car le Qatar, le Maroc, la Jordanie, et les EAU ont été des pays clefs dans l’intervention en Libye » (In Europapress.es du 26 avril)

Pendant la même semaine, un colloque sur « le Protectorat espagnol au Maroc à l’occasion du centenaire de la signature du traité » a eu lieu à l’Université de Cadiz. Le professeur Rosa Pardo, enseignante de géographie et d’histoire, a déclarée que « les relations entre les deux pays ont souffert des conséquences des stratégies et des intérêts des pouvoirs institués, à savoir le chef de l’Etat –Franco- et le ministère des affaires étrangères favorable à l’indépendance du Maroc ». Elle considère le retour du Sahara au Maroc comme « une décolonisation précipitée ». « La France et les USA ont appuyé le Maroc dans le cadre de la Guerre Froide car « les USA ont besoin d’un Maroc modéré et pro-occidental » (In elfarodigital.es du 26 avril)

Mali, Sahel et l’Espagne :

Le journal algérien « Alayam2 » écrit : « A cause de leurs démarches unilatérales, la France et l’Espagne ont torpillé le Front du Sahel laissant l’Algérie seule face à al Qaida ». L’Espagne n’a aucune politique au Sahel et se contente d’essayer de récupérer ses ressortissants enlevés et de suivre les recommandations de l’UE. Il y a une année les 27 avaient adopté « une stratégie pour le Sahel pour améliorer la sécurité et le développement socio économique de la région dans un contexte d’une activité terroriste croissante d’Al Qaida et de Boko Haram » Dans le cadre de cette stratégie ‘une mission civile est créée avec une composante militaire de 60 personnes dont la Guardia Civil espagnole ; la Gendarmerie française et la garde nationale du Niger, « l’Espagne et la France sont les deux pays les plus intéressés par la mission » (In eleconomista.es du 24 avril 2012)

Le monde des affaires

Le journal économique espagnol « Expansion.com » affirme que « les affaires sur  le Continent africain vont croitre grâce à un développement économique unique sur le plan international. La compagnie de transport aérien Iberia compte déjà 11 destinations dont Rabat grâce à son alliance avec British Airways mais affronte Air France-Klm qui prédomine en Afrique francophone.

Le tourisme, l’agriculture et les ressources naturelles sont « les secteurs dans lesquels les entreprises espagnoles sont présentes, sans oublier l’alimentation, la santé et la vente au détail qui profite de la croissance à la fois de l’économie et de la population. Mais le plus important reste à faire, à savoir « établir des mécanismes avec les entreprises locales ». La France, les USA et la Chine sont déjà présents.

Le principal écueil est représenté par la corruption et le manque de sécurité. Il va falloir compter sur une diplomatie forte qui « défende bien nos intérêts comme le fait la France. L’Angola le Nigeria et l’Ethiopie ont un taux de croissance important et par conséquent se sont des pays attractifs pour l’investissement espagnol. Mais il s’agit de se focaliser sur la Guinée Equatoriale, le Cameroun, le Gabon et Santo Tomé. La Guinée Equatoriale a vu son taux de croissance atteindre 38.4% entre 1995 et 2005 et possède d’immenses réserves de pétrole. Le Cameroun et le Gabon possède des ressources minières et forestières importantes. (In expansion. Com du 1 mai).

En ce qui concerne le Maroc, les entreprises espagnoles en collaboration avec les communautés autonomes organisent un « Forum des investissements et de coopération entre les entreprises espagnoles et marocaines le 19 et 20 juin 2012 à Casablanca (inTecniberia du 23 avril). Le gouvernement PP désire aussi « l’application provisoire de l’accord de pêche avec le Maroc au mois de juin (In La Voz de Galicia.es du 27 avril)

La transformation de la zone autour de Tanger en un lieu de production automobile fait travailler l’industrie andalouse de pièces détachées : « au jour d’aujourd’hui, 4000 boites à vitesse ont été exportées vers Renault Tanger, ce chiffre sera dépassé et nous nous attendons à y envoyer 30.000 unités en 2012 » déclare le directeur d’une entreprise de Seville. (In finanzas.com du 1 mai)

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